chronique
Un tunnel pour maintenir le bel isolement des «certifiés»

Durant toute l’année, Terre&Nature vous fait découvrir comment les pépiniéristes viticoles Matthieu Vergère et Paul-Maurice Burrin sélectionnent et multiplient les ceps au fil des saisons.

Un tunnel pour maintenir le bel isolement des «certifiés»

L’été s’éternise à Vétroz. Sous le tunnel jouxtant la halle de Multiplants Sàrl, l’atmosphère est quasi tropicale. Mais plus que la chaleur, c’est l’isolement que Paul-Maurice Burrin et Matthieu Vergère recherchent pour les deux rangées de plants qui y prospèrent par bouquets serrés de 110 dans des palox emplis de terreau, traversés par les tuyaux d’un goutte-à-goutte. Un traitement spécial pour une catégorie spéciale: les plants certifiés, placés sous haute surveillance des pépiniéristes. «Lorsque les bois seront aoûtés à 10-12 cm sur le point de greffe, on bloquera la maturation; plus tard, on sortira les bacs pour qu’ils prennent un coup de froid avant de les arracher et de les conditionner», expose Paul-Maurice. Ces barbues hors-sol rejoindront ensuite le reste de la production de Multiplants en chambre froide. Pourtant, leur étiquette blanche ou bleue les en distingue: «Ce sont des plants issus de sélections clonales opérées par Agroscope, dont l’OFAG garantit la qualité et la parfaite santé phytosanitaire, précise le pépiniériste. Ils sont exempts de toute virose et plus réguliers à la production, ce qui est très intéressant par exemple pour le cornalin.»
La voie de la certification est aussi celle que Multiplants a choisie pour multiplier les plants de divona, dont la demande devrait augmenter avec sa prochaine homologation dans l’AOC Valais. Mais pourquoi les priver de véritable terre? Pour être certifiés, les plants à prémultiplier doivent être prélevés sur du matériel planté dans une parcelle dite «P1», n’ayant jamais accueilli de vigne, sujette à des analyses répétées tous les six ans et dont le taux de mortalité des ceps est de 0%. Ils sont greffés sur des porte-greffes obtenus dans les mêmes conditions, puis multipliés sur une parcelle dite P2 également soumise à de strictes exigences. Entre les deux étapes, l’empotage des barbues certifiées est en principe la règle: le passage en pleine terre est interdit. «Mais en pot, le greffage prend mal et la plantation est plus difficile. On teste donc le hors-sol pour la première année, révèle Matthieu Vergère. Si cela fonctionne bien, on doublera les rangées sous tunnel dès l’an prochain. Et on va aussi créer une parcelle P2 pour la multiplication du divona certifié.»

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Texte(s): Blaise Guignard
Photo(s): Claire Muller