Reportage
Un œuf en bois et en béton a fait son nid à Pully

Tout au long de l’année, nous vous emmenons à la découverte d’habitats exemplaires sur le plan énergétique. À Pully (VD), un petit immeuble ovoïdal de trois logements a remplacé une villa des années 1930.

Un œuf en bois et en béton a fait son nid à Pully

C’est un bâtiment qui ne laisse personne indifférent. À Pully (VD), un immeuble tout en courbes, mêlant béton et bois, a été créé sur une parcelle en pente douce. Surnommé «l’Œuf», il réserve bien des surprises. Sa forme d’abord, étonne. «On l’a choisie ovoïde. Elle s’amincit à l’arrière, où se trouvent de petites chambres. La hauteur sous plafond y est minimale. L’ouvrage s’élargit à l’avant, afin de donner un maximum d’espace aux pièces de vie», détaille Manuel Bieler, architecte du bureau Localarchitecture, concepteur de cette construction. Ainsi, le salon et la cuisine, aux volumes impressionnants, offrent un panorama d’exception sur le Léman. Quelques marches séparent la partie jour de celle de nuit.

Forme très étudiée
«Ce projet est basé sur les points de vue, autant celui des locataires que de leurs voisins, poursuit l’architecte. En remplaçant l’ancienne villa dans ce quartier commun de la banlieue lausannoise et en utilisant les mêmes gabarits, on a affiné l’ouvrage. En optant pour un toit plat plutôt qu’à deux pans, on a gagné du volume. Les habitants des maisons situées à l’arrière de la parcelle bénéficient aujourd’hui de davantage de lumière et d’une vue sur le lac plus large qu’auparavant.»

La nouvelle construction n’a d’ailleurs pas été érigée à l’extrémité du terrain, comme le veut souvent l’usage dans les quartiers résidentiels d’autrefois, de façon à dégager un espace pour un jardin. Elle prend place au centre, afin d’exploiter au mieux la surface au sol, les propriétaires préférant profiter d’une terrasse en hauteur, en attique.

Le bilan énergétique de la bâtisse actuelle, labellisée Minergie, avec une isolation importante et une ventilation naturelle, s’est aussi grandement amélioré par rapport aux standards des années 1930. Quant au choix des matériaux, celui-ci a été réalisé avec un soin tout particulier, dans le but de limiter l’énergie grise émise lors des travaux, un point souvent noir des chantiers, estime l’architecte, notamment lorsqu’il s’agit de démolir l’existant et ériger une nouvelle structure. «Le squelette extérieur de l’Œuf est en béton, précise Manuel Bieler. Les parois ont ensuite été créées avec une succession d’éléments vitrés, posés en alternance avec ceux préfabriqués en mélèze.»

Soleil en maître
Le toit plat, où se trouve la terrasse, a été recouvert de panneaux photovoltaïques de manière à produire l’électricité nécessaire aux différents logements. Une pompe à chaleur permet de tempérer les lieux, quand ce n’est pas le soleil, passant à travers les grandes baies vitrées, qui s’en charge.

Si le bois est très présent à l’extérieur de l’ouvrage, il occupe également une place prépondérante à l’intérieur. Les parois de ces trois appartements de standing sont recouvertes de chêne indigène. Le mobilier a été confectionné sur mesure par l’ébéniste Jules Desarzens de Wood-Concept. Les formes courbes, imposées par l’immeuble, sont réalisées en double peau selon une succession de facettes, c’est-à-dire des panneaux plaqués bois de 120 centimètres de large, faisant corps avec le travail de maçonnerie. «Le mobilier s’inscrit dans la continuité du langage organique de la structure en béton, sur  laquelle on peut apercevoir les détails du bois de coffrage, qui s’y sont inscrits en négatif», ajoute l’architecte.

Si le choix des propriétaires et des artisans s’est porté sur le chêne, c’est parce que cette essence fait référence autant pour son esthétisme que sa solidité. Afin qu’il résiste au temps, le bois a toutefois été oint avec deux huiles naturelles. Elles lui offrent une protection, en conservant son aspect naturel, aussi bien à la vue qu’au toucher.

Texte(s): Céline Duruz
Photo(s): Michel Bonvin

En chiffres

  • 2 appartements de 4 pièces et un triplex ont remplacé une maison de 2 logements datant de 1930.
  • 834 m2, la surface de plancher pour un volume bâti de 2666 m3 sur un terrain de 646 m2.
  • 5 niveaux au nord de l’immeuble et 3 au sud.
  • 2020, fin des travaux.

L’architecte

En 2002, Manuel Bieler, chargé de ce projet, a fondé le bureau Localarchitecture à Lausanne, avec Antoine Robert-Grandpierre et Laurent Saurer. Les trois associés ont reçu de nombreuses récompenses, dont le Prix international d’architecture en bois en 2019, la Distinction romande d’architecture en 2006 et 2019, et les Best Architects Awards en 2015, 2019, 2020 et 2022.

+ d’infos www.localarchitecture.ch