Un outil intelligent identifie les papillons suisses en un clic
À l’âge de 8 ans, Michel et Vincent Baudraz utilisaient un petit livre pour enfants pour reconnaître les papillons qu’ils observaient dans la nature. Quarante ans plus tard, les deux frères sortaient un guide complet d’identification, ainsi qu’un site internet, lepido.ch, rassemblant de nombreux outils et conseils dans ce domaine.
En juin dernier, ils sont allés encore plus loin en proposant un outil intelligent inédit, permettant l’identification automatique de 226 papillons de jour et zygènes de Suisse.
Difficiles à identifier à l’oeil nu
«Malgré la documentation existante, des espèces restent difficiles à différencier à l’œil nu, comme l’hespérie de la mauve et de l’aigremoine, toutes deux grises à points blancs. Nous voulions proposer un moyen rapide, fiable et gratuit de les distinguer», déclare Michel Baudraz, directeur de l’Association de la Grande Cariçaie.
Désormais, il suffit d’importer un ou plusieurs clichés de l’individu, depuis un ordinateur ou un smartphone. En moins de deux secondes, un résultat sous forme de liste avec différents niveaux de confiance (exprimés en%) est proposé. Particulièrement précis, l’algorithme prend en compte les différences entre mâles et femelles, les sous-espèces, l’orientation du spécimen ou encore de la lumière.
Les connaître pour les protéger
Pour ce faire, les Vaudois ont collecté, trié et vérifié manuellement près de 400 000 images pendant trois ans, soit en moyenne 2000 photos par espèce. «C’était un travail énorme, mais nécessaire. Aujourd’hui, la plupart des outils d’intelligence artificielle sont biaisés, car il existe moins de clichés des espèces rares, et parfois des fautes. Il faut bien entraîner le système pour qu’il soit performant.
Désormais, la qualité atteint un niveau inégalé, tout en étant peu gourmande énergétiquement», affirment ceux qui ont collaboré avec l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage, le centre Info Fauna et l’entreprise Biolovision. En parallèle, un algorithme «d’écologie» a été créé, avec des données telles que la région, l’altitude ou encore les périodes d’observation de chaque espèce, afin de les croiser avec la position GPS et la date de l’image.
Depuis la mise en ligne, 300 visites par jour en moyenne sont comptabilisées. La plateforme s’adresse autant aux spécialistes, par exemple dans le cadre de monitorages, qu’au grand public. «Aujourd’hui, la moitié des papillons de jour du pays sont considérés comme menacés ou potentiellement menacés. Notre but est que la population s’y intéresse et apprenne à les aimer, afin de mieux les protéger.»
+ D’infos lepido.ch/id
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