Quand les revêtements routiers amènent de la fraîcheur

Du bitume à base d'écorce de noix de cajou, d'une teinte moins sombre qu'un enrobé traditionnel: à deux pas de Berne, on teste une route d'un nouveau genre afin de limiter les îlots de chaleur.
5 mai 2025 Clément Grandjean

La commune bernoise de Köniz lance un projet pilote innovant pour lutter contre les îlots de chaleur urbains. Sur un tronçon de la Waldeggstrasse, une rue particulièrement exposée lors des chaudes journées d’été, des revêtements routiers dits «rafraîchissants» sont testés afin d’améliorer le confort thermique et de s’adapter aux effets du changement climatique.

Entre le printemps et l’automne 2025, différents matériaux seront posés sur trois surfaces de 100 m² chacune. Ce chantier s’inscrit dans la foulée d’un projet conjoint de l’Office fédéral de l’environnement et de l’Office fédéral des routes intitulé «Revêtements routiers sans surchauffe».

Approche innovante

Il repose sur l’hypothèse que certains enrobés, par leur couleur claire ou leur composition, réfléchissent davantage le rayonnement solaire et conservent moins la chaleur que l’asphalte traditionnel. La composition elle-même des revêtements utilisés dans la banlieue de Berne est unique en son genre.

Sur certains tronçons, on remplace en effet le liant conventionnel à base de pétrole par un matériau biosourcé issu de coques de noix de cajou, développé par la jeune entreprise allemande B2Square. La couche de roulement, elle, est réalisée avec des granulats clairs issus de trois roches différentes.

Des mesures en temps réel

Lorsque les travaux seront terminés, il s’agira d’analyser la performance thermique des divers revêtements en conditions réelles. La température de surface sera mesurée automatiquement durant l’été à l’aide de capteurs fixés à trois mètres de hauteur.

Ces données permettront de comparer l’efficacité de chaque enrobé en fonction de sa composition et de sa teinte. En parallèle, une enquête sera menée auprès des riverains pour recueillir leur ressenti concernant l’évolution du climat de rue.

Impact sur la santé

Si cette mesure attire déjà l’attention bien au-delà des limites cantonales, il faudra attendre pour connaître son impact. Il faut dire que le bénéfice pourrait être significatif: les études menées à Berne et à Sion par le National Centre for Climate Services de la Confédération montrent qu’un revêtement routier plus clair peut permettre d’abaisser leur température en plein soleil de 6°C.

Cette expérience grandeur nature illustre les nouveaux enjeux de la planification routière et urbanistique: l’effet d’îlot de chaleur constitue une menace pour la santé humaine et pose un défi de plus en plus grand aux villes et aux agglomérations densément peuplées. Dans ce contexte, chaque degré gagné est une petite victoire.

+ d’infos nccs.admin.ch

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