Pour les propriétaires de chiens de Suisse romande, l'union fait la force
Dans la forêt derrière la tour de Gourze, Moose, jeune chienne berger allemand, trottine sur le chemin de terre, se traîne dans la boue, attrape des pommes de pin. Elle tire sur la laisse que tient Dogan Drepper, son promeneur du jour, emportée par toutes ses folies de jeunesse. Même si, légalement, celle-ci n’est requise que du 1er avril au 15 juillet dans les espaces forestiers et les prairies attenantes, afin de protéger la faune sauvage.
Cela fait partie des règles que les propriétaires de chiens doivent connaître avant d’adopter leur nouvel ami. Et avec près d’un demi-million de chiens en Suisse, il est primordial que ces règles soient connues pour que la bonne entente persiste entre bipèdes et quadrupèdes.
Clarifier les règles
Propriétaire de chien, pas un métier facile? Entre législations, éducation et cohabitation, l’association Pattes à Trac, fondée début 2025 par le retraité neuchâtelois Alain Nobs, a du pain sur la planche pour soutenir les maîtres. Pour Marc-Olivier Béguin, son vice-président, il est donc crucial de s’allier pour se soutenir. «L’idée de base, c’est de créer une plateforme pour réunir les propriétaires, et leur fournir toutes sortes de conseils, qu’ils soient d’éducation, de nutrition ou même juridiques.»
Pour ce propriétaire d’un petit jack russel blanc du nom de Kanuk, le constat est partagé par beaucoup de maîtres: «Quand vous croisez des non-propriétaires de chiens, vous vous faites souvent insulter. On nous invente des lois, on nous dit qu’on ne respecte pas les autres. L’idée est donc de clarifier les règles, et de défendre les droits des propriétaires de chiens.»
Tout le monde peut s’informer
Pattes à Trac espère grandir vite, pour profiter d’un maximum d’expériences de membres et d’une visibilité accrue. Elle vise à rassembler les propriétaires de chiens dans toute la Suisse romande, et pourquoi pas au-delà. Dès que possible, des ateliers, conférences et activités seront organisés, et le comité espère instaurer une présence régulière dans les salons, foires et autres rencontres animalières. Ainsi, les membres pourront profiter du savoir-faire de nutritionnistes, ostéopathes, ou naturopathes, et de nombreuses offres pour leurs amis à quatre pattes.
Passionnés de nos amis canins, Dogan Drepper et sa femme Laurine ont fondé l’entreprise Waaf Gang en 2024, et proposent formations et ateliers en plus d’un service de pension. Ici, les maîtres et leurs chiens sont accueillis pour les aider à s’entendre, entre eux, mais avec d’autres chiens également. Comment bien gérer la présence de son chien en entreprise, vaincre sa peur ou encore bien se préparer à l’arrivée de l’animal dans sa vie sont les thèmes abordés avec le public intéressé, qui peut être maître de chien, ou non.
Comportement canin ou agility?
L’agility est une discipline sportive qui consiste à faire passer son chien dans des obstacles tels que des tunnels ou des sauts. On trace ses débuts à l’Angleterre des années 1970, et il existe aujourd’hui de nombreuses compétitions internationales. Si les cours ne s’apparentent pas à ceux de comportement canin, l’agility peut approfondir le lien entre le chien et le maître, développer l’obéissance, la condition physique et la concentration de l’animal.
Du respect de part et d’autre
«Je trouve qu’il faut du respect et de la compréhension des deux côtés: celui des propriétaires et celui de la personne en face. Je connais mes chiens, je sais lesquels peuvent faire un peu plus peur que les autres, explique-t-il. Lorsque je croise quelqu’un, je vais rappeler mes chiens s’ils sont détachés, mais cela peut prendre quelques minutes, car ce ne sont pas des machines. Les gens doivent aussi comprendre qu’ils ont affaire à des individus. S’il ne veut pas que le chien interagisse avec lui, il faut un peu de patience. Donc il doit y avoir de la patience et du respect des deux côtés.»
Waaf Gang propose également des cours de nutrition pour les toutous, ainsi qu’une pension pour chiots et chiens adultes. Aujourd’hui, Dogan Drepper accompagne Moose dans ses frasques forestières. «Elle est très sociable, mais comme elle ne maîtrise pas encore tous ses mouvements et toutes ses humeurs, il est plus simple de la promener seule, surtout si je ne suis pas accompagné.»
Disparités cantonales
Dans le canton de Vaud, les cours pour détenteurs de chiens ne sont plus obligatoires depuis 2017, sauf pour les races potentiellement dangereuses comme le rottweiler ou le pitbull par exemple. Il n’en va pas de même dans tous les cantons. À Neuchâtel, Fribourg et en Valais, un certain nombre de modules sont obligatoires. Ils forment et sensibilisent les propriétaires au bien-être de leur animal, mais aussi aux règles de vie en société.
Dans les cantons du Jura, de Genève et de Vaud, aucune obligation, mais les cours sont vivement recommandés par les autorités. «Je suis persuadé que ça va redevenir obligatoire partout, estime Marc-Olivier Béguin de l’association Pattes à Trac. Mais il faudrait déjà uniformiser les taxes sur les chiens, puis les cours de manière intercantonale.»
Avec sa taille d’adulte et son énergie de jeune chienne, Moose peut impressionner les passants. S’il est crucial pour ses propriétaires d’apprendre à la rappeler et de lui enseigner les bases de l’éducation canine, tout le monde a son rôle à jouer pour que la cohabitation se passe bien. Ce matin-là, la forêt restera très peu fréquentée, alors, toujours au bout de sa laisse extensible, Moose pourra laisser son énergie déborder à loisir. Quant à Kanuk, avec son pelage blanc comme neige et ses treize ans, il n’est pas du genre à faire peur. Ce qui n’est pas une raison, en tout cas pour son propriétaire, de moins bien connaître ses besoins et ses habitudes.
Et les chats?
Les félins ne sont pas en reste. De nombreuses associations comme Minou Suisse dans le canton de Vaud, SOS Chats Noiraigue ou Chadicap à Neuchâtel ou Kumea existent, mais toutes visent en priorité le bien-être du chat. Marc-Olivier Béguin réfléchit par ailleurs à intégrer les propriétaires de chats à Pattes à Trac à moyen terme. Ils posent certes moins de problèmes de cohabitation entre utilisateurs de l’espace public, mais selon lui, énormément d’informations vaudraient la peine d’être partagées entre propriétaires.
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