La firme Pollustock déploie ses filets antidéchets en Suisse
Comment éviter que les déchets sauvages ne terminent leur course dans les lacs et les rivières? Pour enrayer cette pollution systémique, l’entreprise française Pollustock a trouvé une solution: placer des filets dans des bouches d’égout ou à la sortie de bassins de rétention d’eau.
Depuis quinze ans, elle a déployé plus de 1500 de ces nasses à travers l’Hexagone. Cinq dispositifs viennent d’être installés dans le canton de Vaud, à Épalinges notamment, par le biais de la société vaudoise Tibio, spécialisée dans la biotechnologie, unique distributeur agréé en Suisse.
Blocage en amont
«Le constat est simple: 80% des déchets qui polluent la mer ou les lacs sont d’origine terrestre, explique Guillaume Boisard, ingénieur environnemental chez Tibio, spécialiste en bioremédiation et biotechnologie. Il faut donc essayer de les bloquer en amont, ce qui est rendu possible par ces filets.»
L’entreprise Pollustock, pour laquelle il a travaillé pendant trois ans, conçoit des modèles sur mesure, de toute dimension. En ville, des petits paniers retenant les mégots ont été placés dans des bouches d’égout.De plus grands modèles, extrêmement résistants, piègent les détritus transportés par les cours d’eau au débit plus important.
«Les maillages peuvent être très fins, de l’ordre du millimètre, ou larges de plusieurs centimètres en fonction de l’endroit où ils sont installés, poursuit l’ingénieur. Certains filtrent les microplastiques alors que d’autres retiennent uniquement les gros déchets. L’important est que l’eau puisse s’écouler en tout temps, même en cas d’orage, sans entraves malgré la présence de ce système.»
650 tonnes récupérées
Si les petits paniers urbains sont vidés à la main par les cantonniers, éliminer les déchets retenus dans ces nasses demande parfois l’intervention d’une grue, tant le volume collecté est important. «On y trouve un mélange de matière organique et de déchets, dont la composition varie selon l’emplacement; cela va des mégots aux bouteilles en PET notamment, note Guillaume Boisard. On les trie avant de les acheminer dans des déchetteries.» Depuis 2015, Pollustock estime avoir intercepté 650 tonnes d’ordures par ce biais.
En France, le contenu des filets, une fois trié, permet de faire des sensibilisations ciblées auprès de la population, en fonction du type de détritus collectés. En Suisse, Tibio propose d’effectuer un monitorage de la qualité de l’eau en marge de la pose de ces tamis, destinés aussi bien aux collectivités qu’aux entreprises privées voulant limiter les effets néfastes du littering.
+ d’infos www.pollustock.com; www.tibio.ch