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Les premiers pas des futurs chiens d’assistance se font chez des bénévoles

À Granges (VS), l’association Le Copain forme des chiens d’assistance pour des personnes handicapées physiquement. Mais avant ce travail spécifique, des familles d’accueil s’investissent pour leur éducation de base.

Les premiers pas des futurs chiens d’assistance se font chez des bénévoles

Dans un jardin de Bevaix (NE), un chiot, insouciant, s’amuse dans l’herbe. Avide de découvertes, Bosca n’a certainement pas conscience des attentes qui reposent sur elle. La jeune golden retriever est en effet destinée à faciliter le quotidien d’une personne en situation de handicap. Pour l’heure, elle fait peu à peu connaissance avec le monde, guidée par Martine Chevalier. Cette Neuchâteloise s’est engagée comme famille d’accueil, afin d’accompagner le jeune chien dans son développement
pendant ses premiers mois de vie. Elle bénéficie d’une solide expérience, puisque Bosca est le huitième qu’elle forme. Après cette phase de jeu, la quinquagénaire emmènera sa protégée faire la connaissance des bruits et de la foule dans un supermarché. «Lorsque ma dernière chienne est devenue âgée, j’ai eu envie d’en reprendre un, mais sans avoir la contrainte de m’engager plusieurs années. J’ai entendu par hasard à la radio l’appel du Copain, qui recherchait des familles d’accueil. Je ne connaissais alors pas le monde du handicap, mais l’aspect éducatif m’intéressait. Au fil du temps, pouvoir rendre service à des personnes en difficulté est devenu l’objectif prioritaire.»

Une bonne éducation de base
En tant que famille d’accueil, Martine Chevalier, soutenue par son mari, est chargée de dispenser l’éducation de base à ce compagnon temporaire. La formation spécifique pour les futures tâches de Bosca aura lieu par la suite au centre de l’association, à Granges (VS). «Je garde toujours en tête que mon chien va être amené à partager le quotidien d’une personne en fauteuil roulant, relève-t-elle. Par exemple, il ne doit tirer à la laisse sous aucun prétexte, sinon il risque de faire chuter la personne en situation de handicap. Ramasser une friandise par terre est également interdit: si le bénéficiaire laisse tomber des médicaments, il ne faudrait pas que le chien les avale!» Pour apprendre à Bosca à être bien élevée et respectueuse des gens rencontrés en chemin, Martine Chevalier doit être stricte et conséquente dans ses demandes. «À mes yeux, tout bon chien de famille devrait être éduqué de la même manière qu’un chien d’assistance. Tous seraient ainsi des animaux équilibrés et parfaitement intégrés à la société dans laquelle nous vivons.»

Des expériences variées
Les premiers mois de vie sont capitaux pour une bonne socialisation. Afin de l’habituer à toutes les circonstances qu’elle pourrait rencontrer, Bosca va multiplier les expériences au fil des semaines. «Transports publics, restaurants, zoo ou magasins: nous l’emmenons partout avec nous. Elle doit prendre confiance pour être à l’aise quelle que soit la situation. Nous la familiarisons avec des bruits ou des lieux inhabituels, comme les applaudissements ou les ascenseurs.» Grâce à sa chabraque jaune, qui mentionne que la jeune golden retriever est en formation comme chien d’assistance, certains lieux normalement interdits aux animaux, comme les salles de concert, lui sont accessibles. En outre, une fois par semaine, Martine Chevalier et Bosca prennent un cours avec un moniteur du Copain. Si la majorité des ordres – coucher, assis, retour – ne diffèrent guère de ce qu’on demande à un chien de famille, Martine Chevalier prépare déjà la suite par quelques demandes spécifiques. «Dire bonjour», en levant la patte relativement haut, permettra d’apprendre à la chienne à fermer des portes. «Up», les deux pattes avant posées sur une table, lui servira de base pour donner un porte-monnaie au comptoir d’un magasin. «Il sera difficile pour moi de me séparer de Bosca, car je m’y attache de plus en plus. Mais je sais qu’elle aura une belle vie auprès du bénéficiaire qu’elle va accompagner.»

Texte(s): Véronique Curchod
Photo(s): Thierry Porchet

Questions à...

Christelle Berney, directrice de l’association Le Copain

Qu’est-ce qui caractérise ces familles d’accueil?
La générosité, sans aucun doute! Former ainsi un chiot dont on va ensuite devoir se séparer est un sacrifice énorme. Les familles vont alors vivre un deuil. L’investissement de ces bénévoles pour des personnes handicapées qu’elles ne connaissent pas est un geste altruiste qui me touche profondément.

Qui va bénéficier de ces chiens d’assistance?
Nous les destinons principalement à des personnes handicapées sur le plan physique, à la suite d’une sclérose en plaques, un accident ou une maladie orpheline. Mais seuls 60% environ seront placés chez de tels bénéficiaires, les autres étant réformés. Un ennui de santé – dysplasie, allergie – ou un instinct de chasse ou de garde peuvent nous amener à prendre cette décision. La famille d’accueil a alors la possibilité d’adopter le chien qu’elle a éduqué.

En chiffres

Les chiens du Copain, c’est:
2 races formées, le labrador et le
golden retriever.
12 à 18 mois en famille d’accueil, dès
l’âge de 8 semaines.
6 à 12 mois de formation spécifique
au centre de Granges (VS).
2 semaines de stage intensif du
bénéficiaire avec son futur chien.
20 à 25 sujets par année en prééducation
dans des familles d’accueil.
30 000 francs le coût de la formation
d’un chien.
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