Décryptage
Quatre clés pour consommer moins de carburant et alléger ses factures

Le diesel représente un des postes les plus importants dans les charges de l’exploitant, a fortiori depuis que son prix a récemment augmenté. Voici quelques astuces pour économiser 20 à 30% de gasoil par an. Jean-Philippe Genoud, qui travaille pour une dizaine de communes fribourgeoises et réalise des travaux agricoles pour plus de 200 paysans, met tout en œuvre pour limiter la consommation de carburant de ses véhicules.

Quatre clés pour consommer moins de carburant et alléger ses factures
Passer à l’écoconduite
«La consommation de carburant représente environ 30% des coûts d’utilisation d’un tracteur», affirme Samuel Reinhard, enseignant et conseiller en mécanisation à l’Institut agricole de Grangeneuve, persuadé que la thématique de l’économie de gasoil doit redevenir centrale, alors que les prix du diesel flirtent désormais avec les 2 francs par litre. «Parmi les facteurs qui influent sur la consommation, la conduite est sans conteste le plus simple à mettre en place.» Le comportement au volant permet en effet d’économiser jusqu’à 10% de diesel. «C’est entre 1600 et 1800 tours/minute de régime moteur que la consommation d’énergie est la plus basse», rappelle Samuel Reinhard, qui incite les paysans à se pencher sur les courbes de leurs moteurs, afin de connaître exactement à quel régime le couple est maximal et la consommation optimale. Avec des tracteurs affichant jusqu’à 1500 heures au compteur par an, Jean-Philippe Genoud, à la tête d’une entreprise de travaux agricoles à Châtel-Saint-Denis (FR), est un convaincu de l’écoconduite. S’il dispose d’une boîte de vitesses à transmission continue, offrant un régime moteur toujours adapté, il demeure particulièrement attentif à la fluidité de son pilotage. «Tout est dans l’anticipation, afin d’éviter une accélération ou un freinage superflus.»


Adapter les pneumatiques
«Ajuster la pression des pneus aux travaux est le levier principal d’économie de carburant», confie Jean-Philippe Genoud, qui n’a pas hésité, malgré le coût élevé, à investir dans l’option de télégonflage lors de l’acquisition d’une citerne à purin de 16000 litres. «Je descends à 0,8 bar dans les champs et remonte à 2,5 sitôt sur la route.» Une attitude saluée par Samuel Reinhard: «Une pression inadaptée peut entraîner une surconsommation de 3 litres de carburant à l’heure.» L’expert rappelle que la pression de gonflage offre une capacité de charge plus élevée des pneus, moins de résistance au roulement, d’où une baisse de la consommation de diesel. «Vérifier régulièrement cette pression et l’adapter à chaque tâche est une nécessité.» Pour Jean-Philippe Genoud, l’investissement en temps vaut clairement la peine: «Regonfler les pneumatiques prend à peine deux minutes. Et lors de travaux aux champs, outre l’amélioration de la performance du tracteur, puisque l’adhérence est meilleure, une pression moindre le préserve de l’usure prématurée et réduit également le tassement du sol. Le terrain ne s’en porte que mieux et le réservoir également.»


Veiller à un bon entretien
Rien de pire que des couteaux émoussés sur une faucheuse ou une mélangeuse pour augmenter drastiquement le besoin en puissance du tracteur auquel elles sont attelées. «La consommation en carburant peut être de 20% supplémentaire en cas de non-renouvellement des pièces d’usure, vu l’effort plus élevé requis», explique Samuel Reinhard. «Il faut donc régulièrement s’efforcer de contrôler ces fameux éléments, qui se détériorent graduellement», prévient-il. De la même façon, une charrue «bricolée», à laquelle on rajoutera des fers plats sur la pointe par exemple, sera jusqu’à 34% plus gourmande que si l’élément est remplacé par une pièce originale! «Le mieux est l’ennemi du bien», résume l’expert, qui insiste sur l’importance à accorder à l’entretien des tracteurs. «Le soufflage des filtres à air après les travaux qui encrassent, comme la récolte des fourrages ou le pressage de la paille, le changement régulier des filtres à huile ou à diesel, tout comme le réglage adéquat des injecteurs, sont des gestes simples qui offrent un meilleur rapport air/carburant et donc améliorent l’efficacité de la combustion.» Jean-Philippe Genoud abonde: «C’est du bon sens, ça ne nécessite que peu de compétences, et ça peut vraiment changer la facture à la fin de l’année.»


Optimiser le chargement
Dernier élément à prendre en considération pour diminuer la facture en diesel, la répartition des charges sur le véhicule. Souvent inévitable, le lestage permet certes d’augmenter la force de traction, mais entraîne une perte par roulement. Et s’il est excessif, il provoque une augmentation de la consommation en carburant du tracteur, puisque celui-ci est obligé de supporter un poids supérieur. «C’est une question de compromis, indique Samuel Reinhard. Un lestage correct consiste à trouver, pour chaque tâche ou transport, le bon équilibre entre poids nécessaire et efficacité du véhicule.» Un sous-lestage n’est ainsi pas non plus recommandé, puisque le moindre contact entre pneu et sol diminue l’efficience du tracteur et donc augmente sa consommation. «Le niveau de lestage doit être systématiquement recalculé.»

Enfin, il faut être particulièrement vigilant lors de l’attelage des machines au tracteur: un mauvais réglage peut induire une consommation supplémentaire de 5 à 8% de carburant: «Le mot d’ordre est simple, plus la charge est élevée, plus l’attelage doit être bas.» Quant à la prise de force, il ne faut pas hésiter à recourir au mode économique. «Il s’avère judicieux pour certains travaux», affirme Jean-Philippe Genoud.
Texte(s): Claire Muller
Photo(s): Clair Muller