Architecture verte
Un ancien hangar accueille une habitation ultracontemporaine

Une fois par mois, nous vous emmenons à la découverte de bâtiments exemplaires sur le plan énergétique. Cette semaine, visite à Chevressy (VD) d’une maison construite sous une vieille bâtisse agricole.

Un ancien hangar accueille une habitation ultracontemporaine

Au premier coup d’œil, on dirait une habitation comme une autre. C’est en s’approchant de l’entrée qu’on remarque la présence d’un cube sous le vieux hangar en bois. «Oui, nous vivons dans une grande boîte aménagée», s’amusent Yves et Floriane Hürlimann, les propriétaires de cette demeure insolite de Chevressy, dans le Nord vaudois. Le couple de quadragénaires et leurs deux enfants de 11 et 13 ans y ont emménagé en 2013, après avoir eu l’occasion d’acheter cette parcelle une année plus tôt. Située en zone village, l’ancienne bâtisse agricole aurait pu être rasée pour accueillir un logement neuf. Mais les Hürlimann tenaient à conserver la structure d’origine. «Pour son aspect patrimonial d’abord, mais aussi pour limiter notre impact environnemental.

Le concept de villa individuelle devient de moins en moins défendable lorsqu’on réfléchit à l’énergie dépensée pour le peu de personnes qui y vivent. Il nous tenait donc à cœur de construire quelque chose de raisonnable.» Un projet qui a pu prendre forme grâce à l’architecte Olivier Lyon. Spécialisé dans la rénovation et les constructions écologiques, c’est lui qui leur a proposé de bâtir cette maison au toit plat sous le hangar existant. «Cela permettait de concevoir un intérieur contemporain aux performances énergétiques très avantageuses», dit-il.

 

Dalle en bois d’épicéa

Les matériaux ont tous été choisis pour leur durabilité et leur provenance locale. La structure du cube est en bois suisse, tout comme la dalle qui soutient le premier étage, entièrement réalisée en épicéa. Les murs, d’une quarantaine de centimètres d’épaisseur, sont isolés à l’intérieur par du papier journal haché et à l’extérieur par de la laine de bois. Ils ont été crépis à la chaux. «C’est une matière intéressante non seulement pour son aspect écologique, car elle est naturelle et sans solvants, mais aussi parce qu’elle laisse les murs respirer.

Lorsqu’il pleut, la façade absorbe de l’humidité qu’elle va ensuite rejeter par temps beau et chaud. En somme, les murs jouent un peu le rôle d’éponge», poursuit Olivier Lyon. Le rez-de-chaussée accueille une salle de bains, un bureau, la cuisine, le séjour et le salon. Au premier étage se trouvent trois chambres, deux autres salles de bains ainsi qu’un atelier sur mezzanine.

 

Puits de lumière dans le séjour

Les fenêtres en triple vitrage gardent la chaleur l’hiver et maintiennent une température agréable l’été, grâce à des stores inclinables qui stoppent les rayons du soleil sans plonger la demeure dans le noir. Dans le séjour, une immense baie vitrée offre un véritable puits de lumière et de chaleur. Un chauffage au sol alimenté par des pellets de la région permet toutefois de tempérer la maison les jours de grand froid. «Mais nous l’utilisons peu. Une petite flambée dans notre poêle au salon suffit généralement à réchauffer l’atmosphère. Pour preuve, nos frais de chauffage et d’eau chaude s’élèvent à une cinquantaine de francs par mois seulement», précisent Yves et Floriane Hürlimann.

Les toilettes sont alimentées par l’eau de drainage du champ bio voisin, qui fournit aussi l’arrosage du potager. Ce projet architectural original et inédit a toutefois engendré une contrainte de taille, celle d’intégrer les poutres du hangar d’origine à l’intérieur du cube. «Il n’a d’ailleurs pas été facile de trouver un charpentier prêt à relever le défi», explique Olivier Lyon. Fort de ce succès, l’architecte encourage d’autres propriétaires à se lancer. Car, en plus de ses performances énergétiques intéressantes, ce type d’objet possède aussi des atouts esthétiques, en permettant de conserver l’âme architecturale d’un village.

Texte(s): François Wavre/Lundi13
Photo(s): Aurélie Jaquet

En chiffres

  • 1950, soit l’année de construction du hangar d’origine sous lequel a été bâtie la maison.
  • 2 ouvertures ont été réalisées dans l’avant-toit de la bâtisse agricole pour laisser entrer la lumière dans les chambres à l’étage.
  • 8 mois de travaux pour la réalisation.
  • 136 m2 de surface habitable.
  • 2,60 m sur 3,60 m, telles sont les mesures de la fenêtre du séjour.

L’architecte

Dessinateur de première profession, Olivier Lyon s’est ensuite formé comme architecte à l’École d’ingénieurs de Fribourg. L’atelier o a été fondé en 2010 à Romanel-sur-Lausanne (VD). Spécialisé dans les réalisations écologiques, il travaille sur des projets très variés, neufs ou de rénovation, allant des fermes aux logements, en passant par des bâtiments publics.