SHIFT rajeunit les questions de politique alimentaire

Réunir des acteurs d’horizons variés autour de la thématique de l’alimentation durable, et laisser opérer la magie des rencontres: c’est l’objectif de SHIFT Vaud. Le 22 mars, l’événement vivra sa 3e édition à Lausanne.
7 mars 2024 Clément Grandjean
© Joachim Sommer

Et si l’on repensait la production alimentaire pour l’appréhender comme un véritable écosystème? Un univers dans lequel chaque acteur aurait tout à gagner à échanger avec ses voisins, qu’ils travaillent dans le même domaine ou non?

C’est le postulat de SHIFT Vaud, un événement annuel qui rassemble agriculteurs, vignerons, syndicats, organisations non gouvernementales, institutions académiques, acteurs du secteur alimentaire, représentants politiques et grand public à Lausanne.

Intérêt du public

Derrière cette journée placée sous le signe du partage et du débat, un spécialiste de l’économie circulaire: Théo Fischer, mandaté par le groupement SHIFT Switzerland (lire l’encadré ci-dessous), principalement actif du côté alémanique, pour créer une manifestation autour de cette thématique en Suisse romande. L’énergique trentenaire, qui cumule des casquettes d’expert en management, de vigneron et d’ambassadeur de l’agroécologie, décide d’axer ce rendez-vous sur la thématique de l’alimentation.

Dès la première édition, en 2022, il attire un public nombreux et curieux: «Je n’avais pas d’attentes précises, se souvient Alexis Tissot, agriculteur à Moiry(VD) et membre du comité de BioVaud, qui y a animé plusieurs tables rondes. La démarche m’a intéressé, et je n’ai pas été déçu: c’est passionnant de réunir autour d’une table des acteurs du monde agricole, des ONG et des gens intéressés par la question de l’alimentation. Nous avons une vraie réflexion à mener, d’autant plus dans le contexte actuel de révolte paysanne.»

Une méthode qui surprend

Ne vous fiez pas au joyeux fouillis qui règne dans la halle de Beaulieu Circulaire durant l’événement, il suffit de passer d’une table à l’autre pour comprendre que les discussions sont sérieuses. On débat de l’accès à la terre, de la manière de valoriser les espaces non constructibles en milieu urbain, de la logistique à mettre en place pour lancer un réseau de lavage de bouteilles de vin ou encore des leviers financiers qui permettent d’accélérer la transition écologique.

Entre prises de parole en plénum et phases de travail en petits groupes, la méthode SHIFT s’inspire aussi bien des techniques de gestion d’équipe développées dans les plus prestigieuses institutions de recherche américaines et européennes que des principes de la permaculture. «Je ne voulais pas d’une approche à l’ancienne, avec des diaporamas et des post-it, mais de quelque chose de vivant, note Théo Fischer. Il faut un peu de temps pour que les gens s’approprient ce mode d’échange. Cela dit, s’ils viennent et se parlent, on a déjà rempli notre objectif: la valeur de ces interactions ne se mesure pas, mais sur le long terme, elle est immense.»

Passer à l’action

En effet, c’est autant lors des discussions informelles que des débats que se révèle tout l’intérêt de SHIFT Vaud: «C’est important de provoquer des rencontres au-delà de nos cercles de connaissance, c’est comme ça que l’on avance», assure Berthe Darras, secrétaire syndicale d’Uniterre, présente lors de chaque édition. Et l’enjeu est de taille: «Il s’agit d’aller au-delà des discours de façade, de se questionner sur la valeur de notre agriculture. On parle de sa survie, qui ne passera que par une mobilisation des consommateurs.»

Même son de cloche chez Samira Amos, chargée de projet au sein de Biovision: «SHIFT Vaud réunit plusieurs maillons de la chaîne de valeur alimentaire, de l’agriculture à la politique en passant par la science. Cet événement encourage les initiatives à l’échelle de l’écosystème, et résonne avec le principe agroécologique consistant à développer ensemble la connaissance.»

