Reportage
Une coopérative pionnière favorise le partage et la durabilité au quotidien

Une fois par mois, nous vous emmenons à la découverte d’habitats exemplaires sur le plan énergétique. À Meyrin (GE), des immeubles avec espaces communs facilitent notamment les circuits courts.

Une coopérative pionnière favorise le partage et la durabilité au quotidien

Derrière une porte, un bar baptisé «Pantoufle» contient des jeux de société et un baby-foot. Plus loin, un atelier de bricolage jouxte un grand garage à vélos. Au troisième étage, des voix résonnent dans les bureaux partagés, alors que le linge sèche dans la buanderie. Nous ne sommes pas dans un immeuble comme les autres, mais dans les bâtiments de la coopérative Équilibre (lire l’encadré), située dans l’écoquartier des Vergers, à Meyrin (GE). Sortis de terre il y a six ans, ils rassemblent 173 habitants qui ont acheté des parts sociales pour devenir coopérateurs, afin de vivre selon les mêmes principes. «Notre idéal était une construction durable qui soit proche de la ville, favorise la mutualisation des espaces, les circuits courts et la solidarité, avec des loyers modérés et sans spéculation. Et c’est ce que nous avons réussi à faire», se félicite Uli Amos, qui a piloté le projet en tant que représentante du maître d’ouvrage.

Toilettes à lombricompostage
De l’extérieur, les façades aux volets colorés et aux balcons équipés de nichoirs attirent l’œil. La structure se compose de bois et de béton brut, avec poutres apparentes, isolation en fibre de bois et crépi à la chaux. Une fois dans les couloirs, plantes vertes et dessins de bambins habillent les murs. Au sol, le choix du plancher n’est pas anodin. «L’idée était d’avoir une prolongation des espaces privés dans les communs, afin de favoriser les rencontres. Il y a de la vie ici!» dit en souriant celle qui habite sur place depuis cinq ans, avec son mari et ses deux enfants. Comme chaque ménage, elle loue un appartement privatif, dont la surface dépend du nombre d’habitants. En plus d’un grand salon et d’une cuisine ouverte, certains sont équipés de toilettes sèches à lombricompostage. «Grâce à des composteurs intégrés sous la cuvette, des vers de terre font le travail de station d’épuration. Nous testons également des filtres à charbon pour l’urine, afin de fabriquer de l’engrais. C’est prometteur.»

Dans chaque bâtiment, une chambre d’ami peut être réservée, à raison de dix francs par nuit, ainsi que des places de travail, pour 110 francs par mois. Parmi les autres pièces partagées, on retrouve des ateliers, une bibliothèque d’objets, deux salons de musique, une salle commune destinée aux soirées privées, fêtes de quartier ou projections de films, et donc le bar. «On peut s’y faire un café le matin et discuter quand tout le monde dort encore chez soi, ou boire un verre le soir. Mes enfants y passent beaucoup de temps avec leurs amis», explique Uli Amos. Y a-t-il des conflits sur la gestion des lieux? «Ça arrive, mais la majorité d’entre nous a participé à une formation sur la communication non violente. Tout est question de bonne volonté.»

Adeptes de la mobilité douce
En signant le bail, les coopérateurs ont aussi accepté de renoncer à la voiture, si leur métier le permet. Il est toutefois possible de louer des véhicules stationnés dans le parking. Les courses, elles, peuvent se faire dans un local de vente directe situé à quelques encablures, à la coopérative agricole des Vergers, et dans un supermarché participatif paysan, qui a vu le jour à la suite d’une réflexion des habitants du quartier. Locataire depuis un an, la retraitée Sylvianne Moser s’épanouit pleinement dans ce mode de vie. «Ce qui me plaît le plus, ce sont les relations de voisinage. Quand je suis rentrée de l’hôpital, il y avait toujours de la nourriture devant ma porte. Et ce week-end, je n’avais pas de matériel pour aller à la neige, alors on m’en a prêté, raconte-t-elle gaiement. L’entraide est au cœur du projet.»

Texte(s): Lila Erard
Photo(s): Nicolas Righetti/Lundi 13/Lea reutimann

Plusieurs projets

 

Pionnière dans le canton de Genève, la coopérative Équilibre, née en 2005, est à l’origine de la construction de cinq immeubles sur trois sites. Sept projets sont également en cours de réalisation. Uli Amos (au centre) y travaille depuis neuf ans. Pas moins de 675 personnes sont actuellement coopératrices, dont 142 sont déjà logées dans une centaine d’appartements genevois.

En chiffres

  • 3 immeubles de 5 étages livrés en 2018 composent l’écoquartier des Vergers.
  • 67 appartements avec 173 habitants.
  • 388 m2 d’espaces communs, dont 3 chambres d’amis.
  • 9 voitures partagées.
  • 740 m2 de panneaux solaires pour l’électricité et 1 système de chauffage en géothermie.
  • 80 nichoirs sur les balcons pour accueillir 11 espèces d’oiseaux différentes.