Innovation
Pasteuriser le lait directement à la ferme? Les lecteurs approuvent

Terre&Nature s’allie à la plateforme de financement participatif pour l’agriculture Yes We Farm. Chaque mois, le projet préféré des lecteurs sera présenté dans ces colonnes et recevra un coup de pouce financier.

Pasteuriser le lait directement à la ferme? Les lecteurs approuvent

L’union fait la force, elle est aussi gage de succès pour les familles Jacot et Vojtasik installées à Delley, au bord du lac de Neuchâtel. Leur projet de pasteuriser le lait de leurs 85 vaches et de le vendre dans leur ferme a séduit les lecteurs de Terre&Nature. Il a aussi reçu le soutien de près de nonante donateurs de la région, où les laiteries se raréfient. Leur exploitation laitière est d’ailleurs la dernière en activité sur le territoire de cette commune de la Broye fribourgeoise.

Le vrai goût des produits

«Nous livrons aussi notre lait à Grandcour (VD). Il sert à produire du gruyère AOP, explique Thierry Vojtasik. Il provient de vaches nourries exclusivement à l’herbe et au foin. Nous voulons faire découvrir le goût du bon lait sans traitement industriel à nos clients et leur expliquer notre métier s’ils le souhaitent. Nombre d’entre eux ignorent tout du travail d’agriculteur.»

Des restaurateurs et des commerçants les ont également soutenus dans leur démarche, leur offrant la possibilité de proposer leurs produits aux touristes séjournant dans les campings. «Recevoir un tel soutien local (ndlr: leur projet a été financé au-delà de la somme espérée) m’a étonné, presque gêné, reconnaît Johann Jacot. Cela montre qu’il y a de la demande pour ce genre d’initiatives, mises en lumière pendant la crise du coronavirus. On espère qu’en proposant des produits à la ferme, les gens continueront à acheter directement chez les paysans.»

Des normes strictes

Depuis quelques mois, Thierry Vojtasik et Johann Jacot vendent déjà quelques bouteilles de lait entier sur leur domaine, au prix de 1 fr. 80 le litre. Ils en écoulent une soixantaine par ce biais chaque semaine. Avec l’achat d’un pasteurisateur d’une capacité de 100 litres, les deux petits-cousins espèrent pouvoir accélérer la cadence en rationalisant aussi leurs efforts. La nouvelle installation prendra du service ces prochains jours pour répondre à la forte demande suscitée par la recherche de fonds. Une partie de la traite du soir sera chauffée à 72 degrés puis rapidement refroidie à 4 degrés pour permettre une conservation optimale du précieux liquide. Il sera mis en bouteilles à l’aube dans des locaux flambants neufs, répondant aux normes d’hygiène strictes imposées à ce genre d’activités. «J’ai suivi une formation à Grangeneuve pour savoir comment procéder dans les règles», ajoute Thierry Vojtasik, qui a ensuite dû trouver un graphiste pour réaliser les étiquettes à apposer sur leur produit.

60 hectares en association

Motivés par leur projet, les deux agriculteurs ont également commencé à cultiver ensemble des choux pour fabriquer de la choucroute, qui se retrouvera cet automne sur les rayons de leur cabanon de vente directe. Elle côtoiera des œufs, peut-être même de la farine et d’autres préparations à l’avenir, selon le succès que remportera leur petit point de vente.

Passionnés par leur métier — tous deux ont suivi d’autres formations avant le cursus d’agriculteur —, Thierry Vojtasik et Johann Jacot ne semblent jamais être à court d’idées. Au contraire, ils partagent la même motivation. «Nous nous sommes associés en 2002 pour reprendre le domaine de mon oncle, explique ce dernier, qui a toujours été plus attiré par la ferme que par le lac de Neuchâtel, à deux pas de là. On exploite aujourd’hui 60 hectares, où poussent des betteraves sucrières et fourragères, du blé, du maïs et surtout de l’herbe pour notre exploitation laitière. Être deux permet de conserver une vie de famille à côté et de se relayer, c’est vital à nos yeux.»

La formule semble leur convenir: en 2013, ils ont agrandi leur stabulation libre, située à l’extérieur du village. Ils peuvent compter sur un apprenti pour les épauler depuis quelques années. Ils songent même à en engager un second prochainement pour prendre soin de leur domaine qui ne cesse de se diversifier.

Rendez-vous sur www.terrenature.ch/yes-we-farm pour élire votre projet préféré et tenter de gagner un cadeau surprise par tirage au
sort! Votes ouverts jusqu’au 20 août. Retrouvez un reportage sur le projet lauréat dans notre cahier «Les pros de la terre» du 27 août 2020.

Texte(s): Céline Duruz
Photo(s): Céline Duruz