Chez un maraîcher neuchâtelois pour évaluer les dégâts du violent orage du 15 juin
Ce jour-là, direction Saint-Blaise, un village proche de Neuchâtel touché par l’orage du 15 juin. Irène Gachoud, qui est chargée de l’expertise avec un autre collègue maraîcher, Christian Fasel, est souvent venue dans cette région avec Suisse Grêle.
«Avec les premiers reliefs du Jura d’un côté et le lac de Neuchâtel de l’autre, les conditions sont réunies pour que les orages gonflent et progressent vers le nord en suivant le Jura», explique l’experte.
L’examen portera sur un nombre limité d’espèces de légumes, ce qui est plutôt rare. «Dans certaines expertises maraîchères, j’ai dû évaluer jusqu’à 50 espèces, ce qui nécessite de larges connaissances. Aujourd’hui, ce sera plus simple avec seulement des choux de Bruxelles, des choux rouges et des oignons», relève Irène Gachoud.
Une sensibilité élevée
Les deux experts annoncent d’emblée que les dommages seront inscrits en provisoire. Autrement dit, ils repasseront pour finaliser leur évaluation après les récoltes, car il peut se passer encore beaucoup de choses d’ici là.
Les légumes sont très sensibles à la grêle. «Une salade trouée, même si elle est encore mangeable, ne correspond plus visuellement aux critères des consommateurs et ne sera plus commercialisable», relève Christian Fasel.
«Ça dépend en grande partie du débouché. En vente directe, un légume abîmé peut trouver preneur, mais pas en supermarché. En tant qu’experts, on se doit de rester aussi impartiaux que possible dans notre évaluation», précise bien sa collègue.
Feuilles trouées
Au premier regard, les plantes n’ont pas l’air particulièrement mal en point. Mais quand on les observe de plus près, on aperçoit sur certaines feuilles des trous plus ou moins grands. Ce sont les impacts des grêlons.
Ces trous vont réduire la capacité de la plante à faire sa photosynthèse, ce qui va diminuer la taille du végétal et pénaliser le rendement de la culture. «C’est cela qu’on tente d’évaluer aujourd’hui», résume Christian Fasel.
Dans les choux
«On est étonné de voir la capacité qu’ont certains légumes à repartir quelques jours après la grêle. C’est pourquoi il ne faut jamais venir expertiser le jour d’après», ajoute Irène Gachoud. Une seconde visite est donc programmée peu avant la récolte dans le but d’évaluer le dommage effectif et de permettre à l’agriculteur de décider s’il veut ou non se faire indemniser.
Si les choux de Bruxelles n’ont pas été trop touchés, les choux rouges accusent davantage le coup. Certaines plantes présentent des feuilles de base sectionnées, alors que d’autres sont encore pliées et à terre.
«Ces plantes vont dépenser de l’énergie et du temps pour se redresser. Autant de force qui ne sera pas utilisée pour faire croître les choux», constate Christian Fasel.
Attention à la pourriture
Il faudra revenir là aussi avant la récolte pour estimer l’état final des pertes. C’est essentiel que le producteur sache à quoi s’en tenir. «Dans le maraîchage, il faut être très flexible, car le marché dicte les prix et si l’on n’est pas réactif, on loupe des opportunités.»
Pour la dernière expertise du matin, nous nous rendons sur une parcelle d’oignons, une espèce qui est spécialement sensible à la grêle. Lorsqu’un grêlon casse une des feuilles du milieu, cela crée une voie vers l’intérieur de la plante et un risque d’infiltration d’eau vers le bulbe.
«C’est une porte d’entrée pour le mildiou et le mildiou, c’est la mort de l’oignon, note Christian Fasel. La pourriture reste souvent invisible à la récolte, car elle se situe sur l’une des couches internes de l’oignon, et ça, c’est un problème pour un légume de garde.»
Légère baisse de volume
Par chance, une grande majorité des plantes n’ont pas été touchées au centre et devraient échapper au risque de pourriture. Quant aux pertes de feuillage constatées ici ou là, elles ne devraient entraîner qu’une légère baisse de volume à la récolte.
«Lors de notre deuxième passage à la mi-août, on sortira deux mètres carrés d’oignons que l’on pèsera et coupera en deux pour voir leur qualité interne», conclut Christian Fasel.
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