Exhibant sa coupe punk, la huppe fasciée fait un retour remarqué
Vol papillonnant, plumes orange vif, une crête extravagante et un grand bec façon colibri: c’est un véritable drôle d’oiseau qu’on peut observer au détour des vignobles suisses. Malgré son apparence atypique, la huppe fasciée fait bel et bien partie de notre avifaune indigène. Plutôt grande (45 cm d’envergure pour un poids de 55 à 80 g), elle est unique en son genre – littéralement, puisqu’il n’y a que trois espèces du genre Upupa, qui compose la famille des upupidés. Ce nom latin vient de son chant, monotone, mais qui porte loin: «oup-oup-oup». Ce volatile est reconnaissable entre mille à ses ailes barrées de noir et blanc, il est donc impossible de passer à côté, même en vol. Sa huppe est érectile, c’est-à-dire qu’elle peut être dressée ou rabattue en arrière.
Friande de larves
Plutôt thermophile, cette espèce affectionne les gros insectes comme les courtilières et leurs larves. Elle a besoin de paysages ouverts, avec de la terre nue ou de l’herbe rase pour pouvoir facilement déloger ses proies au sol avec son long bec courbe. On la retrouve ainsi dans les vergers et les vignobles, mais aussi dans les jardins. La huppe fasciée est cavernicole – elle fait son nid dans les cavités –, au même titre que les mésanges ou l’étourneau sansonnet. Les lieux adaptés à la recherche de nourriture doivent aussi l’être à la nidification. Comme la plupart des insectivores, elle ne trouve pas d’offre alimentaire adaptée pendant la saison froide. Aussi, dès fin juillet, une fois les derniers jeunes envolés, cette migratrice au long cours se met en route pour ses quartiers d’hiver africains. Les premières huppes reviennent en Suisse dès le mois de mars, mais le mois de mai est celui qui se prête le mieux à leur observation.
Perte d’habitat
Avec 180 à 260 couples nicheurs recensés pour la période 2013-2016, la huppe fasciée faisait figure d’oiseau rare – elle est considérée comme une espèce prioritaire pour la conservation –, alors qu’elle était fréquente jusqu’aux années 1960. À la fin des années 2000, les derniers noyaux de populations se concentraient dans le Valais central. Comme pour bien d’autres espèces affectionnant les milieux agricoles traditionnels, l’oiseau a souffert de la mécanisation et l’industrialisation de l’agriculture et de la sylviculture. L’appauvrissement de la flore et l’utilisation de pesticides ont entraîné la raréfaction des insectes, tandis que le recours à des engrais a rendu l’accès à la nourriture plus difficile.
Nichoirs à la rescousse
Heureusement, des actions de conservation en sa faveur ont été menées dès le milieu des années 1990. La pose de nichoirs à son intention a été couronnée de succès en Valais. Encouragée par le redressement régional des effectifs, la Station ornithologique suisse mène depuis 2000 un projet qui vise directement à favoriser le développement de la huppe fasciée dans diverses régions du pays, y compris le Valais et le canton de Vaud. D’une part, la mise en place de nichoirs accroît le nombre de cavités disponibles dans certaines zones. D’autre part, les mesures favorisant la biodiversité d’une manière générale prises dans les cultures fruitières et les vignobles intensifs améliorent ses ressources alimentaires. Il s’agit notamment de planter des haies et des buissons, de créer une végétation clairsemée riche en espèces et de mettre en place des éléments structurels tels que les tas de branches ou de pierres.
Efforts récompensés
Grâce à ces différentes actions, on peut aujourd’hui admirer la huppe fasciée dans les vignobles valaisans, mais aussi sur les bords du Léman, ainsi que dans la région d’Yvonand (VD) ou dans la campagne genevoise. Si un vol tourbillonnant noir et blanc nous surprend, il s’agit certainement de la huppe. À moins que son chant ne la trahisse!
+ d’infos Dans le cadre d’un partenariat, Terre&Nature a proposé à la Station ornithologique suisse, qui fête ses 100 ans cette année, de mettre en avant une série d’oiseaux indigènes.
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