La moissonneuse-batteuse géante qui abat le travail de deux machines
En cette journée estivale, la campagne est en pleine effervescence. C’est la saison des moissons et l’on aperçoit un peu partout dans les champs des moissonneuses-batteuses dont le but, en cette période cruciale, est d’avaler autant d’hectares que possible dans les courtes fenêtres météorologiques à disposition.
Dans ce contre-la-montre, l’entreprise Domaine Forestier SA a un atout de taille: sa moissonneuse-batteuse à haut débit dernière génération, la Fendt IDEAL 8T. «Ce type de machine est plutôt rare dans nos contrées, c’est même la seule dans le canton de Vaud, dit Frank Forestier, qui a repris la gestion de l’entreprise familiale à son père Michel en 2020. C’est gros pour la Suisse. Dans les grands pays céréaliers, un modèle de ce type fait facilement 1000 hectares par saison, alors qu’ici, en comptant les travaux pour tiers, on arrive à un peu plus de 200.»
Rendement doublé
Basée près de Grandson, l’entreprise regroupe un centre collecteur, un moulin fourrager et un domaine de 90 hectares en culture céréalière. En parallèle, elle met à disposition ses services de battage pour tiers pour amortir son investissement et faire profiter sa clientèle de la qualité de travail de la machine. La tarification dépend de la région. «En Suisse alémanique, on va tourner autour des 450 francs par hectare pour fournir la prestation, alors qu’on est plutôt à 300 francs par hectare dans notre région», précise Frank Forestier.
Vue de face, avec sa table de coupe de 7,70 m de large et ses chenilles géantes, la machine a un air presque menaçant. Frank Forestier ne cache pas son plaisir quand il nous donne les spécificités techniques de son engin. «On a remplacé nos deux moissonneuses par ce modèle high-tech qui a un débit de chantier équivalant aux deux anciennes. La nouvelle a un rendement maximal de 5 hectares à l’heure contre 1,5 à 2 hectares à l’heure pour les anciennes», relève l’agriculteur.
En chiffres
404 kW (549 chevaux), la puissance du moteur.
2 rotors batteurs-séparateurs Dual Helix de 4,84 m de long et 600 mm de diamètre.
1,66 m², la surface de contre-batteur.
140 l/s en standard (jusqu’à 210 l/s en option), le débit de vidange.
De 7,7 m à 10,7 m, la largeur de la barre de coupe. De 3,3 à 3,5 m (hors barre de coupe), la largeur en transport.
Plus de 500 000 francs selon les options, le prix de la Fendt IDEAL 8T.
Ménager les sols grâce aux chenilles
C’est une moissonneuse à double rotor, chaque rotor faisant 600 mm de diamètre. «Cette grande taille favorise la qualité de la paille. C’est une machine conçue spécifiquement pour les exploitations qui veulent valoriser la paille pour leurs bovins», explique-t-il.
La trémie à grains a une capacité de 12 500 litres, avec vidange complète en 90 secondes. «Une grosse trémie offre l’avantage de ne pas avoir à s’arrêter au beau milieu d’une parcelle pour vidanger. Mais les années humides, on ne la remplit pas entièrement pour éviter une pression trop forte sur le sol», relève Frank Forestier. C’est d’ailleurs par crainte de compacter trop les sols que les Forestier ont opté pour des chenilles. «On divise ainsi la compaction par trois au centimètre carré.»
Centre névralgique
Perchée à 2,5 m de hauteur, la cabine est le centre névralgique de ce monstre d’acier. Dans un environnement insonorisé et climatisé, le pilote gère la conduite tout en surveillant d’autres paramètres par écrans interposés. Pour tourner, il suffit d’appuyer sur un bouton: la machine baisse le rabatteur, lève la barre de coupe et, grâce à la cartographie GPS de la parcelle et la distance qui aura été préprogrammée, accomplit son virage en douceur, avant de se relancer dans une nouvelle ligne.
Quantité et qualité du grain, rendement de battage, taux d’humidité: toutes les données récoltées par un réseau de capteurs et une caméra sont enregistrées et peuvent être exportées pour produire des cartes de productivité parcellaire. Si ces performances réjouissent Frank Forestier, il reste toutefois prudent sur l’automatisation. «L’œil humain reste très important, c’est lui qui nous permet de ne pas perdre l’expérience et d’assurer la qualité», conclut-il.
Comment ça marche
La Fendt IDEAL 8T – aussi commercialisée sous le logo Massey Ferguson, les deux marques appartenant au même groupe – possède des systèmes spécialisés qui permettent de traiter séparément la paille et le grain. Deux rotors battent la récolte de façon délicate, séparant le grain des autres végétaux en limitant les pertes et les dommages. Les grains sont ensuite transportés vers des tables de récupération qui répartissent le mélange de grains et les menues pailles pour optimiser la séparation. Un système de nettoyage à air haute pression élimine les matières légères pour obtenir un grain plus propre. Des capteurs et des caméras permettent de surveiller la qualité du grain en temps réel et d’ajuster les réglages pour maximiser la propreté et limiter la casse. Une fois séparée du grain, la paille traverse le rotor, puis est dirigée vers l’arrière de la machine. Elle peut être soit déposée en andain pour la collecte ou le pressage, soit broyée et éparpillée finement sur le champ. Un broyeur, réglable depuis la cabine, permet de choisir la longueur et la répartition.
+ D’infos masseyferguson.com