chronique
Sous le soleil de juillet, une exubérance juvénile à contenir

Chaque mois, «Terre&Nature» vous fait découvrir comment les pépiniéristes viticoles valaisans de Multiplants, à Vétroz, sélectionnent et multiplient les ceps au fil des saisons.

Sous le soleil de juillet, une exubérance juvénile à contenir

Alignés avec une rectitude quasi surnaturelle grâce au GPS, les jeunes plants de vigne prospèrent dans leurs deux parcelles de Conthey et Vétroz. Cet enthousiasme végétal des plants va devoir être canalisé dans leurs parties inférieures, en contrariant leur tendance naturelle à exploser en feuillage et longues vrilles.
Mais avant, les pépiniéristes vont passer à pied entre les rangs afin de vérifier que chaque jeune cep soit bien à sa place. «On contrôle le cépage, le porte-greffe,
la longueur de chaque ligne», résume Paul-Maurice Burrin. À l’oeil, il reconnaît la plupart des cépages à la couleur et à la forme de leurs feuilles – c’est pourquoi
il effectue l’inspection avant de les cisailler. «Mais distinguer les pinots noirs des gris est impossible.
Voilà pourquoi on ne les plante pas sur la même ligne», précise-t-il. Matthieu Vergères et lui estiment également le pourcentage de réussite de chaque série,
là encore d’un coup d’oeil nourri de l’expérience du spécialiste. Il ne dépasse guère les 60%: «Nous sommes très sévères, souligne Matthieu. Mais c’est une année difficile.» La ronde des deux pépiniéristes est vite menée à terme; pas d’erreur dans les rangs. Tant mieux: un intrus isolé serait simplement coupé, mais
si une confusion antérieure à l’emballage a conduit à mélanger les variétés à plus grande échelle, «il faut alors réétiqueter les plants un par un, à la main, ce qui prend des heures », explique Paul-Maurice. L’écimage peut démarrer. Le tracteur s’ébranle: deux vis sans fin ramènent les pousses vers le haut, une cisaille la coupe à 15 cm au-dessus de la greffe. On renforce ainsi
la plante et favorise sa ventilation; l’opération sera répétée six ou sept fois d’ici août. Les pépiniéristes
en profitent pour vérifier que l’arrosage au goutte-à-goutte est adéquat: ni trop ni trop peu, sachant que
la plante évapore 3 à 10 litres d’eau par jour. Et que plus elle s’enracine, plus il faut arroser pour permettre à l’eau de s’infiltrer. On surveille également la résistance aux maladies fongiques et on traite si nécessaire.
«Il faut aussi prévenir la concurrence de l’herbe, ajoute Matthieu Vergères. Mais le plus crucial, c’est d’éviter une grosse masse de feuillage.» Bref, si les jeunes ceps se prélassent au soleil, les pépiniéristes sont au boulot.

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Texte(s): Blaise Guignard
Photo(s): Claire Muller