Quand les aurores dansent dans notre ciel comme de pâles rideaux de pluie
J’ai raté le spectacle du 10 mai dernier. Il avait pourtant été annoncé, mais je n’ai découvert que le lendemain dans la presse les nombreuses photos prises cette nuit-là. Vigilant depuis cette amère déception, je me suis mis à sortir à chaque moment propice pour des promenades nocturnes, dans l’espoir d’admirer le phénomène.
Cet hiver, j’ai même veillé une nuit entière dans mon sac de couchage, sur une crête jurassienne. Dans l’obscurité, un renard à la longue queue panachée a passé furtivement. Somnolant, je me suis mis à rêver que dans sa course folle, comme le raconte la légende finlandaise, il projette des flocons qui produisent dans le firmament des voiles scintillants révélés par la douce lumière de la lune. Je n’ai aperçu que quelques surprenantes étoiles filantes, admiré de belles constellations, mais pas la moindre aurore, si ce n’est celle qui m’a fait plier mon matériel pour rentrer chez moi.
Coup de pouce d’applications
Les éruptions solaires propulsent des particules chargées dans l’espace. Les électrons habituellement canalisés par les lignes du champ magnétique de la terre, convergent aux pôles et entrent en contact dans notre atmosphère avec des atomes d’oxygène ou d’azote qui deviennent brusquement lumineux et génèrent ces splendides tentures célestes que sont les aurores polaires.
Lors de très fortes activités et de tempêtes solaires qui se produisent par cycles, les aurores peuvent déborder de leur zone annulaire située au-dessus des deux pôles. La luminosité du phénomène dépend de l’obscurité de la nuit et de la puissance de la tempête, quant aux couleurs rose ou verte, c’est la nature des gaz, l’altitude et la vitesse du vent solaire qui les définissent.
Pour avoir les meilleures chances d’observer une aurore, il existe des applications indiquant le niveau d’intensité de l’activité géomagnétique du soleil qui se mesure avec un facteur Kp (Planetary K-Index) sur une échelle de 0 à 9. Ces mesures permettent de visualiser d’où pourront être visibles les aurores en fonction de leur magnitude. Une tempête commence au niveau 5 et à partir de 6 ou 7, il faut se préparer à sortir la nuit et regarder vers le nord, si le ciel est dégagé.
Un phénomène rare chez nous
Les aurores boréales sont rares sous nos latitudes et souvent peu ou pas visibles à l’œil nu. La prise de photo sublime le phénomène et propose des images aux couleurs criardes qui sont certes spectaculaires, mais assez loin de la réalité. J’ai de magnifiques souvenirs d’un séjour au Groenland, durant lequel j’ai passé des heures chaque nuit ou presque à observer et dessiner ces aurores aux teintes douces qui se déplacent dans le ciel comme de pâles rideaux de pluie.
Comme nous sommes arrivés à un pic d’activité solaire en cette année 2025, il convient d’être très attentifs, car les tempêtes géomagnétiques à l’origine du phénomène pourraient nous réserver encore quelques surprises lumineuses!
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