FarmX: le Airbnb des machines agricoles cartonne

La plateforme de location d'outils spécialisés, créée en 2018, est aujourd'hui utilisée par des milliers d'exploitants suisses. Elle leur permet de disposer d'un matériel dernier cri sans s'endetter.
27 novembre 2025 La Rédaction
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Pouvoir profiter des meilleurs équipements pour prendre soin de ses champs, à moindre coût et en seulement quelques clics: en 2018, des agriculteurs jurassiens ont trouvé une solution, qui a depuis séduit leurs confrères. FarmX, plateforme de location de machines soutenue par l’Office fédéral de l’agriculture, comptabilise aujourd’hui plus de 100 000 emprunts d’andaineurs, de pendillards ou encore de herses étrilles.

Transparence garantie

Plus de 6000 exploitants – soit environ 13% des agriculteurs du pays – l’emploient régulièrement pour réserver les outils dont ils ont besoin, par le biais de leur téléphone ou de leur ordinateur. FarmX s’est même allié en août à l’entreprise GVS Agrar, leader dans le domaine des techniques agricoles, afin de conquérir d’autres producteurs helvètes. Si un tel projet a vu le jour dans le Jura, ce n’est pas un hasard. Ce canton est pionnier dans la mise en commun des ressources techniques. Il s’est inspiré en partie des pratiques de la France voisine. Avant la généralisation des ordinateurs, les coopératives d’utilisation de machines agricoles (CUMA) répartissaient les engins en fonction des besoins de chacun, depuis parfois des décennies. Forte de 22 membres, celle de Bourrignon (JU) s’est toutefois rapidement ralliée à FarmX.

Toujours à la pointe

Rémy Koller, ex-président de cette coopérative, se souvient qu’il a fallu convaincre certains collègues attachés au papier et aux prêts «à la bonne franquette» pour une version numérique de location de leurs engins. Mais FarmX a rapidement montré ses atouts et est devenu un outil indispensable au bon fonctionnement des exploitations. «Cette plateforme facilite le travail du caissier et les démarches administratives comme la facturation, souligne l’agriculteur. On sait où sont les machines en temps réel, en totale transparence. Dans certaines fermes jurassiennes, le paysan n’a parfois plus que son propre tracteur, préférant louer le reste de son équipement.»

Le coût des engins s’envole. Il faut les utiliser au-delà de son exploitation pour rentabiliser ces investissements.

Face au succès du partage des machines, le hangar de la CUMA de Bourrignon vient d’être agrandi, afin de pouvoir stocker à l’abri tous les modèles, souvent disponibles à double pour répondre aux demandes qui arrivent fréquemment en même temps, dès que les fenêtres météo favorables aux récoltes se présentent. «Le parc machines évolue rapidement en agriculture, poursuit Rémy Koller. Le désherbage mécanique est par exemple en constante évolution, les normes changent souvent, parfois tous les deux ans. Si on devait s’équiper individuellement chaque fois, ce serait impossible.» À cela s’ajoute le fait que le coût des machines, de plus en plus sophistiquées et efficaces, s’envole. «Certaines dépassent allègrement les 30 000 francs, note Michel Darbellay, qui était directeur d’AgriJura au moment du lancement de FarmX. Pour atténuer le coût de ces investissements, il faut qu’elles soient utilisées plus largement que pour notre seul voisin. En lançant cette plateforme sur le modèle de Airbnb ou de Mobility, on voulait susciter une réflexion générale sur le prêt des outils et provoquer un déclic. Apparemment, c’est réussi!»

Comment ça marche

Accessible depuis un smartphone, un PC ou une tablette, FarmX se veut une solution simple et accessible à tous, via une application et en ligne. Une fois inscrit sur la plateforme, chacun peut publier ses machines, déterminer des conditions de location, gérer les plannings d’utilisation, saisir les données et effectuer les décomptes. Un rabais de quantité est par ailleurs accordé à partir de cinq machines effectivement louées.

Avenir au-delà des frontières

Aujourd’hui, la plateforme est employée aussi bien en Romandie qu’au Tessin ou en Suisse alémanique, où des Maschinenring – l’équivalent des CUMA – existent également. «On se rend compte que ce service répond à une vraie demande. De simples agriculteurs ou des groupements d’exploitants peuvent nous faire part de leurs remarques pour faire évoluer le système, se réjouit l’actuel directeur d’AgriJura, François Monin. Avec le partenariat avec l’importateur GVS Agrar, qui possède entre autres la marque Hadorn, FarmX a pu se développer et s’améliorer. Cette alliance avec ces professionnels est une reconnaissance de l’utilité de ce service en Suisse.»

À terme, il espère que d’autres clients rejoignent le mouvement et adoptent le réflexe de louer une machine plutôt que de l’acquérir. François Monin voit encore plus grand. «Cette plateforme pourrait se développer à l’étranger, en France notamment, annonce-t-il. Des questions juridiques et liées aux assurances des machines et de leurs utilisateurs se posent encore, mais notre système est efficace et il suscite déjà de l’intérêt au-delà de nos frontières.»

Plus d’infos : farmx.ch

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