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Nos coups de cœur floraux de fin d’été

Après un été particulièrement chaud, les premières touches de couleur sont apparues fort tôt sur les feuillages des arbres. Mais on a encore des fleurs à admirer avant que l’ambiance ne se fasse franchement automnale.

Nos coups de cœur floraux de fin d’été
Phlox solides
S’ils sont à peu près increvables, les grands phlox sont néanmoins particulièrement sujets aux attaques d’oïdium, plus ou moins virulentes selon les années. Les conditions chaudes et sèches que beaucoup de nos jardins ont connues cet été ne leur ont pas été très favorables: on a vu de nombreux plants au feuillage entièrement poudré de blanc, voire à la floraison avortée. La solution, si on ne veut pas traiter continuellement – ne serait-ce qu’au lait ou au bicarbonate –, c’est de choisir des variétés résistantes ou, au moins, moins sujettes au «blanc». C’est le cas des phlox des espèces amplifolia et maculata, mais aussi de certaines variétés de Phlox paniculata, comme ‘Blue Paradise’, plus violet que bleu, ‘Jana’, doté de hautes tiges mais de fleurs petites, rose-mauve, qui s’intègre parfaitement dans un jardin naturel, ou ‘Little Sara’, de petite taille (60 cm), aux corolles blanches relevées d’un œil rose.


Herbe noire
Si elle n’est pas nouvelle, elle reste confidentielle. Il faut dire qu’elle est aussi extraordinaire que discrète: bien souvent, on ne la voit tout simplement pas! Vivace en touffe ne dépassant guère 10 cm de haut – un peu plus en fleur – Ophiopogon planiscapus ‘Niger’, hors floraison et fructification, ressemble à de l’herbe… mais de l’herbe noire! Son feuillage persistant, effilé, est en effet un des plus foncés qui soient. En fin d’été apparaissent des grappes de petites fleurs blanc rosé, qui se transforment en baies (toxiques) quasiment de même teinte que le feuillage. Utilisée en rocaille ou en couvre-sol, cette vivace d’origine japonaise, qui drageonne doucement, est peu exigeante et pousse même en situation ombragée sèche. Selon certaines sources, elle ne serait que modérément rustique; mais si un sol bien drainé l’hiver reste préférable, elle tient sans problème en tout cas jusqu’à moyenne altitude.


Tout en couleurs
Spectaculaire et plutôt facile à cultiver, il reste pourtant rare dans les jardins, même publics: le grand spécimen que l’on peut voir sur les quais de Montreux (VD), non loin du débarcadère, fait toujours figure d’exception. Étonnant arbuste que cet Alchornea davidii, un cousin des… euphorbes aux branches raides et peu ramifiées, qui ne dépasse guère 2 m de haut – mais qui, drageonnant, peut s’étendre bien davantage en largeur, à la façon de la corête du Japon (Kerria). Sa floraison, estivale, est discrète, mais ses feuilles en cœur, au relief marqué, sont spectaculaires et par leurs grandes dimensions, et par leurs colorations. Le pluriel est de mise, car, lorsqu’elles se déploient sur les jeunes pousses rouges, les feuilles optent d’abord pour le cramoisi avant de se teinter de pêche, puis virent au jaune doux avant de prendre leur couleur estivale vert moyen. Courant septembre, ce vert laisse peu à peu place à des plages rouges, orangées et blondes. Espèce de lisière, l’arbuste se plaît à exposition mi-ombragée ou au soleil non brûlant, en sol drainant mais de préférence frais, un peu calcaire à légèrement acide, et pourrait supporter -20°C.


Rosiers résistants
Les jardiniers d’aujourd’hui sont sensibles à des critères tels que le parfum, la robustesse et la facilité de culture. Les rosiers, eux, conservent une réputation de plantes délicates – et, ces dernières décennies, ont souvent déçu les «nez» amateurs. Il en existe pourtant de très solides… et le parfum est, de nouveau, un critère de sélection important! Si ce dernier point est facile à vérifier à l’achat, il est plus délicat de s’assurer de la santé d’une variété: en général, les rosiers proposés en conteneurs sont régulièrement traités durant leur séjour en jardinerie. Mais en fin de saison, seuls les plus solides font encore bonne figure: un rosier aux feuilles peu ou pas tachées, à la fin d’un été qui a vu régner le marsonia, est assurément un bon choix! C’est le cas de ‘Madame Anisette’, un hybride de thé à port érigé, dont les grandes fleurs blanc carné exhalent des senteurs de myrrhe, d’anis et de miel.


Rudbeckia atypique
Le «cœur» brun foncé et proéminent de ses fleurs le fait spontanément ranger parmi les rudbeckias. Mais un rudbeckia atypique, avec des tiges hautes et plutôt grêles, longuement ramifiées, et des «marguerites» de dimensions assez modestes et, surtout, d’une robe qui nous change du jaune tournesol habituel chez les rudbeckias vivaces. Écloses presque uniformément dorées, les fleurs mellifères de Rudbeckia triloba ‘Prairie Glow’ se teintent en effet rapidement de rouille, d’abord à la base des «pétales» – offrant alors un aspect bicolore – avant que cet orange ne gagne toute la fleur ou presque. Ce rudbeckia se plaît au soleil et n’est pas trop regardant sur la nature du sol, pourvu qu’il ne soit pas trop sec en été. Parfois utilisé en bisannuelle, c’est en fait une vivace à courte durée de vie, mais qui se ressème là où elle se plaît.


Agastache cramoisie
Tiendra, tiendra pas? Longue floraison, belles teintes et feuillages diversement mais agréablement aromatiques, les agastaches ne manquent pas de séduire les jardiniers. Qui, cependant, ont souvent du mal à les conserver ensuite d’une année sur l’autre. Ces vivaces à courte durée de vie ne résistent en effet pas toujours à nos hivers: la plupart demandent un sol plutôt riche et frais, mais parfaitement drainé. Spectaculaire et sortant de l’ordinaire, avec ses trompettes rouges enchâssées dans des calices pourprés, ‘Red Fortune’ est tantôt donnée comme variété d’Agastache rugosa, une espèce extrême-orientale relativement rustique, tantôt comme issue d’Agastache mexicana, plus frileuse. À tenter, donc – au soleil.


Chêne nain
D’origine nord-américaine, le chêne des marais, Quercus palustris, est apprécié pour sa croissance rapide, sa silhouette régulière et sa superbe coloration automnale dans les rouges et orangés. Sa floraison est précoce, mais assez insignifiante, sa fructification, en revanche, est intéressante. Atteignant 20 à 25m de haut, voire davantage, l’espèce s’avère cependant plus adaptée aux grands parcs qu’à la plupart de nos jardins. Où elle sera avantageusement remplacée par sa variété ‘Isabel’, une forme naine qui ne devrait pas dépasser 2 mètres 50 à maturité, et dont le jeune feuillage est vert doré. Plus solide que le chêne rouge, le chêne des marais supporte également mieux les terrains temporairement inondés, même si sa préférence va à un sol normal à frais, mais drainé et pas (trop) calcaire.

 

Texte(s): Isabelle Erne
Photo(s): Isabelle Erne