Au Verger des Bois, le pruneau ne compte pas pour des prunes
Dans un parfait alignement, de jeunes arbres, dont certaines branches caressent presque l’herbe qui pousse à leurs pieds, portent le poids de grappes de fruits bleu-mauve ovoïdes et dodus. Au milieu de la plantation, Grégory Donzé, en observateur aguerri, examine ses pruneaux; il les ouvre, enlève le noyau, palpe la chair avant de la goûter, puis de hocher la tête en signe d’assentiment.
L’heure de la récolte a sonné. Chaque année, le patron du Verger des Bois, à Bernex (GE), ramasse entre une et deux tonnes de la variété fellenberg, une production certifiée «Genève Région – Terre Avenir – regio.garantie» que l’arboriculteur écoule notamment par paquets de 1 ou 2,5 kg dans son magasin en libre-service ouvert en tout temps.
L’information du papillon
La culture du prunier est globalement peu demandeuse. Rustique, l’arbre requiert peu d’investissements: pas besoin de placer une armature ou des filets. Mais ce n’est pas pour autant qu’il ne nécessite aucun travail. Tout commence par la taille: fin février, le cultivateur prend quelques jours pour élaguer les arbres. La tâche est importante; elle permet d’éviter les soucis de pourriture susceptibles d’apparaître un peu plus tard dans la saison.
Peu exigeant en fumure, le prunier est également très peu traité. Son principal ravageur – le carpocapse des prunes, un papillon dont les chenilles se nourrissent de la chair des fruits – est le souci majeur de l’arboriculteur. «Pour lutter contre l’insecte, on utilise la confusion sexuelle. On place des diffuseurs en plastique sur toute la parcelle, avec des phéromones femelles. Les mâles n’arrivant pas à les trouver, ce qui réduit grandement la pression sur les arbres», explique-t-il.
Courant juillet, le vol des premiers papillons sert à prédire la date d’éclosion des vers, et le moment où il est nécessaire d’appliquer un insecticide. «Il est très utile, car précis. Sans lutter, on se retrouve facilement avec 60% de fruits gâtés sur la récolte», relève le Genevois.
Le producteur
Avec un CFF d’agriculteur et un CFF d’arboriculteur obtenu en Valais, Grégory Donzé a travaillé dans un grand nombre d’exploitations avant de revenir au sein de la ferme de ses grands-parents. Il a repris le domaine à son compte en 2021. «J’aime bien dire que j’ai commencé le boulot pour le tracteur et j’ai continué pour le sécateur. Aujourd’hui, c’est la technique qui m’attire, plus la mécanique.»
Bon à manger, mais pas trop mûr
La floraison a lieu début avril. Le prunier, à l’instar de la majorité des arbres à noyaux, produit ses fleurs avant l’apparition des feuilles. «Le début du fruit est fait sur les réserves de l’année précédente, une bonne récolte se prépare donc bien à l’avance», expose Grégory Donzé.
L’été est consacré au suivi d’irrigation, devenu utile avec l’augmentation des périodes de sécheresse, puis au suivi de la maturité des fruits. Le déclenchement de la récolte se fait en fonction du goût, en général au cours de la deuxième moitié d’août. «Il y a plusieurs exigences: le fellenberg doit être bon à manger mais pas trop mûr, afin d’être conservé», ajoute l’arboriculteur.
Toujours plus précoce
Un équilibre de plus en plus difficile à trouver avec l’avancement des dates de récolte dû au changement climatique. Car si les fruits deviennent mûrs de plus en plus tôt, les habitudes de consommation, elles, ne changent pas. «Le pruneau, avec son sucre et son acidité, est un excellent fruit d’arrière-saison, qui marque traditionnellement l’automne, car jusqu’à présent, il était plutôt tardif, ce qui n’est plus le cas», relève Grégory Donzé, qui attend le Jeûne genevois et son incontournable tarte aux pruneaux avec impatience.
À cette période-là, la demande s’accroît. Pour y répondre, le producteur genevois laisse les fruits sur l’arbre le plus longtemps possible, puis les conserve au frigo. Ils peuvent ainsi tenir un mois. Une solution qui tiendra sûrement le temps que des variétés tardives arrivent sur le marché.
«Cependant, on n’a encore rien fait de mieux que la fellenberg», ajoute Grégory Donzé, pour qui le pruneau n’a pas encore trouvé d’équivalent. Avec son goût sucré, légèrement acidulé et sa texture à la fois ferme et un peu fondante, cette variété est un régal pour le palais, aussi bien nature que cuite.
En partenariat avec « Genève Région – Terre Avenir – regio.garantie »
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