Reportage
Vivre au rythme de la nature et en autonomie totale

Une fois par mois, nous vous emmenons à la découverte de maisons exemplaires sur le plan énergétique. Cette semaine, rendez-vous à Treyvaux (FR), où deux néo-paysans vivent sur leur exploitation.

Vivre au rythme de la nature et en autonomie totale

C’est un rectangle noir qui semble flotter au-dessus du pâturage. Une maison aux volumes simples, taillée dans le bois et le verre, dont le toit rayonne sous le soleil de cette fin d’après-midi. Perchée sur des pilotis, elle s’accroche à la pente, partageant l’herbe abondante avec quelques génisses. Cela fait trois siècles que la famille de Nicolas Sciboz veille sur ces collines et ces forêts. Il y a deux ans, un nouveau bâtiment a vu le jour à quelques centaines de mètres de l’ancienne ferme.

Du bois et du béton
Mais on ne construit pas n’importe quoi, ni n’importe comment, sur un domaine agricole: «Le principe des unités de logement nous permettait de remplacer une grange en mauvais état par une nouvelle construction, explique Nicolas Sciboz. Mais seulement en respectant une surface maximale fixée à moins de 100m2.» Concevoir une maison de dimensions réduites, sur un coteau isolé et avec pour leitmotiv de réduire au maximum son impact environnemental, le défi est de taille. Mais il est loin d’inquiéter le couple: «Plus il y a de contraintes, plus il faut savoir être créatif», lance Marjanco Jakimovski.

Avec un bureau d’architecte de la région,  Nicolas et Marjanco dessinent ce qu’ils appellent une «maison de raison»: un seul pan de toit, choix logique pour optimiser la production d’électricité, des volumes simples et des matériaux qui le sont aussi. Du sapin local pour la charpente, les façades et l’intérieur, du béton pour les fondations et le plan de travail tout en longueur qui structure l’étage. En passant la porte, on est accueilli par le poêle suédois, seul système de chauffage de la maison, alimenté avec le bois des forêts alentour. Fixées le long du conduit d’évacuation de la fumée, quelques hélices font circuler l’air chaud jusqu’à l’étage. Et c’est tout. Pas de radiateur ni de chauffage d’appoint. «Les baies vitrées, couplées à une isolation de 30 centimètres de fibre de cellulose, apportent suffisamment de chaleur, explique Nicolas Sciboz. En général, on n’allume pas le poêle avant novembre!»

Cocon de lumière
Le soleil chauffe la maison et lui offre l’électricité dont elle a besoin grâce aux panneaux photovoltaïques qui couvrent son toit. Bien plus que ce que le couple n’en utilise, en fait, voiture électrique comprise. Le secret de la gestion de ce courant se cache derrière un panneau de bois qui coulisse pour révéler le local technique. À côté du boiler-pompe à chaleur destiné à la production d’eau chaude, deux batteries. «Nous avons fait installer des régulateurs de charge pour stopper la production des panneaux solaires lorsqu’elles sont pleines, relève Nicolas Sciboz en désignant les boîtiers fixés contre la paroi.» Le système permet à la maison d’être totalement indépendante du réseau électrique. Un pari risqué? «Non. Les batteries assurent une réserve suffisante pour tenir plusieurs jours en cas de mauvais temps. Cela dit, le premier hiver, la neige s’est accumulée sur le toit, nous privant d’électricité pendant trois semaines. C’est après cela que nous avons ajouté quelques panneaux au sol!»

En haut des marches, on se croit arrivé à l’extérieur, tant la pièce est lumineuse. Et pour cause: elle est ouverte sur ses quatre versants, offrant au regard un horizon à 360 degrés sur les forêts, les prés et, au loin, le Moléson. Par le jeu des reflets, les immenses vitres reflètent à l’infini le paysage et la lumière de l’extérieur. De quoi faire oublier la taille modeste de la maison. «On vit avec les couleurs et les lumières de la nature, apprécie Marjanco Jakimovski. Sans même s’en apercevoir, on calque notre rythme sur celui du soleil.» Ou comment allier la beauté du dehors et le confort du dedans…

Texte(s): Clément Grandjean
Photo(s): Clément Grandjean

Les propriétaires

Nicolas Sciboz et Marjanco Jakimovski ne sont pas tout à fait des paysans comme les autres. L’un est expert en sécurité informatique, l’autre est designer. Ensemble, ils ont repris l’exploitation de la ferme familiale des Sciboz, 27 hectares de pâturages et de forêts sur les hauteurs de Treyvaux. En pleine reconversion au bio, ils élèvent des vaches galloways dont la viande est commercialisée en vente directe.

La maison en bref

  • 2018, date sa construction.
  • À 900 mètres d’altitude.
  • 96 m2 de surface habitable.
  • 2 étages.
  • 110 m2 de panneaux photovoltaïques, en toiture et au sol.
  • 100% autonome en électricité.
  • 18kWh de pic de production électrique.
  • 1 poêle à bois pour seul chauffage.