CleanGreens Solutions: des plantes qui poussent les racines en l'air

CleanGreens Solutions a développé un système de culture automatisé basé sur l'aéroponie, une méthode de culture qui permet des économies d'eau et de produits phytosanitaires.
27 novembre 2025 La Rédaction
© T&N
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Et si les salades poussaient mieux les racines en l’air? C’est ce que propose l’aéroponie, une technique de culture hors sol qui permet d’économiser notablement l’eau et de réduire les risques sanitaires, sans aucun pesticide. Il y a quelques années, CleanGreens Solutions, une entreprise vaudoise certifiée B Corp, a décidé de «révolutionner» cette technique en développant son propre système pour cultiver sous serre, toute l’année, des salades et herbes aromatiques sans pesticides.

À la base de son business model, un constat simple: en Suisse, les cultures en plein champ d’herbes aromatiques et de salades sont limitées à la belle saison. Le reste de l’année, ce sont des importations qui permettent d’alimenter les rayons des supermarchés. «L’idée, explique Martina Denti, Business Developer chez CleanGreens Solutions, est d’offrir aux maraîchers la possibilité de produire des légumes feuilles 365 jours par an, indépendamment des conditions climatiques, et d’approvisionner les consommateurs en produits locaux toute l’année.»

Pionnier à Genève

Jeremy Blondin, maraîcher et directeur du Domaine des Mattines à Perly, dans la campagne genevoise, s’est laissé convaincre par le gain de productivité que cette solution hautement automatisée lui permet de réaliser. Il a été le premier à installer le système Greenova en Suisse. Les 500 mètres carrés de serre qu’il a équipés lui permettent de produire des herbes aromatiques et environ 60 000 salades par année, soit dix fois plus qu’une production en maraîchage traditionnel, selon ses estimations. Les plantes sont disposées sur de grandes plaques blanches qui comportent des trous dans lesquels les végétaux ont été «plantés» sur des substrats. Sous les plaques pendent les racines qui sont régulièrement pulvérisées par un robot d’irrigation mobile distillant une solution nutritive à base d’eau enrichie en minéraux et éléments essentiels.

On utilise moins de dix litres d’eau pour produire un kilo de salade, contre deux cents en pleine terre.

Moins d’eau et de risques phytosanitaires

Le système fonctionne en circuit fermé: l’excédent de solution nutritive ruisselle le long des racines, puis il est recueilli dans des bacs, avant d’être filtré, désinfecté, puis réinjecté dans le système. Cette technique permet d’économiser jusqu’à 96% d’eau par rapport à la culture en plein champ. «On a calculé qu’il faut à peu près 200 litres d’eau pour un kilo de salade à l’extérieur, alors qu’ici on utilise moins de dix litres pour faire la même quantité. Ce n’est pas que la salade consomme moins d’eau, c’est qu’on réutilise la totalité de l’eau injectée dans le système», se réjouit Jeremy Blondin.

Comment ça marche

L’installation aéroponique développée par CleanGreens Solutions se démarque par sa flexibilité. Au lieu de buses immobiles sous les lignes de culture, le robot d’irrigation se déplace et gicle les racines suivant les paramètres (fréquence, quantité…) programmables par le biais d’une application. Le système développé par la start-up permet à un robot de travailler une ligne de culture allant jusqu’à 12,8 m de large pour 80 à 90 m de long.

Autre avantage, l’aéroponie permet de réduire les risques phytosanitaires. Le secret? La circulation d’oxygène. Le fait d’être dans une serre offre la possibilité de gérer le climat et de réduire la pression des maladies fongiques mais pour que cela fonctionne il faut avoir des variétés de salades adaptées. «Si on a besoin d’intervenir, on utilise des produits labellisés par le FiBL», précise le maraîcher.

Le maraîcher genevois constate que les salades qu’il produit aujourd’hui sont plus grosses et de meilleure qualité que celles qu’il produisait lorsqu’il était en hydroponie, une autre méthode de culture hors sol où les racines des plantes baignent dans une solution nutritive liquide. «Le seul bémol, c’est qu’on n’arrive pas à valoriser la qualité de nos salades au niveau du prix», déplore-t-il. La culture aéroponique ne peut en effet pas être labellisée bio, le label au bourgeon n’autorisant que la culture de légumes en pleine terre. Et il n’y a plus de terre en aéroponie…

De nouveaux débouchés

L’entreprise ne se limite pas à la Suisse: installé dans plusieurs pays (France, Allemagne…) son système s’adapte aux climats extrêmes, comme au Moyen-Orient où un site pilote de 7500 mètres carrés a convaincu l’opérateur GreenLife, un acteur majeur de l’innovation agricole au Koweït, d’ajouter 16 500 mètres carrés supplémentaires dans le but de renforcer la sécurité alimentaire dans la région et de réduire drastiquement la consommation d’eau et de terres par rapport à l’agriculture traditionnelle. Grâce à ce projet hors-norme, CleanGreens se distingue en devenant la société à avoir fourni la technologie derrière la plus grande serre aéroponique au monde.

Plus d’infos : mattines.ch;
cleangreens-aeroponics.com

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