arboriculture
Traiter en toute sécurité ne doit pas s’improviser: voici les gestes clés

Si printemps rime avec traitements autant qu’avec urgent, il n’en faut pas moins assurer sa propre sécurité d’utilisateur de produits phytos. En partenariat avec le SPAA, petit rappel de quelques bons gestes.

Traiter en toute sécurité ne doit pas s’improviser: voici les gestes clés

«Laver ses mains à trois reprises, mettre une combinaison et un masque au moment de manipuler un bidon de produit ou de rincer un gobelet doseur, c’est exactement comme mettre sa ceinture en voiture!» Selon le responsable de l’antenne romande du Service de prévention des accidents en agriculture, Étienne ­Junod, assurer sa sécurité lors de la manipulation de produits phytosanitaires doit devenir un automatisme. «Il s’agit de quelques gestes, qui ne demandent plus aucun effort une fois acquis, et qui permettent clairement de diminuer la prise de risques pour l’utilisateur.» Dans son «Plan d’action phytosanitaire» adopté l’an passé, la Confédération fait d’ailleurs figurer comme une priorité la réduction du risque lié à l’utilisation de produits phytosanitaires (PPh) par les agriculteurs, arboriculteurs et viticulteurs. «En Suisse, faute de données suffisantes, impossible de tirer des conclusions sur les maladies chroniques provoquées par l’utilisation de PPh, note le rapport. (…) il n’est presque jamais possible d’établir un lien de cause à effet avec certitude, mais il ressort d’études réalisées à l’étranger que l’utilisation prolongée et régulière de PPh provoque chez les agriculteurs des allergies, différents cancers ou des maladies neurologiques, ainsi que des perturbations endocriniennes et des troubles cognitifs.»

Alors, pourquoi se priver de prévenir correctement ces risques en suivant par exemple une check-list de gestes clés? «Gare à la routine et à la volonté de prétendument gagner du temps! répète Étienne Junod. Assurer sa sécurité efficacement passe par une procédure, des gestes clés simples à effectuer systématiquement lors de la manipulation de produits.» Voici un petit rappel en images réalisé chez Damien Caloz, arboriculteur à Sierre (VS), et à retrouver en vidéo sur notre page Facebook.

+ d’infos www.spaa.ch


EN IMAGES

Changer une buse sans risque

Quand on s’aperçoit qu’une buse est défectueuse en cours de travail, la procédure à suivre est simple: on avance le tracteur de quelques mètres en stoppant la pompe, afin de s’éloigner de la zone traitée. On enfile des gants et on effectue le changement de buse en prenant soin de stocker séparément, dans des sacs-poubelle par exemple, les buses usagées des buses neuves. Avant de remonter en tracteur et de poursuivre le travail, on nettoie et on sèche ses gants, là encore pour éviter toute contamination secondaire! La buse défectueuse pourra être débouchée avec une brosse une fois de retour sur l’exploitation.

 

Dernière poutse pour la route

Si le rinçage et le nettoyage de la cuve et du pulvérisateur en fin de journée sont en principe des automatismes, on a tendance à oublier d’astiquer la cabine du tracteur, à l’extérieur comme à l’intérieur! «C’est pourtant une source importante de contamination secondaire», rappelle Étienne Junod, qui recommande l’usage de lingettes nettoyantes, à utiliser avec des gants en nitrile, jetables. «Ce sont deux choses à toujours avoir à disposition dans le tracteur!» Au menu de cette poutse finale: volant, manettes, accoudoirs, barre de maintien, etc. On en profitera pour passer un coup sur les robinets et les poignées de porte du local phyto.

 

Un équipement de qualité et dédié

S’équiper d’une combinaison aux normes constitue une base essentielle à une protection efficace. Encore faut-il qu’elle soit correctement enfilée! «Prenez le temps d’ajuster le col et les manches: ce n’est clairement pas une perte de temps! lance Étienne Junod. Une combinaison de protection adaptée réduit l’exposition cutanée de 95% pour le corps entier.» Quant au masque, il protège les voies respiratoires à plus de 95%. D’une manière générale, les vêtements que l’on porte sous la combinaison, au moment de manipuler les produits phytosanitaires et de traiter, doivent être réservés à ces opérations.

 

Gare aux mains, à nettoyer 3 fois!

Elles représentent seulement 5% de la surface de la peau, mais sont responsables de 60 à 80% des contaminations: les mains sont en première ligne pour une contamination directe par des produits phytosanitaires. Raison pour laquelle il est nécessaire de les protéger avec des gants de nitrile ou néoprène. «Les gants réduisent de 99% l’exposition cutanée», précise Étienne Junod. Mais attention, protéger ses mains ne suffit évidemment pas: il faut se les laver à trois reprises, poursuit l’expert. Une fois avant de mettre les gants, une fois avec les gants, après avoir manipulé les produits, et une dernière fois après avoir ôté ses gants.

Texte(s): Claire Muller
Photo(s): Claire Muller / Clément Grandjean