Architecture verte
Wood-iD, la construction temporaire et écologique du quartier Bluefactory

Une fois par mois, nous vous emmenons à la découverte de bâtiments exemplaires sur le plan de la durabilité. À Fribourg, un cube de conception modulaire accueille les jeunes entreprises régionales.

Wood-iD, la construction temporaire et écologique du quartier Bluefactory

Situé en plein cœur de l’ancienne brasserie Cardinal, le pavillon wood-iD s’est construit par nécessité, à la suite de la démolition d’une aile de l’usine. Pour faire face au besoin de locaux des entreprises et des associations fribourgeoises, la start-up Enoki a imaginé un édifice totalement modulaire, inspiré de l’architecture réalisée à partir de containers, et mis en service le 1er août dernier. En partenariat avec le constructeur JPF et Groupe E, les 24 modules qui le composent ont été montés et posés en six mois seulement. «Le bâtiment est un kit dont tous les éléments sont assemblés et interchangeables», explique Loïc Simon, architecte et directeur associé d’Enoki. À l’extérieur, les différentes façades forment un patchwork coloré dans les tons bruns et beiges. Certaines sont constituées de tôle, récupérée d’une aile démolie de l’usine, alors que d’autres, faites de panneaux de coffrage bruts, sont prêtes à accueillir du houblon pour former un mur végétal.

Une conception 100% locale

Les jeunes architectes ont développé le concept autour d’un modèle circulaire et écologique. Lors de la construction déjà, tout a été pensé pour réduire au maximum l’impact environnemental de l’édifice. «La structure des modules est faite en bois indigène, par exemple», relève Loïc Simon en désignant l’un des panneaux porteurs de l’intérieur du wood-iD. Manufacturés à Yverdon-les-Bains (VD) par le groupe JPF, ils ont ensuite été amenés en camion à Fribourg. En une dizaine de jours seulement, les modules ont pu être assemblés. Les cloisons et façades ont été ajoutées par la suite, ce qui permet d’avoir une architecture interchangeable à tout moment. Les espaces peuvent ainsi être facilement modifiés pour s’adapter aux besoins des quinze futures et actuelles entreprises qui y siègent. Les proportions de 7 m 60 sur 3 m 80 des modules, soit des rectangles de 2 sur 1, en font de véritables briques géantes. Leurs créateurs veulent ainsi développer un standard pour des constituants préfabriqués et écologiques.

Éphémère mais confortable

Bien qu’expérimental, le wood-iD doit rester avant tout un lieu de travail agréable. À droite de l’entrée, une petite cafétéria accueille les visiteurs. Une association participative, Resonantz, réunissant les salariés du pavillon, leur assure divers services comme l’entretien, l’impression ou le café, ainsi que des activités communautaires. Le bâtiment est économe en énergie. «L’aération est passive, explique Loïc Simon. Elle se fait en partie grâce à une trappe sur le parterre du module central qui laisse pénétrer l’air frais. En hiver, couplée au chauffage au sol, la couche de béton qui forme la base de certains planchers sert de masse thermique pour maintenir la chaleur.» Les lampes ont été récupérées de l’ancien bâtiment de la brasserie désaffectée, seuls les néons ont été remplacés par des tubes LED. Pour les toilettes, les concepteurs ont travaillé avec une entreprise, Syphnon AG, qui remet sur le marché des équipements en céramique d’occasion. «Les gens s’y plaisent», assure son concepteur.

À noter que le pavillon ne pourra pas rester indéfiniment sur place. «Le plan d’aménagement cantonal ne permet pas de construction définitive sur cette zone, d’où la nécessité d’une réalisation temporaire, relève Loïc Simon. Le permis de construire est valable cinq ans.» L’avenir inconnu du wood-iD ne semble pourtant pas inquiéter l’architecte, qui imagine déjà le bâtiment expérimental réutilisé pour des écoles, des laboratoires, voire des habitations.

Texte(s): Mattia Pillonel
Photo(s): Jean-Paul Guinnard

En chiffres

  • 24 modules interchangeables de 27 m2 pour  un total de 620 m2 de surface intérieure.
  • 4 types de façades différentes.
  • 6 mois entre la construction du premier module et l’inauguration du pavillon.
  • 15 petites et moyennes entreprises locales pour 60 places de travail.
  • 3 étages.
  • 90% de bois fribourgeois.

Les concepteurs

Enoki tire son nom d’un champignon. Inspirée par le mycélium, qui vit en symbiose avec les racines de la forêt, la start-up veut renforcer les liens entre humains, architecture et environnement. La jeune équipe est composée d’architectes et d’ingénieurs de l’École polytechnique fédérale de Lausanne et de la Haute École de Fribourg. Fondée en 2018, Enoki est spécialisée dans le développement de quartiers sociaux et écologiques.