La filière laitière dispose d’un nouvel outil pour devenir plus verte
Durabilité et utilisation raisonnée des ressources: si le thème est d’actualité, comment concrètement y parvenir? Depuis ce printemps, un nouvel outil baptisé efiQlim permet aux éleveurs membres de Holstein Switzerland d’avoir une vision d’ensemble très précise de leur exploitation. «La genèse de ce projet est issue d’une réflexion générale quant aux attentes des consommateurs vis-à-vis de nos animaux, note Timothée Neuenschwander, responsable en génétique et développement au sein d’Holstein Switzerland. Ils souhaitent pouvoir acheter des denrées alimentaires de bonne qualité, produites de manière efficiente et dans le respect du climat.»Forte de ce constat, l’organisation, qui chapeaute les éleveurs de la principale race laitière suisse, a mis en place une stratégie basée sur plusieurs axes.
Désormais, ses 2000 membres reçoivent automatiquement une évaluation de leur ferme une fois par an, mise en comparaison de la moyenne de toutes les exploitations. Ce diagnostic précis, en cinq points, permet à chacun de voir où il se situe (lire ci-dessous). À chaque paysan ensuite de réfléchir aux améliorations qu’il aimerait réaliser et aux moyens à mettre en œuvre, en s’entourant de spécialistes des domaines concernés: génétique, gestion alimentaire ou santé de la mamelle, par exemple. «Souvent, on a une vue très simplifiée de ce qui est bon ou non pour l’environnement. Affirmer que beaucoup de pâture s’avère excellent, alors qu’un système intensif est mauvais, est bien trop vague.»
Définir des critères mesurables avec des données chiffrées aide à mieux évaluer ce qui peut être entrepris. «La holstein a plutôt une image de tueuse de climat, sélectionnée pour un système intensif, observe Timothée Neuenschwander. Mais sur le plan de l’efficience, mieux vaut être hyperspécialisé. Finalement, l’objectif est de produire un lait de qualité pour le consommateur. Car au vu de l’augmentation de la population mondiale, il est du devoir des agriculteurs d’assurer l’approvisionnement en denrées alimentaires. Néanmoins, cette démarche doit s’inscrire dans un souci de durabilité et d’éthique.»
Étendre cette action
Pour chaque indicateur – comme la teneur en protéines dans le lait –, une valeur cible à atteindre a été définie, ainsi qu’un délai pour y parvenir. Celui-ci a été fixé à 2025, l’échéance suivante sera en 2030. Le but correspond au pourcentage du troupeau devant respecter la valeur cible en question. «Il doit être réaliste, mais néanmoins ambitieux. Les éleveurs n’ont pas attendu efiQlim pour tenter de s’améliorer. Nous leur donnons juste les moyens d’être encore plus performants, en intégrant des critères de durabilité», ajoute Timothée Neuenschwander.
L’idée est de trouver un certain équilibre, en perfectionnant l’ensemble, et non un seul critère. «Réduire la quantité de protéines dans la ration – et par là, finalement, la quantité de nitrates qui vont se retrouver dans l’environnement – est peut-être bon pour le climat, mais conduira au-delà d’une certaine valeur à une vache sous-alimentée», révèle l’expert.
Si certains objectifs sont déjà remplis ou en passe de l’être, d’autres ont un potentiel d’amélioration important. Il s’agit notamment de la fertilité. Et de nouveaux critères vont peu à peu être rajoutés. Les premiers retours sont positifs, mais tous les éleveurs n’ont pas encore intégré ce nouvel outil. Holstein Switzerland est actuellement en discussion avec d’autres fédérations d’élevage, afin d’étendre ce système à différentes races. «Tout le monde désire préserver au maximum les ressources disponibles. Ne pas se limiter à la seule holstein était une suite logique pour nous.»
Points-clé
Une vache gardée dans des conditions optimales, où tout est fait pour respecter l’animal, aura forcément une santé correcte. Et donc besoin de moins de traitements médicamenteux. Son état corporel, mais également certains paramètres de sa production laitière, comme le taux d’acétone ou le nombre de cellules dans le lait, sont autant de critères qui permettent de juger de manière objective son état général, et par conséquent son bien-être. De plus, un élevage sans cornes, pour des raisons de sécurité, est aussi encouragé en sélectionnant des bêtes naissant sans cet attribut.
Efficience
Convertir efficacement en production laitière les aliments que la vache absorbe permet de préserver au maximum les ressources, puisqu’on en utilise le moins possible. Les autres indicateurs d’une production laitière efficiente sont l’expression d’une durée improductive (soit l’âge au premier vêlage) réduite à son minimum, grâce notamment à une bonne fertilité et à une production par jour de vie élevée. La hauteur à la croupe est aussi retenue comme critère, afin d’éviter d’avoir de trop grands animaux pour lesquels les besoins d’entretien s’avèrent trop élevés.
Longévité
La période au cours de laquelle les vaches laitières s’avèrent productives revêt une grande importance économique pour les exploitations. Cependant, elle a également une influence considérable sur les émissions de gaz à effet de serre. Les indicateurs d’une longévité optimale comprennent, outre les jours de vie et le nombre de lactations clôturées, la production à vie, qui exprime
le succès de la sélection pour des animaux durablement productifs. L’objectif est de plus de 40 000 kg et quatre lactations au minimum.
Les vaches sont les animaux qui peuvent valoriser au mieux les fourrages grossiers, lesquels constituent plus de 80% de la surface agricole en Suisse. L’objectif est d’utiliser ces herbages indigènes en minimisant l’apport d’aliments concentrés à base de céréales. Avec une bonne persistance – soit la capacité à maintenir sa production de lait après le pic de lactation –, les émissions de gaz à effet de serre par kilo de lait produit sont inférieures. Si la mesure du méthane dans le lait n’est pas encore disponible, le taux d’urée est une valeur importante en lien avec les émissions d’azote.
Produits
L’objectif principal de tout éleveur de vaches de race holstein est la production laitière. Celle-ci doit ainsi correspondre aux normes de qualité les plus exigeantes, de manière à satisfaire aux critères de consommation et de transformation du lait, qui sont de plus en plus élevés. Outre les teneurs standard qui permettent de définir la qualité du lait (matière grasse et protéine), la bêta-et la kappa-caséine influencent la fromageabilité du lait. Par ailleurs, un tarissement des bovins sans antibiotiques est également souhaité.
+ d’infos
www.efiqlim.ch
Envie de partager cet article ?