Jardin
Sachez mettre à l’aise le hérisson, timide locataire de vos espaces verts

Ce résident discret des zones de verdure et des potagers a vu sa population décroître en vingt ans. Il n’est pourtant pas difficile de lui procurer gîte et couvert et de s’assurer ainsi de sa sympathique présence.

Sachez mettre à l’aise le hérisson, timide locataire de vos espaces verts

Prompt à se blottir à la moindre alerte sous l’abri trompeur de ses piquants, le hérisson est tellement discret que sa raréfaction passerait presque inaperçue – sans le travail de recensement méticuleux qu’a entrepris d’en faire l’association Nos Voisins sauvages (voir l’encadré ci-dessous), dans le cadre de la mise à jour en cours de l’Atlas des mammifères de Suisse et du Liechtenstein. De fait, diverses études, dans la région de Zurich, attestent un recul de plus d’un tiers de sa population en vingt-cinq ans.

Cet habitant des zones vertes rurales et urbaines n’est pourtant pas un compliqué. Il élit volontiers domicile dans un jardin, dont les différents milieux lui offrent les sources variées de nourriture qui sont nécessaires à son régime omnivore (insectes, petits mammifères, batraciens, invertébrés ou mollusques, mais aussi fruits et légumes), ainsi que des cachettes idéales pour se reposer la journée (le hérisson est nocturne). «C’est le mammifère sauvage le plus facile à observer chez soi, surtout si l’on pense à prendre quelques mesures simples pour mieux l’accueillir», souligne Christina Meissner. Cette biologiste de formation, par ailleurs députée indépendante au Grand Conseil genevois, en a recueilli et soigné plus de 200 par année depuis treize ans et s’est taillé une réputation de spécialiste en la ­matière auprès des vétérinaires et de la SPA.

Des aménagements simples

Modeste, le petit érinacéidé a donc besoin, comme tout le monde, du gîte et du couvert. Une haie sous laquelle on laisse les feuilles mortes, un tas de branches ou de feuilles, voire un compost lui serviront volontiers de garni 3 étoiles: en se décomposant, les végétaux attirent les insectes dont il est friand et dégagent la chaleur nécessaire à son repos. Alterner les zones de gazon ras et d’herbes plus hautes lui permet de disposer de terrains de chasse faciles comme de voies de déplacement plus dissimulées; un jardin potager fera office de piège pour les limaces et les autres gastéropodes saladivores qu’il met parfois à son menu. Évidemment, mieux vaut éviter les granulés molluscicides: les produits à base de métaldéhyde, en particulier, peuvent lui être fatals – ils sont d’ailleurs très toxiques également pour les autres animaux, les sauvages comme les domestiques, ainsi que pour les humains.

Autre danger: les piscines. Christina ­Meissner conseille de les couvrir lorsqu’elles ne sont pas utilisées, ou d’y poser un paillasson de caoutchouc ou un pan de gazon artificiel sur le bord pour servir d’échelle au petit animal qui s’y serait aventuré. Les taille-haies, enfin, font partie des pires ennemis des hérissons et peuvent leur causer de très graves blessures. Si l’on ne peut s’en passer, mieux vaut alors éviter les zones touffues et sans visibilité – précisément les coins où les hérissons piquent volontiers leur roupillon journalier.

Une vie nocturne

Envie de chouchouter «votre» hérisson? Une écuelle d’eau est toujours bienvenue, voire quelques croquettes pour chat ou pour chien, surtout avant et après l’hiver. Jamais de lait ni de pain, que le hérisson ne parvient pas à digérer. Il est de toute façon préférable d’aménager de bonnes conditions de vie permettant au petit chasseur de s’alimenter de façon autonome, plutôt que de lui mâcher la besogne au risque de le rendre dépendant. Et si l’on trouve un hérisson blessé, ne pas hésiter à l’amener à un centre de soins ou à un vétérinaire (voir les sites web ci-dessous).

La vision d’un hérisson dehors en pleine journée doit d’ailleurs déclencher un signal d’alarme: «C’est un animal nocturne qui ne prend pas le risque de sortir la journée, à moins d’avoir un urgent besoin de chaleur. Or, plus il se balade, plus il va s’affaiblir». Et devenir ainsi une proie facile pour les chiens, les mouches et les parasites – sans même parler de la circulation routière… La première chose à faire, c’est donc de le réchauffer. Une bouillotte improvisée avec une bouteille en PET emballée d’un chiffon calmera rapidement la petite bête placée au préalable dans un carton, une boîte, etc., et maintenue à l’intérieur. À noter qu’en dépit d’une tenace légende urbaine, les parasites du hérisson ne se transmettent pas à l’homme – du moins pas tant qu’il est en vie. On peut donc le manipuler sans risque, mais avec précaution bien sûr.

+ d’infos www.christinameissner.com, www.herissons.ch

Texte(s): Blaise Guignard
Photo(s): DR

L'avez-vous vu?

Le hérisson est-il en recul dans nos régions ou les données ne parviennent-elles pas aux scientifiques? C’est ce que l’association Nos Voisins sauvages veut établir, dans le cadre de la rédaction du nouvel Atlas des mammifères de Suisse et du Liechtenstein. L’association recherche le soutien de la population romande: primo, pour lui communiquer toute observation de hérisson (même mort…) et, secundo, pour procéder à la pose de tunnels à traces sur des zones répertoriées (120 au total), en particulier dans le Jura vaudois et en Gruyère.

+ d’infos Annoncer une observation ou s’inscrire comme bénévole: herisson@nosvoisinssauvages.ch