Chronique
Récolté en janvier, le greffon est une promesse pour l’avenir

De la pépinière à la vigne Durant toute une année, Terre&Nature vous propose de découvrir, au fil des saisons, comment le pépiniériste viticole Matthieu Vergère sélectionne et multiplie les ceps.

Récolté en janvier, le greffon est une promesse pour l’avenir

2019 a débuté il y a quelques jours à peine, mais l’année est déjà en train de se jouer pour le pépiniériste Matthieu Vergère. Entre Martigny et Sion, le Valaisan est occupé, avec son équipe, à la récolte des plus beaux sarments de vigne. Ces derniers sont destinés à multiplier les cépages qui seront plantés en Valais ces prochaines années.«Les prélèvements des bois ont lieu le plus tôt possible en début d’année. On craint en effet les gros gels destructeurs du cœur de l’hiver, qui peuvent intervenir dès la fin janvier.»
Matthieu Vergère, associé à Paul-Maurice Burin au sein de la société Multiplants Sàrl, parcourt ces derniers jours une quarantaine de parcelles dans lesquelles il récolte des greffons d’une vingtaine de cépages différents. «Nous sélectionnons soigneusement les vignes où nous nous fournissons en sarments, précise le jeune pépiniériste. Il faut qu’elles soient belles et saines, mais aussi que les vins qui y sont produits nous conviennent.» Le pépiniériste ne prend des sarments qu’aux endroits où il a vérifié, deux semaines avant les vendanges précédentes, l’état sanitaire de la vigne et du raisin et marqué les pieds.
Dans le froid piquant de ces premiers jours de janvier, seuls les plus beaux rameaux des plus beaux ceps sont donc prélevés. Cette étape primordiale demande un savoir-faire précis. Pas question en effet de récolter des bois avec des yeux déchirés ou noircis. «Seul un œil sain garantit un greffon plein de vie!» En quelques coups de sécateur, le pépiniériste forme des fagots de baguettes,qui seront conservées en chambre froide à 3°C et dans une atmosphère saturée d’humidité. «Des conditions de conservation optimales sont essentielles pour garantir un bon matériel de greffage. On doit à tout prix éviter les courants d’air qui dessécheraient les bois ainsi que des réchauffements qui occasionneraient des mouvements de sève prématurés et des pertes de réserves glucidiques des bois», souligne Matthieu Vergère. Le greffage, lui, n’interviendra que dans deux mois. Entre-temps le pépiniériste réceptionnera les porte-greffes, aussi appelés bois américains, en provenance de Suisse, d’Italie et de France. Il apprêtera les précieux sarments récoltés dans le froid en petits greffons plein de promesses. Mais cette étape, on vous l’expliquera le mois prochain.

Texte(s): Claire Muller
Photo(s): Claire Muller