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Les rosiers, si délicats… vraiment?

Pucerons, mildiou, cochenilles, thrips, galles, oïdium, tenthrèdes, et on en passe: la liste des
ennemis des rosiers est aussi longue que chantante. Faut-il s’en inquiéter? Notre expérience.

Les rosiers, si délicats… vraiment?

«Ne plantez pas de rosiers si vous n’êtes pas prêts à les traiter tous les quinze jours, tout au long de la belle saison: vous n’auriez que des branches défeuillées, et pas de fleurs.» C’est, en substance, le message que transmettent encore bien des ouvrages de jardin. Et qui détourne des roses bien des amateurs… Qu’en est-il réellement? Dans nos jardins, nous ne traitons pas du tout les rosiers contre les «maladies», ni préventivement ni en cas d’attaque. Au fil des années, quelques-uns ont ainsi montré une sensibilité importante au marsonia, notamment – les conditions climatiques locales étant favorables à cette maladie. Les variétés qui se retrouvent systématiquement défeuillées dès le milieu de l’été s’affaiblissent et peuvent finir par disparaître. Mais elles ne sont qu’une toute petite minorité!

Certes, beaucoup de rosiers sont susceptibles de montrer des taches noires en fin de saison – et dans nos plantations, quelques-uns continuent à perdre une partie de leur feuillage déjà à partir de l’été, lors des années particulièrement humides. Mais ceux qui restent parviennent néanmoins à «vivre avec»: les plants ne s’étiolent pas au fil des années, leurs floraisons restent généreuses – même celles de fin d’été, pour les remontants. C’est ce qu’on appelle des variétés tolérantes à la maladie.

Bien sûr, si l’on ne supporte que des plantes impeccables, on préférera les traiter quand même régulièrement (et préventivement: bio ou pas, les moyens de lutte ne sont pas efficaces une fois que le problème est là). Dans le cas contraire, on pourra très bien s’épargner cette peine, et se contenter d’offrir à ces rosiers les meilleures conditions possibles – en les débarrassant de voisines trop envahissantes, en les nourrissant une ou deux fois l’an, en les taillant raisonnablement. Ce qui leur permettra de se fortifier. Et parfois même de pouvoir passer pour des variétés résistantes – celles qui restent parfaitement indemnes tout au long de la belle saison, année après année. Contrairement à ce qu’on raconte, il en existe pas mal…

La liste des bestioles susceptibles de s’attaquer aux racines, aux feuilles, aux boutons ou aux fleurs des rosiers est bien plus longue que celle des «maladies». Pourtant, si la plante infestée pousse en pleine terre, en plein air, au cœur d’un jardin bien diversifié, on peut, dans la plupart des cas, se contenter d’attendre que le problème se règle tout seul. Dans nos jardins, nous n’intervenons régulièrement que contre la mouche cigarière, pour contenir sa prolifération (en retirant et en jetant toutes les folioles enroulées). La présence d’otiorynques, ou celle d’autres bestioles sur des rosiers poussant à proximité de la maison, en bacs ou sous serre, pourrait cependant nécessiter une intervention même dans un jardin par ailleurs «naturel». Le cas échéant, les traitements bio existants feraient l’affaire aussi bien que les produits de synthèse.

Texte(s): Isabelle Erne

Bon à savoir

Des rosiers à cultiver sous conditions

  • Rosiers particulièrement sensibles au marsonia: la rose de Nax (Rosa foetida) et ses variantes, les rosiers à massifs modernes – surtout ceux de la seconde moitié du XXe siècle. En climats favorables à la maladie (frais et plutôt humides), ne choisir que des variétés signalées résistantes ou tolérantes.
  • Rosiers sensibles à la rouille: Rosa x alba et ses variétés, Rosa canina, Rosa rubiginosa…
  • Rosiers sensibles à l’oïdium: hybrides de wichurana (‘American Pillar’, ‘Albertine’, ‘Paul Noël’), ‘New Dawn’, rosiers mousseux. Eviter de les planter en situation brûlante et confinée.
  • Rosiers sensibles au botrytis (fleurs «moisissant» en boutons): variétés anciennes à pétales très nombreux et fins, comme les Centfeuilles. Y renoncer en climat régulièrement frais et humide.
  • Rosiers sensibles au dépérissement (branches se desséchant soudainement): notamment rosiers botaniques orientaux, comme Rosa primula, Rosa sericea, Rosa xanthina et hybrides. Eviter de pailler avec des écorces aux pieds de ces rosiers.

Vos questions – nos réponses

Les rosiers en pot peuvent-ils aussi être touchés?
Oui, et ils sont même bien plus susceptibles de connaître des problèmes que les plants installés au jardin: les conditions de culture sont moins stables, la situation souvent plus confinée, les possibilités de lutte biologique spontanée réduites. Ainsi, c’est surtout sur les rosiers de terrasse ou poussant contre les façades que l’on observe des problèmes de cochenilles (rares par ailleurs), de mildiou ou d’araignées rouges…

Durant l’été le feuillage de mon rosier jaunit, est-il malade?
Pas forcément. S’il n’y a par ailleurs ni taches ni dépôt poudreux sur le feuillage, il s’agit plus probablement d’une carence (en azote, en fer, en eau, en magnésium…).

Comment se fait-il qu’on continue à proposer des variétés sensibles?
Sans doute parce qu’elles continuent d’être demandées… Plusieurs raisons à cela. D’abord, bien des jardiniers continuent à traiter régulièrement. Ensuite, nombre de collectionneurs sont prêts à tous les efforts pour leurs favorites. Enfin, et surtout, vigueur et santé d’une même variété peuvent se révéler très différentes selon les climats et les conditions de culture. Une plante misérable ici peut être superbe ailleurs!