Les hypnotiques fleurs liquides de Cédric Raccio
Les couleurs se mêlent dans un jaillissement comme des pigments sur une palette, un reflet polychrome sur une flaque d’eau ou le souvenir enfantin du monde vu à travers un kaléidoscope. Et puis apparaissent quelques pétales qui nous ramènent en terrain connu après une seconde de vertige: ce sont des fleurs que l’on voit, mais on les voit dans le regard de Cédric Raccio, qui n’aime rien tant qu’expérimenter pour surprendre son spectateur.
Un bouleversement intérieur
Baptisée «Métanoïa», terme qui évoque un bouleversement intérieur, cette série a été composée au gré de balades dans des jardins botaniques et des ateliers de fleuristes. Pour Cédric Raccio, pas question néanmoins de réaliser un catalogue scientifique: entre son objectif et les fleurs, une plaque de verre couverte d’un gel transparent ajoute à l’exercice une dimension aléatoire.
«J’aime manipuler les images, ajouter un geste qui me distancie de la photographie documentaire», note l’artiste. Tandis que l’on associe souvent la photo à une représentation fidèle de la réalité, Cédric Raccio choisit de lui ajouter une dimension abstraite comme un pied de nez à ce point de vue trop réducteur. Le processus n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui d’un peintre, puisqu’il crée au pinceau des mouvements qui influencent le rendu final. Un procédé étonnant et des résultats éblouissants.
Outre des tirages encadrés, l'exposition de Cédric Raccio se prolonge aussi sur d'immenses autocollants muraux de cinq mètres de long. Ou comment des fleurs devenues géantes colonisent un espace de briques et de béton.
«Magnoliaceae Magnolia X Soulangeana», ou magnolia de Soulanges, connu pour ses grandes fleurs blanches, roses et pourpres.
«Orchidaceae Phalaenopsis IV». Le travail du photographe joue aussi bien avec les couleurs et les motifs de cette orchidée qu'avec les reliefs et les bulles du gel placé entre l'appareil et la fleur.
«Liliaceae Hippeastrum». Chaudes nuances de rouge et de bordeaux pour cette fleur géante originaire d'Amérique centrale.
«Asteraceae Chrysanthemum Balthazar». Couleurs éclatantes et effet quasi psychédélique, de quoi faire mentir la réputation un peu triste du chrysanthème.
«Caprifoliaceae Lonicera Semperviren». Fleurs et feuilles de chèvrefeuille s'entremêlent dans une composition qui confine à l'abstraction.
+ D’infos «Métanoïa», Galerie du Crochetan, jusqu’au 19 décembre, crochetan.ch/event/metanoia-cedric-raccio
