Animaux
Les phasmes séduisent les amateurs d’animaux exotiques et intrigants

Si les chiens et les chats font toujours partie des animaux domestiques les plus répandus, de nouveaux compagnons font leur apparition dans les logements romands. Découverte d’étonnants insectes.

Les phasmes séduisent les amateurs d’animaux exotiques et intrigants

La chambre de Matteo Lazzari, à Pully (VD), ressemble à celle de tout adolescent de son âge. Des posters au mur, un bureau avec des piles de cahiers, des souvenirs engrangés au fil des années. Pourtant, plusieurs terrariums disposés ici et là attirent l’attention. Au premier regard, ils semblent vides. Mais l’œil détecte peu à peu de curieux insectes, camouflés dans les feuillages. Ce sont des phasmes, un nom qui signifie «fantôme» en grec. Cette dénomination leur sied à merveille, tant ils se fondent dans leur environnement. «La taille de ces insectes et leurs multiples facultés me fascinent, s’enthousiasme Matteo. Je passe beaucoup de temps à les observer.» Dès que l’adolescent est lancé sur le sujet, il devient intarissable. Doté d’un esprit scientifique, il ne se lasse pas de les étudier, se documentant sans relâche. Ses connaissances étendues sur le sujet sont dignes d’une encyclopédie. «Tout petit déjà, il était toujours à quatre pattes pour admirer les sauterelles et autres insectes, se rappelle sa mère, Catherine. Lorsque nous partons en vacances dans le sud, il se donne toujours pour challenge de découvrir des phasmes vivant en pleine nature.»

Fascinant à observer
En observant une curieuse brindille se déplaçant très lentement, on ne peut qu’être surpris par l’étonnant mimétisme des phasmes avec les végétaux. Leurs antennes nous aident cependant à déterminer où se trouve leur tête. En y regardant de plus près, on voit même les mandibules s’attaquer à des feuilles de ronce. «Passer inaperçu est la principale tactique de survie de ces insectes, explique l’adolescent. Certains imitent des feuilles, d’autres des branches ou des tiges épineuses. Ce camouflage ne se limite pas à leur apparence, mais également aux couleurs vertes ou brunes qui évoluent en fonction de leur environnement.» La majorité des espèces sont originaires de régions tropicales et équatoriales, d’Asie, d’Amérique et d’Océanie. Matteo possède actuellement cinq espèces différentes, mais il en a eu jusqu’à neuf. Il aime en adopter de nouvelles, car chacune possède ses particularités. «J’ai une préférence pour le phasme du Pérou, découvert il y a une dizaine d’années au nord du pays. Noir, il a les yeux jaunes et de petites ailes rouges.» Bien qu’ils puissent être manipulés avec précaution, ces curieux animaux de compagnie se prêtent plutôt à l’observation. «J’aime les porter, mais la catalepsie étant un de leurs moyens de défense – immobiles, ils imitent alors un insecte mort –, je préfère les laisser dans leur terrarium.»

Patience requise
Le jeune Vaudois prend du plaisir à élever ces drôles d’animaux, redoublant de persévérance. Il faut en effet parfois patienter jusqu’à une année pour voir un œuf éclore, après l’avoir mis dans une boîte d’incubation. Si cette longue attente peut rebuter la plupart de ceux qui aimeraient en posséder, elle fascine au contraire l’adolescent. «Le bonheur de voir un jeune enfin naître s’en trouve décuplé!» Cet été, Matteo a eu la chance de découvrir de jeunes phasmes géants dilatés, après de nombreux mois d’espoir. «Les voir se développer peu à peu, au fil de mues qui peuvent durer chacune jusqu’à deux heures, me passionne.» Après leur éclosion, les phasmes juvéniles vont en effet muer jusqu’à sept fois pour atteindre progressivement leur taille adulte, ce qui permet d’étudier le cycle de vie de l’insecte.

Des capacités étonnantes
Les phasmes cumulent des propriétés étonnantes, qui contribuent à la fascination qu’ils exercent. «Le mimétisme est poussé jusqu’aux œufs, qui ressemblent à des graines semblables à celles qu’on trouve dans leur milieu naturel», souligne le jeune homme. En outre, ces experts du camouflage sont capables d’autotomie: si un prédateur attrape l’une de leurs pattes, ils ont la capacité de perdre délibérément ce membre, qui se régénérera au fil des mues suivantes. La reproduction est une autre curiosité. «Les femelles peuvent se reproduire sans être fécondées par un mâle, relève l’adolescent. On parle alors de parthénogenèse. Celle-ci donnera naissance uniquement à des femelles.»
Mais trêve d’explications, il est temps pour Matteo d’aller chercher le goûter de ses protégés. Une balade autour de chez lui permettra de récolter leur nourriture favorite: des feuilles de ronce, de chêne et de troène.

+ D’infos www.passion-insectes.com

Texte(s): Véronique Curchod
Photo(s): Eric Bernier

Un élevage aisé à mettre en place

Simples d’entretien, les phasmes peuvent facilement être détenus dans un terrarium aménagé en fonction des particularités des espèces choisies. Comme ils ne volent pas, les phasmes n’ont pas besoin d’un grand espace. Pour les petits spécimens, un terrarium de 30 cm de côté est suffisant. Plusieurs fois par semaine, les plantes doivent être humidifiées avec un pulvérisateur, afin que les insectes puissent s’abreuver. Pour compléter l’installation, un bac rempli de terre leur permet de déposer leurs œufs, la ponte se faisant toute l’année, à raison d’un à trois œufs par jour. Il faut veiller à renouveler régulièrement les feuilles servies comme aliment. Les phasmes peuvent être achetés dans des animaleries, chez des particuliers ou sur des sites spécialisés. Il faut compter en moyenne de 5 à 20 francs pour les espèces communes.

Les phasmes, ce sont:

3100 espèces répertoriées, dont 300 qu’on retrouve en élevage.
6 espèces vivent dans le bassin méditerranéen.
1750 à 1900, la période pendant laquelle la majorité ont été découvertes.
50 cm le record de longueur pour un phasme asiatique, les pattes tendues.
70 grammes le poids de l’espèce la plus lourde, qui vit en Malaisie.
2 à 12 mois la durée d’incubation des œufs.
6 à 12 mois la durée de vie