Traverser l'arc alpin pour éveiller les consciences

Depuis le 1er mars 2025, deux femmes font leur trace sur les hauteurs des Alpes septentrionales. Loubna Freih, championne du monde d’Ironman, et Mélanie Corthay, guide de montagne suisse, ont entrepris de relier Vienne à Monaco à la force des jambes. Une traversée inédite de 2000 kilomètres, mêlant vélo, ski-alpinisme et course à pied, conçue comme un plaidoyer pour les montagnes et les ressources en eau qu’elles abritent.

Leur itinéraire suit la chaîne alpine sur toute sa longueur, gravissant cols, glaciers et vallées reculées avec un objectif: témoigner de l’impact du réchauffement climatique sur les glaciers et les eaux de fonte, qui irriguent une grande partie de l’Europe. Le défi est autant physique que symbolique : 60 jours sur le terrain, 80 000 mètres de dénivelé positif, 65 glaciers traversés. Chaque étape est l’occasion de prendre le pouls d’un paysage en mutation.

Mais l’Alpine Quest ne se résume pas à un exploit sportif. C’est une aventure collective. Plusieurs athlètes de haut niveau, exclusivement des femmes, rejoignent le duo à certaines étapes. Ce choix assumé renforce l’envie de montrer que l’engagement environnemental peut s’incarner au féminin, sans mise en scène, avec exigence et sobriété.

Le projet intègre également une dimension scientifique. Durant l’expédition, des expertes – glaciologue, hydrologue ou climatologue – viennent partager leur savoir et enrichir le récit. Des données sont relevées, des observations consignées, avec le souci de documenter ce qui change, ce qui disparaît. Pour que le terrain parle. Autre versant de l’aventure: la transmission. Quatre classes d’écoles primaires en Suisse et en France suivent l’aventure en direct, découvrant la géographie alpine, les enjeux de l’eau et les récits d’engagement. À travers elles, l’Alpine Quest devient aussi un outil pédagogique.

Un documentaire est en cours de réalisation et accompagnera la suite du projet. Car l’expédition ne s’arrêtera pas à l’arrivée sur les hauteurs de Monaco, prévue début mai. Elle entend susciter débats, projections, rencontres. Et rappeler une évidence trop souvent négligée: l’eau qui coule dans nos plaines naît là-haut, sur les crêtes et les glaciers que l’on voit fondre.