Dans les vergers, au chevet des arbres fruitiers pour compter les victimes de la grêle
Les experts se sont donné rendez-vous au café de la gare d’Yverdon-les-Bains (VD), afin de faire le point sur le programme de la journée et d’échanger les dernières nouvelles. Ils sont au nombre de quatre, tous arboriculteurs, et ont appris à se connaître au fil des expertises qu’ils effectuent régulièrement en tant que miliciens pour Suisse Grêle, la société coopérative spécialisée dans l’assurance des récoltes contre les aléas climatiques.
Les dégâts qui font l’objet de l’évaluation du jour sont concentrés sur une zone très petite autour de la Cité thermale. «Aujourd’hui, on va faire ce qu’on appelle une taxation précoce. On évalue l’impact des chutes de grêlons sur les fruits en déterminant s’ils sont touchés ou non. On fera une deuxième visite un peu avant la récolte pour voir l’évolution des cultures et fixer le taux d’indemnisation final», explique Michel Losey, chef de groupe.
Offre adaptée au climat
«Les recherches montrent qu’avec le changement climatique, la fréquence des épisodes de grêle va diminuer. En revanche, leur intensité et la taille des surfaces touchées vont augmenter», explique Gaylor Monnerat, responsable marché suisse chez Suisse Grêle. L’offre s’est donc adaptée à l’évolution du climat.
«Il y a trente ans, les cultures fruitières n’étaient pas protégées avec des filets antigrêle, les arboriculteurs disposaient d’une seule couverture d’assurance contre la grêle», se souvient Michel Losey. Aujourd’hui, les clients de Suisse Grêle peuvent s’assurer contre les inondations, le gel, les ouragans, les glissements de terrain, la sécheresse, et bien sûr la grêle. Dans ce dernier cas, il est même possible d’assurer les filets antigrêle, car les grêlons peuvent s’accumuler très vite et casser les mailles.
Deux courts passages
L’évaluation commence par une description de l’intensité de la grêle. «Ça a duré une minute avec deux passages, un premier mélangé avec de la pluie et un second beaucoup plus méchant, car il y avait moins d’eau, raconte Pierre-Alain Schwander, l’un des huit clients expertisés durant la journée. Il y a eu de grosses rafales de vent qui venaient de l’est et chassaient la grêle obliquement sur les pommiers.»
La grêle est tombée sur des fruits encore précoces et donc assez durs, ce qui a permis d’atténuer les dégâts. Une chance pour Pierre-Alain Schwander, dont les cultures n’étaient pas protégées par des filets. «En quelques décennies, la météo a énormément changé, on était beaucoup moins touché par la grêle à l’époque et les épisodes arrivaient plus tard dans la saison, en général en août», constate l’agriculteur basé à Cheseaux-Noréaz (VD).
100 fruits examinés
Pour faire face à cette évolution, il a voulu installer des filets, mais n’a pas réussi à obtenir les autorisations nécessaires – la procédure dans le canton étant soumise à l’enquête publique – au motif que sa parcelle était trop près du village. L’évaluation se poursuit par le comptage. Il s’agit d’examiner 100 fruits par position déclarée (soit quatre positions chez cet exploitant), en se basant chaque fois sur quatre arbres répartis à égalité entre les deux lignes de fruitiers.
Le but est d’arriver à une moyenne. Pour chaque arbre, 25 fruits passent sous l’œil averti de l’expert, qui doit déterminer s’il a été touché, ou non, par la grêle. Cette méthode permet d’établir une valeur indicative du dommage, qui sera revue lors de la deuxième visite.
Taxation très mathématique
Sur ce site, les deux experts arrivent à une moyenne d’environ un tiers de fruits touchés. En comparant cette moyenne à la réalité de la récolte lors de leur deuxième passage en juillet, ils pourront définir l’indemnité à laquelle le client a droit. Mais pour effectuer cette comparaison, il faudra que l’agriculteur laisse des arbres avec des fruits endommagés, ce qu’on appelle des arbres témoins, pour qu’ils soient représentatifs du dommage.
«La taxation grêle dans les fruits est somme toute très mathématique, c’est touché ou non. En définitive, on arrive à un résultat clair qu’on peut défendre devant le client et devant Suisse Grêle. En tant qu’expert, on aime bien ça», conclut Michel Losey.
+ D’infos hagel.ch
Envie de partager cet article ?