Un atlas sonore pour sauvegarder et valoriser les patois jurassiens

L'Université de Neuchâtel mène depuis le début de cette année un projet qualifié d'inédit pour le patrimoine linguistique suisse: la création du tout premier atlas sonore des patois jurassiens. Ce projet vise à préserver les dernières traces vivantes de ces parlers régionaux menacés de disparition.
15 octobre 2025 ATS
Un défilé de patoisants en costumes à Saignelégier (JU) en 1992.
© Archives cantonales jurassiennes (ArCJ)

Redonner voix aux patois du Jura avant qu’ils ne s’éteignent: tel est le pari de l’Université de Neuchâtel avec son projet d’Atlas sonore des patois du Jura (ASPAJU). Ce travail qui bénéficie du soutien de l’Office fédéral de la culture (OFC) vise à valoriser la diversité linguistique jurassienne en constituant le premier atlas sonore jamais réalisé pour cette région.

L’atlas, en libre accès sur Internet, offre une ressource pour les chercheurs, les enseignants, mais aussi pour ceux qui souhaitent réentendre la langue de leurs grands-parents. En recueillant la parole des dernières personnes qui s’expriment en patois, le projet veut contribuer à conserver une mémoire linguistique et culturelle jugée unique.

A mi-chemin entre la recherche scientifique et la sauvegarde du patrimoine immatériel, ASPAJU documente les dernières traces vivantes des parlers régionaux encore connus dans les villages jurassiens comme à Bourrignon, à Damphreux ou à Lajoux. En cliquant sur l’onglet audio, l’on peut entendre la transcription de phrases en patois.

Un patrimoine à écouter

Le projet s’appuie sur un vaste travail de terrain. A ce jour, plus de 77 localités jurassiennes ont déjà été visitées. Les enquêtes se poursuivront en 2026, précisait mardi l’Université de Neuchâtel.

«Chaque enregistrement est une mémoire vivante : la voix d’un territoire, d’une génération, d’une façon de voir le monde», relève Mathieu Avanzi, professeur ordinaire et directeur du Centre de dialectologie à l’Université de Neuchâtel.

Les entretiens portent sur des traductions de phrases types, des récits de vie et des anecdotes du quotidien. Ces matériaux vont permettre non seulement de documenter la langue, mais aussi de témoigner d’un mode de vie et d’une identité en mutation.

Soutien de la Confédération

«Le Jura a une relation très forte à sa langue. Entendre ces voix, c’est renouer avec un patrimoine immatériel qui fait partie de notre histoire commune», souligne Olivia Gerber, membre de l’équipe ASPAJU, citée dans le communiqué.

Le projet ASPAJU s’inscrit dans les actions de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de la Suisse, aux côtés des traditions, savoir-faire et expressions locales. Jamais un projet de cette ampleur n’avait été entrepris pour les patois jurassiens, constate l’Université de Neuchâtel.

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