Jardin
Comment se protéger des dégâts causés par des animaux indésirables

On peut être fan de chats ou de renards et, néanmoins, préférer ne pas ramasser leurs crottes entre les plants de salade. Voici quelques méthodes à tester pour éviter leurs visites.

Comment se protéger des dégâts causés par des animaux indésirables

Dans la littérature jardinière, au chapitre des animaux gênants, on parle surtout des bestioles susceptibles de parasiter nos cultures: pucerons, cochenilles, hannetons et compagnie. Pourtant, de nombreux autres animaux s’invitent sans autorisation dans nos jardins. Et comme ils sont nettement plus gros, ils sont capables d’y faire des dégâts autrement importants. Le savon noir s’avère dans leur cas peu efficace, mais il y a d’autres solutions.

Chats

Autant le savoir, il est quasi impossible d’empêcher les intrusions de chats dans un jardin. Même un grillage ou un mur respectables ne sont pas dissuasifs: les félins parviennent à se glisser par le plus petit espace – par-dessous le portail ou via le moindre creux dans le terrain – et sont des grimpeurs hors pair. Nous avons ainsi vu un gros matou franchir régulièrement et sans aucune peine un mur de près de quatre mètres: une petite saillie située à mi-hauteur lui offrait un minuscule appui, qui lui suffisait à se relancer pour parvenir au sommet.

Quelles solutions? Les effaroucheurs à ­ultrasons ne sont efficaces que sur certains sujets et les plantes réputées éloigner les chats, comme la rue ou les aulx, n’ont, au mieux (tout comme les autres répulsifs odorants) qu’un effet très localisé. La seule solution vraiment efficace est la clôture électrique type garde-bétail, utilisée soit juste au-dessus du sol (pour protéger des planches de culture, un massif fraîchement planté, un espace qui vient d’être engazonné), soit au sommet d’un grillage ou d’un mur (qui doivent, eux, être parfaitement continus).

Chiens, renards, chevreuils

Le tableau général est le même que pour les chats. Cependant chiens, renards et chevreuils se laissent bien plus facilement dissuader par une simple clôture grillagée, si elle est continue et de hauteur suffisamment convaincante – si elle fait au moins un mètre, un mètre vingt et qu’il n’y a pas de volaille derrière, même le renard ne verra pas forcément l’intérêt de la franchir.

Quelles solutions? S’il s’agit uniquement de se protéger des chevreuils dans un jardin limitrophe d’une forêt, en lisière de laquelle on ne souhaite pas élever de clôture, on
recourra au répulsif antigibier (lequel ne semble en revanche pas dissuader chiens et renards).

Blaireaux

Le blaireau est omnivore et peut faire des dégâts dans le potager, mais il s’intéresse davantage aux petits animaux – batraciens, reptiles, escargots et vers blancs. Ce sont d’ailleurs ces derniers qu’il recherche activement au printemps; une fois que les hannetons ont émergé, les visites du blaireau se font plus rares.

Quelles solutions? La meilleure solution consiste donc généralement à mettre en place une clôture temporaire. Elle n’a pas besoin d’être très haute mais elle doit être solide. Plutôt qu’un grillage, il est souvent plus facile d’installer une clôture électrique, avec deux hauteurs de fil – 30 cm et 50 cm par exemple, ce qui évite tout accident avec batraciens et hérissons. Le répulsif antigibier ne semble en revanche pas
rebuter le blaireau.

Fouines

La fouine pose problème surtout à l’époque où les portées commencent à s’émanciper: quand ils ne récoltent pas les cerises, les jeunes s’amusent volontiers à bouleverser les plantations, déterrer les iris…

Quelles solutions? En présence de fouines, protéger éventuellement les endroits qu’elles semblent aimer saccager, comme avec les chats, et impérativement les volières, à l’aide de clôtures électriques. Si elles s’avèrent vraiment insupportables, contacter le garde-faune.

Rongeurs

On les appelle tous «souris», ou «taupes» s’ils font des monticules. Mais en réalité, les rongeurs qui commettent des dégâts au jardin sont surtout les mulots et les campagnols (les vraies taupes, elles, sont insectivores, tout comme les musaraignes).