Dans la salle, on ne fait pas qu’échanger des cartes de visite: certaines des discussions débouchent sur des actes concrets. «L’an dernier, j’ai pu mettre en lien une entreprise qui cherchait à se fournir en légumes locaux pour produire ses bouillons avec notre réseau de producteurs vaudois, se souvient Alexis Tissot. Aujourd’hui, le projet est en voie de concrétisation.»

Collaborer pour avancer

En effet, c’est autant lors des discussions informelles qui se nouent autour d’un café ou d’une assiette que lors des débats que se révèle tout l’intérêt de SHIFT: «C’est important de provoquer des rencontres au-delà de nos cercles de connaissance, c’est comme ça que l’on avance», assure Berthe Darras, secrétaire syndicale d’Uniterre, présente lors de chaque édition. Et l’enjeu est de taille: «Il s’agit d’aller au-delà des discours de façade, de se questionner sur la valeur de notre agriculture. On parle de sa survie, qui ne passera que par une mobilisation des consommateurs.»

Même son de cloche chez Samira Amos, chargée de projet au sein de la fondation Biovision: «SHIFT réunit plusieurs maillons de la chaîne de valeur alimentaire, de l’agriculture à la politique en passant par la science. Cet événement encourage les initiatives à l’échelle de l’écosystème, et résonne avec le principe agroécologique consistant à développer ensemble la connaissance.»

Dans la salle, on ne fait pas qu’échanger des cartes de visite: certaines des discussions débouchent sur des actes concrets. «L’an dernier, j’ai pu mettre en lien une entreprise qui cherchait à se fournir en légumes locaux pour produire ses bouillons avec notre réseau de producteurs vaudois, se souvient Alexis Tissot. Aujourd’hui, le projet est en voie de concrétisation.»

Question d’échelle

En deux éditions, SHIFT Vaud a su s’imposer dans le calendrier romand. Comme une place du village réinventée, il incarne un lieu où les réalités agricoles et urbaines s’interrogent. «À force de voir en temps réel ce qui se passe aux quatre coins du monde, on peut éprouver un sentiment d’impuissance, résume Théo Fischer. Or, agir à l’échelle d’une région, d’un canton, d’une commune ou d’un village, c’est possible.»

Le 22 mars, pour sa 3eédition, la manifestation redonnera la parole à celles et ceux qui souhaitent participer au débat sur l’avenir de notre politique alimentaire, en y apportant leurs questions ou des éléments de réponse. Au chapitre des nouveautés, la présence de l’Université de Lausanne et de la HES-SO, dont les experts interviendront pour poser le cadre des discussions, tandis qu’un partenariat avec les Innovation Boosters d’Innosuisse permettra d’assurer le suivi des projets les plus prometteurs – et de les financer à hauteur de 39000francs.

«On ne peut pas savoir précisément ce qui ressortira de la journée, c’est bien ce qui est intéressant. C’est comme lorsque vous invitez des gens chez vous: vous mettez en place un cadre dans lequel chacun puisse se sentir à l’aise, puis vous laissez opérer la magie des échanges. Si vous réunissez des personnes qui ont des idées pertinentes, il va se passer quelque chose.»

Réseau national en pleine croissance

Mettre en lumière le potentiel de l’économie circulaire pour faire face aux enjeux planétaires, c’est la mission de SHIFT Switzerland depuis 2010. Après un événement qui a accueilli 150acteurs internationaux à Zurich, le concept s’est décliné du Tessin à la Romandie, avec des particularités régionales, mais une même vision qui repose sur la collaboration de tous les secteurs d’activité. SHIFT Switzerland a également été un partenaire central dans la fondation de l’association Circular Economy Switzerland, au sein de laquelle des acteurs de la production alimentaire, de l’énergie, du bâtiment, de l’industrie ou de la mobilité échangent avec des représentants des institutions fédérales et du monde politique.

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