Les seringats, pour parfumer délicatement les jardins de juin

Durant le mois de juin, les floraisons atteignent leur apothéose, avec la plupart des roses bien sûr, mais aussi les hémérocalles ou le sureau. De plus en plus appréciés, les seringats aussi embaument les jardins.
17 juin 2025 Isabelle Erne
Seule espèce européenne, Philadelphus coronarius est particulièrement parfumé.
© Isabelle Erne
Seule espèce européenne, Philadelphus coronarius est particulièrement parfumé.
© Isabelle Erne

La syrinx des oiseaux, la seringue de la médecine et le seringat des jardiniers ont la même origine: un mot grec qui désignait un roseau coupé et évidé, et par extension le tuyau ou la flûte que l’on pouvait réaliser avec. Le seringat doit ainsi son appellation francophone usuelle à ses rameaux, emplis d’une moelle que l’on peut facilement extraire pour en faire une seringue ou un sifflet.

Une caractéristique qu’il partage cependant avec bien d’autres arbustes – le sureau, notamment. En fait, avant Linné, le nom latinisé Syringa était utilisé pour désigner divers arbustes à fleurs parfumées, en particulier le lilas, le seringat et le jasmin d’Arabie. Mais Linné retint ce nom pour désigner le genre des lilas, attribuant aux seringats celui de Philadelphus et aux jasmins, Jasminum.

Citronnelle sauce romande

Le français de France reconnaît une dizaine de «citronnelles» dans le monde végétal. Certaines sont familières à la plupart des jardiniers, telles celles que l’on appelle aussi mélisse (Melissa officinalis) ou verveine (Aloysia citriodora). Moins cultivés, l’aurone (Artemisia abrotanum), dont la senteur se mêle de notes salées, de thé fumé, ou le géranium Pelargonium citronellum sont également volontiers nommés «citronnelles».

C’est le cas aussi de la poignée de Cymbopogon utilisés dans les cuisines orientales, africaines et asiatiques. Mais il est une citronnelle connue des seuls Romands: l’arbuste qui, pour les Français, est un seringat (ou seringa: le «t» est facultatif)! Les arbustes, plutôt, car le genre Philadelphus compte nombre d’espèces et de plus en plus de variétés.

Un classique renouvelé

Si l’on dénombre une cinquantaine d’espèces de Philadelphus de par le monde, elles sont en majorité américaines, une bonne poignée d’entre elles sont asiatiques (dont P. pekinensis qu’on commence à trouver dans le commerce)… et une seule est originaire d’Europe! Ce Philadelphus coronarius, natif des Balkans, fut longtemps le seul cultivé dans nos jardins. Mais en 1884, le Français Victor Lemoine parvint à l’hybrider avec P. microphyllus, une espèce originaire du nord du Mexique.

De nombreuses autres hybridations ont été réalisées depuis, et les efforts des obtenteurs tendent désormais vers l’obtention de variétés compactes, à port particulier (façon bambou comme ‘Illuminati Tower’ ou très pleureur), une floraison prolongée, des senteurs différentes (le frileux seringat du Mexique sent la rose!) ou des fleurs roses, comme, grande première, ‘Petite Perfume Pink’.

Pour bien choisir son arbuste

Les seringats font partie des plantes pour lesquelles les erreurs d’étiquetage sont courantes: si l’on tient à avoir telle variété à fleurs doubles, ou touchées de carmin, ou très parfumées, mieux vaut choisir son plant en fleurs. Mais ces arbustes, très semblables les uns aux autres à première vue, se distinguent par d’autres caractéristiques, importantes au jardin.

Les dimensions, tout d’abord: certains ne dépassent guère un mètre, même sans taille, quand d’autres atteignent facilement trois mètres, voire davantage quand ils peuvent s’appuyer contre un arbre. Le port, ensuite: les uns montrent une végétation solidement érigée, quand d’autres ont des rameaux naturellement retombants – ou tendent à s’écrouler s’ils ne sont pas taillés. Enfin, alors que certaines variétés produisent de forts rameaux, d’autres ne font que des brindilles.

Une senteur à déguster

L’huile de citronnelle que l’on utilise pour tenir les moustiques à distance n’a rien à voir avec les seringats: elle est tirée de graminées du genre Cymbopogon. La senteur des fleurs de notre «jasmin des poètes» est en revanche employée dans l’industrie du parfum, même si ses notes y sont synthétiques; on la rencontre essentiellement dans des fragrances féminines, comme «Eau Belle».

En recette maison, on peut employer quelques feuilles ou fleurs en guise de savon. Ou, si l’on est patient et qu’on dispose d’un arbuste de bonne taille, généreusement fleuri et parfumé, utiliser les pétales pour concocter un sirop de seringat: les fleurs de ces arbustes sont en effet comestibles.

Comment les cultiver?

Spectaculaires et (plus ou moins) odorants en fleur, les seringats se font plutôt discrets le restant de l’année. S’ils s’intègrent bien dans les haies, les groupes d’arbustes, il vaut donc mieux éviter de les utiliser de manière isolée à l’emplacement le plus en vue du jardin – à moins d’opter pour une variété à feuillage coloré, comme le doux ‘Variegatus’ ou le très lumineux ‘Aureus’, capables de jouer longtemps les vedettes tout en mettant en valeur la floraison d’autres stars: glycines en arbre, rosiers, iris, pivoines…  Accommodants, les seringats prospèrent au soleil comme à mi-ombre; ils sont même capables de fleurir à emplacements assez ombragés. Bien rustiques pour la plupart, ils s’accommodent de tout sol ordinaire, même assez sec une fois installés, et supportent bien la taille.

Envie de partager cet article ?

Achetez local sur notre boutique

À lire aussi

Accédez à nos contenus 100% faits maison

La sélection de la rédaction

Restez informés grâce à nos newsletters

Icône Boutique Icône Connexion