Yverdon réutilise intelligemment ses eaux usées traitées
Laver les rues et arroser les massifs floraux avec de l’eau potable, est-ce vraiment pertinent? Non, estime la Ville d’Yverdon-les-Bains (VD), surtout pas lorsque les périodes de stress hydrique se multiplient dans le pays. Pour préserver cette ressource, qui vient à manquer, elle a lancé une initiative novatrice dans le but de réemployer une partie de ses eaux usées.
Elle a profité de la modernisation de sa station d’épuration, désormais à la pointe pour éliminer les micropolluants. «Leur réutilisation se fait déjà ailleurs en Europe, mais ici, c’est un projet-pilote, souligne Antoine Sauser, responsable environnement de la commune vaudoise. Il n’existe pas encore de base légale pour le faire. On collabore donc avec le Canton de Vaud pour monitorer la qualité de l’eau en question.»
Plusieurs traitements
Avant d’être valorisée, cette eau doit subir plusieurs procédés distincts. Premièrement, elle est traitée sur le plan physico-chimique, afin d’éliminer les particules ainsi que les polluants qu’elle contient. Ensuite des micro-organismes décomposent les matières organiques qui s’y trouvent. Puis le liquide subit un traitement au charbon actif de manière à faire disparaître une grande partie des micropolluants restants.
Finalement, l’eau est soumise à des rayons ultraviolets, afin de la désinfecter et de tuer les organismes pathogènes, telles que les bactéries entérocoques ou Escherichia coli. Résultat? Sa qualité, à l’issue de ce processus, est comparable à celle requise pour la baignade. Au lieu de reverser l’eau dans le lac, puis de la pomper à nouveau pour la purifier avant qu’elle n’alimente à nouveau le réseau yverdonnois, elle est immédiatement réutilisée sur place.
Pour verdir les terrains de foot?
«Nous avons relié la STEP aux serres communales, qui se trouvent en face, grâce à des conduites passant sous la route. Les employés peuvent donc se servir à leur guise de cette eau», indique Antoine Sauser. Dans un premier temps, 60 000 m3 seront ainsi revalorisés par an, sur un total de 4 millions de m3 traités chaque année par la STEP. Ils servent à remplir les véhicules d’arrosage, les balayeuses ou encore les camions cureurs.
Ce projet intéresse de nombreuses autres villes suisses, qui le suivent de près. Une intense communication a également été menée auprès de la population, pour expliquer la démarche et la rassurer aussi. «À terme, nous espérons pouvoir employer ces eaux usées plus largement, comme pour arroser les terrains de football, ajoute le responsable. En Espagne par exemple, les eaux usées traitées sont même utilisées en agriculture.»
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