Quand le Rhône met ses méandres à nu
Un flot enserré par un canyon de vase d’un brun presque noir, jonché ici et là de troncs et de branchages: durant une dizaine de jours, c’est un tableau inhabituel qui s’offrait au regard de qui longeait le Rhône à la sortie de Genève.
En cause, une opération menée tous les trois ou quatre ans par les exploitants des barrages situés sur le Rhône entre Lyon et Genève. Côté suisse, ce sont les Services industriels de Genève (SIG) qui sont à la manœuvre: en ouvrant les vannes du barrage de Verbois, le niveau du fleuve baisse de 10 à 12 m. L’objectif? Laisser le courant évacuer les sédiments accumulés dans le Rhône afin de limiter les risques de crue en centre-ville.
Impact environnemental
Aurélie Descloux a suivi les trois dernières vidanges du Rhône. Formée à la photographie de presse au sein de l’agence Rezo, la Genevoise souhaite retranscrire à la fois le côté visuel saisissant de l’opération et les questions qu’elle suscite.
«Je suis préoccupée par l’impact environnemental de cet abaissement. J’ai été impressionnée par le calme ambiant: il n’y a presque pas d’animaux sur le limon, à part quelques cygnes et canards.» Lunaire, la scène a été de courte durée: en début de semaine, le Rhône avait retrouvé son niveau habituel.

Branches, troncs, limon, sable et gravier, les sédiments accumulés sur les rives du Rhône augmentent le risque de crue en ville de Genève.

Le niveau du fleuve baisse de 10 à 12 m au fil de l'opération.

La photographe joue sur les cadrages et les symétries pour rendre compte de la dimension inhabituelle des scènes visibles au fil du Rhône.

Une fois le limon à nu, il est peu à peu emporté vers l'aval par l'eau, dont le débit est renforcé le temps de la vidange.

Des cygnes s'ébattent dans des mares provisoires, faisant des taches claires dans un paysage lunaire.

Entre eau et limon, les textures voisinent dans des nuances de gris et de noirs.
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