Encouragée, la culture de la betterave sucrière bio gagne du terrain

Portée par une forte demande pour le sucre biologique, la production de betteraves bios se développe en Suisse. Cet essor doit beaucoup à un projet qui a été lancé par les principaux acteurs du marché avec la recherche en agriculture biologique.
1 juin 2025 Horace Perret
© Adobe Stock

En 2024, la Suisse a récolté et transformé plus de 12 000 tonnes de betteraves sucrières bios, soit un volume équivalant à celui de 2023, mais sur une surface en nette augmentation: 314 hectares contre 241 en 2023 (+30,3%).

Cette progression s’explique par la mise en place, dès 2017, d’un projet qui vise à soutenir le développement de la betterave sucrière bio pour pouvoir répondre à une demande émanant de la grande distribution et des transformateurs.

Manque de sucre bio suisse

Ce projet réunit autour de cet objectif des partenaires économiques – Bio Suisse, la Coop, l’Office fédéral de l’agriculture, Sucre Suisse, la Fédération suisse des betteraviers – et scientifiques via l’Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL).

«Jusqu’à peu, la Coop avait de la peine à vendre des confitures, des sirops, du sucre blanc ou des yogourts avec le label Bourgeon bio Suisse, car elle ne trouvait pas assez de sucre bio sur le marché national. Elle devait donc importer des betteraves d’Allemagne, ce qui est problématique pour certains produits comme les yogourts (ceux-ci pouvant déjà contenir une partie de fruits non suisses), car au moins 90% des ingrédients doivent provenir de notre pays pour pouvoir bénéficier du Bourgeon Suisse», explique David Herrmann porte-parole auprès de Bio Suisse.

Différentes stratégies testées

Dans le cadre du projet, des essais ont été menés sur différentes stratégies de production (semis, plantation, robot de désherbage mécanique). C’est le développement de plantons de betteraves qui a fait une réelle différence, en permettant de gagner en vitesse sur les adventices.

«L’avance des betteraves sur les mauvaises herbes est cruciale. Elle permet un arrachage mécanique, alors qu’il fallait auparavant beaucoup plus désherber manuellement. Cette nouvelle méthode a rendu la culture plus efficace et économiquement intéressante, et attiré finalement de nouveaux producteurs», se réjouit David Herrmann.

Une culture coûteuse

La plantation de betteraves bios est un une culture financièrement lourde à mettre en place. Avec un coût de 5000 francs par hectare d’implantation, l’agriculteur qui fait de la betterave sucrière prend clairement davantage de risques qu’avec du blé ou du maïs, explique Sarah Challandes, agricultrice à Yvonand (VD) qui s’est lancée dans cette culture en 2021. «À l’époque, on nous disait que ce serait difficile, voire impossible, de produire en bio», se souvient-elle.

Suivant les conseils du FiBL, l’agricultrice a choisi de planter ses betteraves. «Cette méthode n’est pas plus productive que les semis, mais elle amène une certaine sécurité dans le sens où il n’y a pas de problème à la levée et où l’implantation est assurée», relève l’agricultrice.

Des prix stables

«L’évolution du prix à l’achat est pour le moment favorable aux producteurs», constate de son côté Yves Gaillet, responsable du service extérieur auprès de Sucre Suisse. Le prix de référence fixé par l’interprofession est resté stable ces deux dernières années à 170 fr./tonne (2024-2025).

La Coop soutient une partie de ce prix en allouant une prime de 30 fr. au titre de promotion de la culture biologique, précise le responsable. À cela s’ajoute le soutien de la Confédération via une prime de base pour culture particulière de 2100 fr./hectare, plus un montant de 200 fr. si la production est en mode extensif.

Avec 5 hectares de betteraves bios dans ses champs, Sarah Challandes ne regrette pas son choix. «On a pu répondre à une demande du marché et contribuer à développer une filière qui n’existait pas», se réjouit-elle. «Je pense qu’aujourd’hui on est à l’équilibre sur le plan de l’offre et de la demande. À l’avenir, c’est probablement la demande (des consommateurs, distributeurs, transformateurs) qui va guider l’extension ou non des surfaces», conclut-elle.

Envie de partager cet article ?

Achetez local sur notre boutique

À lire aussi

Accédez à nos contenus 100% faits maison

La sélection de la rédaction

Restez informés grâce à nos newsletters

Icône Boutique Icône Connexion