Innovation
Nos lecteurs se joignent à la ligue des justiciers de «Robin des Fermes»

Terre&Nature s’est allié cette année à la plateforme de financement participatif pour l’agriculture Yes We Farm. Chaque mois, nous avons présenté et donné un coup de pouce financier à votre projet préféré.

Nos lecteurs se joignent à la ligue des justiciers de «Robin des Fermes»

«Longue vie à Robin des Fermes! Plus de justice pour ceux qui nous nourrissent!» Ce slogan a fait mouche auprès des fidèles de Terre&Nature, qui l’ont élu projet du mois de décembre. L’idée est en effet séduisante: elle consiste à financer la création d’une plateforme internet favorisant la vente directe, mise à disposition des producteurs.

Cela fait plus de trois ans qu’une équipe de jeunes Vaudois peaufine son projet. Il pourrait se concrétiser en janvier prochain: le processus s’est accéléré à la suite de la pandémie, les consommateurs ayant été très nombreux à se rendre dans les fermes pour s’approvisionner ce printemps. «Nous voulions nous mettre à la place des agriculteurs et leur proposer un outil numérique afin de les aider à commercialiser leurs produits eux-mêmes, explique le fondateur Tanguy Écoffey. Il existe de nombreuses solutions, mais elles sont essentiellement axées sur les clients à la recherche du meilleur rapport qualité-prix.»

Promotion de la vente directe
Les sept mercenaires vivant dans le Jorat (VD) ont lancé leur démarche en se basant sur deux tristes records détenus par la Suisse, qui fait partie des pays d’Europe dont la part du budget dédiée à l’alimentation est la plus basse et où les marges des gros distributeurs sont parmi les plus élevées du continent.

Ils ont donc voulu se muer en justiciers et se sont regroupés sous le nom de «Robin des Fermes». «Notre arme est la vente directe. Ce mode d’achat est une expérience plus enrichissante pour le consommateur que de se rendre dans un supermarché. Elle permet aussi aux producteurs de se passer d’intermédiaire et donc d’être mieux rémunérés pour leur travail», ajoute l’habitant de Mézières (VD).

En parlant avec des amis paysans travaillant dans sa région, Tanguy Écoffey a constaté que la vente directe n’est pas toujours évidente à mettre en place et qu’elle demande beaucoup de logistique et de souplesse de leur part, contraints qu’ils sont alors de se muer en vendeurs.

L’outil numérique créé par le collectif — et élaboré avec l’aide de producteurs notamment — veut offrir la possibilité aux consommateurs de trouver, commander et payer leurs marchandises puis de les recevoir facilement à la maison, en partenariat avec La Poste. «Nous voulons mettre en avant les produits existant dans un rayon de 15 kilomètres autour de chez soi», poursuit Tanguy Écoffey.

Des ventes simplifiées
Les fonds récoltés lors du financement participatif serviront à payer les développeurs concevant la plateforme, le reste sera investi dans la communication et le marketing visant à faire connaître leur démarche à l’échelle locale et régionale dans un premier temps. «On n’achète ni ne revend de denrées, on ne veut pas se substituer aux agriculteurs, poursuit Tanguy Écoffey. Ce sont eux qui décideront quels produits mettre en ligne, quand et en quelle quantité. On est là pour les conseiller, sur la grandeur des packs de viande par exemple. Notre site leur permettra ensuite de mieux gérer leur volume de commandes sans multiplier les canaux de vente.»

Paiement facilité
Cette solution se veut clés en main. Le collectif «Robin des Fermes» prélèvera une marge de 10% des ventes, 3% supplémentaires servant à financer les frais de paiement en ligne. «On se charge de faire les factures. L’argent va directement aux producteurs, ajoute le jeune Vaudois. Ils peuvent également bénéficier d’une meilleure visibilité en figurant sur notre site.»

Pour que le projet soit le plus efficient possible, il faudra qu’il convainque un maximum d’éleveurs et de cultivateurs, pour le moment au nombre de dix. «Nous allons commencer par développer notre réseau sur le canton de Vaud avant de l’élargir à la Suisse romande et pourquoi pas au pays entier ces prochaines années, si la demande est là», conclut le fondateur.

+ D’infos www.robindesfermes.ch; découvrez les projets en recherche de financement sur la plateforme www.yeswefarm.ch

 

Texte(s): Céline Duruz
Photo(s): DR