Le petit peuple des tas de bois et de pierres
Progressivement intégrées aux réseaux agricoles et aux initiatives de conservation, les petites structures, bien que largement reconnues par les experts, ont longtemps souffert d’un manque de documentation sur leur efficacité. Un projet de recherche de l’Université de Berne, lancé en 2023 par le chercheur Jean-Yves Humbert, veut combler cette lacune. L’étude a examiné des installations en pierre et en bois dans des prairies bordant des haies et des forêts.
Avec l’aide d’agriculteurs, ces structures ont été conçues pour offrir un habitat favorable aux espèces locales, comprenant des chambres, de la litière et des tunnels. Les résultats préliminaires montrent qu’une présence multiple de structures (de trois à cinq par zone) favorise une biodiversité accrue, en particulier dans les paysages agricoles et urbains où les espaces naturels sont restreints.
Davantage de micro-organismes
Cette diversité écologique ne se limite pas à la faune visible: les chercheurs ont également constaté une activité accrue de micro-organismes et d’insectes du sol dans les zones proches des structures. Ces habitats semblent jouer un rôle important dans le maintien de chaînes alimentaires complexes, en créant des microclimats et des refuges face aux aléas climatiques, comme les fortes chaleurs ou les précipitations intenses.
Au-delà des résultats quantitatifs, le projet a mis en évidence une dynamique de collaboration renforcée entre chercheurs, agriculteurs et acteurs de la conservation. Cette approche participative facilite l’implantation durable de ces aménagements dans les exploitations, en les adaptant aux contraintes locales.
Le lézard
Les reptiles comme le lézard agile, le lézard des murailles, la couleuvre à collier et l’orvet tirent profit de ces aménagements, où ils se prélassent volontiers pour profiter des rayons du soleil. En plus de servir de zones de détente, ces structures leur permettent de chasser ou, à l’inverse, de se mettre à l’abri: l’orvet les utilise ainsi comme retraite lors des périodes de fauche. Si l’abri est bien conçu, il permet aux reptiles d’y effectuer tout leur cycle de vie, y compris l’hivernation, essentielle pour leur survie pendant les mois les plus froids.
Le carabe
Les petites structures sont un habitat de prédilection pour de nombreuses espèces d’insectes, comme les araignées et les carabes. Ces derniers y prospèrent dans un environnement frais et humide, offrant une protection contre les températures élevées souvent présentes dans les lisières exposées sud, ainsi qu’un refuge contre les prédateurs. Pour certaines espèces, elles servent également de lieux de reproduction et de chasse.
Le hérisson
Les petits mammifères comme l’hermine ou la belette y établissent souvent leurs nids, à l’abri des intempéries et des prédateurs. La présence de plusieurs tas rapprochés est particulièrement bénéfique pour ces espèces, car elle leur permet de se déplacer rapidement d’un refuge à l’autre en cas de danger. Les campagnols, musaraignes et mulots y cohabitent également; ils utilisent ces espaces pour se nourrir et s’abriter. En milieu urbain, on y trouve des hérissons qui se protègent du froid pendant la période hivernale.
Le rouge-gorge
Bien que plus occasionnelle, la présence d’oiseaux dans ces structures est notable. Certains, tels que le rouge-gorge ou le rouge-queue noir, y passent la nuit. D’autres, comme le merle, peuvent utiliser ces abris pour nidifier. Ils offrent aussi aux oiseaux un moyen de se protéger de prédateurs, comme les chats, et servent parfois de perchoirs, comme c’est le cas pour l’alouette lulu qui utilise ces points d’ancrage pour chanter.
Le crapaud
Les tas de pierres et de bois, lorsqu’ils sont situés à proximité des cours d’eau, jouent un rôle essentiel dans la protection des amphibiens. En été, ils offrent une protection contre la chaleur et la sécheresse, tandis qu’en hiver, ils préservent les animaux du gel. On peut ainsi y trouver la grenouille verte, la salamandre alpestre, le crapaud calamite ou encore des espèces menacées comme le crapaud accoucheur.
Envie de partager cet article ?
