Ecorobotix: le fleuron du désherbage de précision

L'entreprise vaudoise Ecorobotix propose un pulvérisateur de haute précision qui permet une utilisation efficiente des produits phytosanitaires. L'appareil suscite un intérêt mondial.
27 novembre 2025 La Rédaction
© Terre&Nature
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À première vue, cela ressemble à un pulvérisateur classique, accroché à l’arrière d’un tracteur. Mais en s’approchant, on distingue des caméras, des capteurs, et une enfilade de buses qui crépitent comme un orchestre invisible. Dans les champs d’endives de Penthéréaz, Lionel Fasel sourit: «C’est comme si je traînais un ordinateur derrière mon tracteur.» L’agriculteur de 27 ans qui dirige, avec son père Christian et son frère Maxime, Fasel travaux agricoles SA, était l’un des premiers en Suisse romande à utiliser ARA, le pulvérisateur de précision mis au point par Ecorobotix, une scale-up basée à Yverdon-les-Bains.

ARA repose sur un principe simple que l’on peut résumer en trois mots: détecter, décider, agir. Les caméras embarquées scrutent le sol, un logiciel d’intelligence artificielle distingue la culture des adventices, et chaque buse libère une micropulvérisation de produit phytosanitaire exactement à l’endroit voulu. «C’est un gain de temps énorme, et surtout une économie colossale de produits», explique Lionel Fasel. Sur ses parcelles, il a divisé par dix la quantité de bouillie utilisée, passant de 200 à 20 litres par hectare.

L’œil numérique contre le rumex

Les résultats se voient vite: deux semaines après un passage, les rumex et chardons flétrissent, alors que les endives poursuivent leur croissance sans dommage. «À la main, il nous faudrait une journée entière pour nettoyer un pré. Avec ARA, une demi-heure suffit, et dix fois moins de produit», poursuit le jeune exploitant. La précision, de l’ordre de six centimètres, évite aussi de toucher les plantes voisines et réduit la dérive de pulvérisation de 95%.

À la main, il faut une journée pour nettoyer un pré. Avec ARA, une demi-heure suffit.

Dans un contexte où les herbicides sont de plus en plus encadrés, la technologie séduit. Moins de pesticides, c’est moins de risques pour la santé des sols, plus de biodiversité et une agriculture qui répond aux attentes de la société. Ecorobotix insiste sur ce point: son pulvérisateur n’est pas seulement une innovation technologique, c’est aussi un outil pour rendre les fermes compatibles avec les réglementations environnementales de demain.

Comment ça marche

Le pulvérisateur se compose de trois parties parfaitement semblables. Chacune compte deux capteurs, évaluant la profondeur et ciblant la plante à traiter. Un total de 156 buses giclent de manière ciblée, avec une précision de l’ordre de 6 centimètres. À l’avant du tracteur, deux cuves – l’une de 200 et l’autre de 500 litres – permettent de refaire une préparation de bouillie dans le champ. Le système est alimenté électriquement grâce à la prise de force et se contrôle via une tablette.

Un concentré de technologie

Large de six mètres, la machine travaille jusqu’à 4 hectares par heure, de jour comme de nuit. Ses trois modules abritent 156 buses au total, capables de pulvériser au centimètre près. Le système fonctionne même en cas de vent, grâce à des bâches qui protègent la pulvérisation. Depuis une tablette tactile, l’agriculteur choisit le type de culture et le mode de traitement. Le reste s’adapte automatiquement à la vitesse et aux mouvements du tracteur.

Chaque passage enrichit la base de données de l’entreprise. «Pour qu’ARA reconnaisse une nouvelle culture, il nous faut des dizaines de milliers d’images», explique Isabelle Aeschlimann, d’Ecorobotix. Grâce au deep learning, l’algorithme s’affine au fil du temps. La machine est déjà capable de traiter colza, betteraves, épinards, salades, haricots, oignons, entre autres, mais aussi les repousses de pommes de terre dans diverses cultures.

Reste la question du prix. À l’achat, la machine coûte entre 150 000 et 200 000 francs selon les options choisies. Trop élevé? «Le retour sur investissement est rapide», assure Ecorobotix, évoquant une période de deux à quatre ans selon la taille des exploitations. Dans certains cantons, des subventions viennent alléger la facture. Lionel Fasel, lui, y voit un calcul logique: «Bien sûr que c’est plus cher qu’un traitement classique, mais la précision et la réduction des intrants compensent.»

Le futur du désherbage?

Dans les champs vaudois, Lionel Fasel n’a pas de doute. «Pour moi, c’est l’avenir. On ne peut pas continuer à épandre à grande échelle, tout le monde le sait. Avec ARA, on garde nos rendements, on respecte l’environnement et on gagne du temps.» Un discours que l’on retrouve de plus en plus souvent chez les jeunes agriculteurs, sensibles aux enjeux écologiques mais aussi pragmatiques face aux réalités économiques.

Le désherbage de précision selon Ecorobotix n’est pas qu’un gadget technologique, mais une nouvelle manière d’envisager le rapport entre l’homme, la machine et le champ. Une façon d’aller vers une agriculture plus durable, sans renoncer à la performance.

Plus d’infos: ecorobotix.com

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