Un oiseau rare a fait du lac de Neuchâtel son habitat hivernal

Depuis un mois environ, un fuligule à tête noire est présent dans le port de Neuchâtel. Originaire d'Amérique, l'oiseau semble être arrivé seul en terres helvétiques.
16 novembre 2025 Margaux Mauran 
© Adobe Stock

Le fuligule à tête noire (Aythya affinis) est un oiseau répandu en Amérique: il niche en Amérique du Nord, y compris en Alaska, et passe l’hiver au sud des États-Unis ou en Amérique centrale. Le plumage du mâle est principalement noir, mais son dos et ses flancs comportent un grand nombre de plumes à la fois blanc, gris et noir. La partie supérieure de l’arrière de son crâne forme une sorte de pointe.

Ces caractéristiques permettent de le distinguer d’autres canards comme le fuligule milouinan qui est aussi marginalement présent sur nos lacs pendant l’hiver. Sa tête, parfaitement ronde et irisée de reflets verts, permet de ne pas le confondre avec le fuligule à tête noire dont les discrets reflets sont plutôt violets. Pour sa part, le fuligule morillon a le dos noir et ses flancs sont parfaitement blancs. Sa tête est dotée d’une huppe tombante qui peut être assez longue chez le mâle.

Plongées en eaux douces

La Suisse accueille une large population d’oiseaux d’eau, notamment en hiver à l’issue de migrations. En effet, la plupart des étendues d’eaux du pays sont accueillantes du fait qu’elles ne gèlent pas. Le fuligule à tête noire arrivé sur le lac de Neuchâtel trouve donc de quoi se nourrir durant la saison froide. En plongeant, jusqu’à cinq mètres de profondeur parfois, il déniche des coquillages, des mollusques et de petits invertébrés.

La Station ornithologique suisse rappelle que les oiseaux d’eau n’ont pas besoin d’être nourris par les humains. Adaptés aux conditions locales, ils n’éprouvent pas de difficulté à trouver ce dont ils ont besoin. Si les appâter permet de les observer de près, cela doit se faire occasionnellement avec de petites quantités d’aliments. Le nourrissage est interdit dans les réserves, les oiseaux doivent pouvoir y évoluer sans influence humaine.

Port d’attache

Le fuligule à tête noire signalé peut être observé dans le port de Neuchâtel. Excellent plongeur, l’oiseau disparaît souvent sous la surface à la recherche de nourriture. Du fait de la couleur de ses plumes, il est préférable d’aller l’observer lorsque la lumière du jour est encore forte. Néanmoins, c’est à l’aube et au crépuscule que ce type d’oiseau est le plus actif. Si une femelle s’installait, il serait plus difficile de la distinguer des autres espèces de fuligules.

Seules la forme du crâne et l’absence de huppe permettraient d’être sûr d’observer une femelle de l’espèce Aythya affinis. En effet, la teinte de ses plumes oscille entre le brun et le blanc, exactement comme les femelles fuligules milouinan. De même, les femelles de ces deux espèces ont une bande blanche à la base du bec.

Habitat déjà pris

Toujours observé seul, le fuligule à tête noire du lac de Neuchâtel ne va probablement pas se reproduire. Dans l’hypothèse où il ferait la rencontre d’une femelle et qu’ils se reproduiraient, il y a peu de chance que l’espèce s’installe durablement sur le lac.

«Outre la rareté de cette espèce américaine sous nos latitudes, la niche écologique du fuligule à tête noire est déjà occupée par les espèces locales, indique Chloé Pang. Il a le même comportement que celles-ci et se nourrit de la même manière. Il y a donc peu de chances que l’oiseau puisse rester, les espèces concurrentes étant déjà présentes.» Par ailleurs, des cas d’hybridation avec d’autres fuligules (milouin, milouinan, morillon) sont connus. Mais cela ne dit rien sur la probabilité de l’espèce à s’établir durablement.

Mystérieux déplacement

Officiellement, le fuligule à tête noire porte en Suisse le statut «d’hôte accidentel». L’année dernière, un oiseau de cette espèce a déjà été observé sur le lac de Neuchâtel, près du port. «On ne sait pas si c’est le même individu ou non, mais cela est très probable», détaille Chloé Pang, porte-parole de la Station ornithologique suisse. La manière dont le fuligule à tête noire est arrivé dans notre pays est impossible à déterminer avec précision.

«Des oiseaux américains sont déjà venus par le biais de tempêtes, poursuit Chloé Pang. Souvent, lorsque cela se produit, plusieurs individus de différentes espèces se déplacent en même temps. Or, l’individu présent à Neuchâtel semble seul.» Cet oiseau étant capable de voler sur de très longues distances, la spécialiste ajoute qu’il est tout à fait possible qu’il se soit déplacé en solitaire. D’autres observations ont eu lieu ces dernières années en Grande-Bretagne et dans l’ouest de la France.

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