Comment alléger la facture énergétique des exploitations?
Face aux factures d’électricité et de chauffage et devant la pompe à essence, plus d’un Suisse se gratte la tête. La crise énergétique pèse sur les familles et les ménages agricoles ne sont pas épargnés. Ce n’est qu’une moyenne, mais elle donne une assez bonne idée du défi auquel font face les paysans.
La consommation électrique d’une ferme équivaut à celle de quatre ou cinq foyers, à laquelle il faut ajouter 4000 litres de diesel et autres combustibles fossiles par an, selon les chiffres articulés par l’Union suisse des paysans. La fourchette peut toutefois être large (lire l’encadré). «Chaque filière et chaque exploitation ont leurs particularités», précise Claude Gallay, responsable de la thématique «Construction et technique agricole», auprès de la centrale de vulgarisation agricole Agridea.
L’inquiétude des éleveurs
Évaluer l’impact de la crise sur les entreprises agricoles s’avère complexe à plus d’un titre. «On parle beaucoup d’énergie directe, soit la consommation électrique ou le diesel, relève Nathanaël Gobat, ancien directeur de l’association AgroCleanTech et désormais expert indépendant. Mais il y a aussi des répercussions indirectes: la crise conduit à un renchérissement du prix des engrais ou de l’alimentation du bétail.
L’ammoniac, composé important dans les engrais fabriqués à partir d’hydrogène craqué du gaz naturel, a par exemple doublé entre 2021 et 2023.»Preuve que cette évolution inquiète dans le milieu, les éleveurs bovins ont demandé une hausse de 1 à 2 centimes du prix par litre de lait, pour aider à faire face à cette période compliquée.
«Je comprends que le message politique est porteur, mais je regrette que l’accent ne soit pas plus mis sur la thématique de la réduction des coûts de production, poursuit Nathanaël Gobat. Pour une exploitation qui produit 200’000 litres de lait, 2 centimes représentent 2000 francs. On peut facilement réaliser une telle économie en réduisant les coûts énergétiques.»
Définir un plan d’action
Pour ce faire, l’association a lancé en 2019 le conseil énergétique agriPEIK. Soit un bilan en deux phases: chaque producteur peut bénéficier d’un conseil d’orientation gratuit après avoir rempli un questionnaire en ligne. «Sur cette base, on peut effectuer une première estimation de l’efficience énergétique et du potentiel d’économies, explique ainsi Claude Gallay. Selon les résultats, nous pouvons ensuite proposer un audit détaillé, afin de définir un plan d’action.»
Les premiers gestes sont simples et relativement peu coûteux. «Un boiler mieux isolé permet déjà de réaliser des économies, observe Nathanaël Gobat. Mais la plupart des mesures sont difficilement rentables avant dix ans. Pour du photovoltaïque solaire, on atteint vite un investissement de 10’000 francs pour une rentabilité à douze à quinze ans.»
Aides financières possibles
D’où l’importance d’être bien conseillé. «Il ne faut pas sous-dimensionner l’installation: les outils vont devenir de plus en plus techniques et il faut anticiper cette évolution. Mais tout couvrir de panneaux, au risque de doubler le temps nécessaire pour rentabiliser l’infrastructure, alors que le coût au kWh fluctue, n’est pas non plus une solution.»
Les subsides existent pour accompagner les paysans dans cette transition. AgroCleanTech a ainsi mis en place avec ses partenaires plusieurs programmes pour soutenir l’amélioration des nids à porcelets, l’augmentation de l’efficacité énergétique en cave ou le remplacement des chauffe-eau classiques par des appareils plus performants.
Des mesures financées par différentes sources, dont l’Office fédéral de l’énergie, via le programme ProKilowatt. Une kyrielle d’investisseurs se sont également engouffrés sur le marché du renouvelable. Pas facile de s’y retrouver. «C’est là tout l’intérêt d’une plateforme indépendante comme AgroCleanTech et d’un conseil d’orientation spécifique, adapté à la réalité de chaque exploitation», souligne Claude Gallay.
À chaque filière ses besoins
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www.agrocleantech.ch
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