Quelles solutions? La lutte contre les rongeurs est d’abord préventive. On favorisera si possible la présence de leurs prédateurs naturels (notamment belette, hermine, rapaces diurnes et nocturnes). Et on évitera de nourrir les rongeurs. En distribuant généreusement des graines ou du pain sec aux oiseaux, en toutes saisons, on favorise en fait surtout la prolifération des moineaux… et des rongeurs, car ceux-ci profitent des miettes que, dans leurs chamailleries, les tiolus laissent échapper! Pour se débarrasser des mulots et campagnols, on utilisera des pièges plutôt que des rodenticides, lesquels empoisonnent aussi les prédateurs. Appâter avec du pain sec, c’est le plus efficace.

Lièvres et lapins

Les lapins posent rarement problème dans nos régions.

Quelles solutions? Le cas échéant, une clôture est nécessaire, mais pas suffisante: il faut doubler le grillage aérien (80-100 cm) d’un grillage enterré (d’au moins 40 cm) car s’il y a un domaine où les lapins excellent, c’est bien celui des travaux de terrassement.

Oiseaux chapardeurs

Les oiseaux s’accoutument très vite à tous les effaroucheurs qu’on peut installer – au mieux, ces derniers (CD usagés, corneilles en plastique, ballons-yeux, etc.) feront effet quelques jours.

Quelles solutions? La seule façon un tant soit peu efficace de protéger les récoltes est d’installer des filets – mais si les chapardeurs sont très nombreux, ils réussiront tout de même à soustraire la plus grande partie du raisin, des fraises ou des figues! – ou d’ensacher les fruits. Si ce sont avant tout des bandes de moineaux qui sont en cause, on peut essayer de faire en sorte que le jardin soit un peu moins accueillant à leur égard: on évitera de distribuer du pain à tout va et on limitera les points de végétation dense et persistante, qui leur servent de quartier général.

Texte(s): Isabelle Erne
Photo(s): Isabelle Erne

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Parfum répulsif

Vendu sous l’appellation de «répulsif gibier», ce produit diffuse sa fragrance pénétrante même à travers le plastique des flacons. Côté utilisation, on quadrille le terrain avec des piquets sur lesquels on fixe des chiffons que l’on imbibe de l’odorant liquide, application à renouveler régulièrement. Attention, mieu x vaut éviter de s’en mettre sur les doigts ou les habits: l’odeur est aussi tenace qu’épouvantable. Expérience faite, les chevreuils évitent les zones ainsi «protégées». En revanche, les renards habitués au voisinage des hommes ou les chats domestiques paraissent moins incommodés que les jardiniers.

Clôtures permanentes

Avant de réaliser votre projet, pensez à demander l’autorisation de la commune: installer une clôture permanente représente un certain investissement, tant financièrement qu’en travail. Et ces coûts montent très vite selon qu’on se contente d’un grillage, qu’on préfère une plus élégante palissade, ou qu’on opte carrément pour un mur. Or les solutions les plus chères ne sont pas forcément les plus efficaces: à hauteur égale, un mur est plus facile à franchir pour un chat qu’un grillage métallique. Une bonne clôture bien posée stoppe chiens, blaireaux et, selon sa hauteur, renards, chevreuils…

Clôture électrique

Bien posée, elle décourage tous les animaux de bonne taille: acheter un garde-bétail électrique peut sembler un peu extrême, mais c’est parfois l’ultime solution contre chiens, chats, blaireaux…Installer une clôture électrique est facile en pleine campagne, en terrain dégagé; dans le cadre d’un jardin, c’est plus délicat: il faut prendre en compte les voisins (sur le pourtour de la propriété, un fil électrifié viendra plutôt en complément, au-dessus d’une clôture existante), la végétation (que le fil ne doit pas toucher), la petite faune (les fils doivent être posés de façon à ce qu’ils ne risquent pas de piéger hérissons, batraciens, lézards).

Détecteurs-émetteurs

Il en existe des quantités de modèles; la plupart émettent des ultrasons, mais certains déclenchent un jet d’eau, des flashes. Il existe des modèles destinés à une espèce particulière (fouines, notamment), avec une fréquence d’émission fixe, et d’autres avec une fréquence réglable, permettant de les utiliser pour faire fuir différents animaux indésirables, des oiseaux au chat du voisin. La plupart fonctionnent sur piles, et tous ne supportent pas les intempéries. Reste qu’il est difficile de conclure à une réelle efficacité: certains semblent marcher un temps, puis plus du tout, et la sensibilité paraît très variable d’un sujet à l’autre.