viticulture
Les pépinières viticoles suisses s’attachent à produire du raisin sain

Sur le marché suisse, ils sont quarante à produire et vendre des plants de vigne. Ces pépiniéristes misent d’abord sur la qualité des raisins et suivent attentivement l’évolution des tendances.

Les pépinières viticoles suisses s’attachent à produire du raisin sain

La qualité des plants de vigne est cruciale pour tout vignoble. En Suisse, quarante vignerons pépiniéristes produisent chaque année près de 4,5 millions de plants, dont quelque 3,5 millions seront vendus aux viticulteurs du pays douze mois plus tard. Cette opération a généralement lieu au mois de mars. Elle consiste à assembler une variété à un porte-greffe de bois américain résistant au phylloxéra. Une année plus tard, le plant de vigne est à la disposition du client, qui pourra le mettre en terre. Et il faut dès lors attendre au moins trois ans pour voir apparaître les premières grappes prêtes à la vendange.
Moins nombreux qu’à l’époque où la Suisse misait tout sur la productivité, les pépiniéristes vignerons ont un rôle crucial pour le maintien d’un vignoble sain et pour l’obtention de vins de qualité. Dans notre pays, la production de vignes est réglementée dans l’ordonnance sur les plants de vigne. Le Département fédéral de l’économie a d’ailleurs révisé cette ordonnance en 2012, pour encourager la certification des jeunes plants. Le but est la lutte contre les éventuelles maladies de la vigne. L’Office fédéral de l’agriculture vérifie ainsi régulièrement, avec le concours de la station de recherche Agroscope, que les «vignes mères» sont exemptes de maladies virales et qu’elles possèdent l’authenticité variétale. «L’achat de plants suisses est un moyen prophylactique de lutter contre les maladies de la vigne», précise Loïc Bardet, secrétaire de Vitiplant, une organisation interprofessionnelle formée par la Fédération des pépiniéristes viticulteurs suisses (FPVS) et la Fédération suisse des vignerons (FSV). Et de souligner les dangers d’une acquisition inconsidérée de plants de vigne. «Le vigneron devrait toujours vérifier qu’il achète des plants munis d’un passeport phytosanitaire, le ZP-d4.» Un contrôle utile pour garantir l’absence de toute maladie avant la mise en circulation du matériel végétal. Le canton de Vaud en sait quelque chose. Ses experts viticoles luttent actuellement contre la flavescence dorée à La Tour-de-Peilz. La vigne contaminée par ce fléau, propagé par un insecte, vient d’être arrachée.

Un marché opaque
Si plus de la moitié des vignerons pépiniéristes suisses ont une adresse dans le canton de Vaud, leurs plants de vigne ne représentent que le tiers de la production totale. La FPVS ne fournit aucune donnée statistique sur le chiffre d’affaires global de la branche. «Pour des raisons de concurrence, nous avons renoncé à donner les prix indicatifs des plants de vigne, explique Loïc Bardet. Seule la Société des pépiniéristes viticulteurs vaudois le fait encore.» On peut ainsi estimer qu’un plant de vigne se négocie, plus ou moins, autour des 3 francs, et en fonction notamment de l’importance de la plantation.
Même si les nouvelles variétés tendent à gagner du terrain en Suisse, les cépages les plus produits restent le chasselas, le pinot noir et le merlot. «La part des spécialités augmente chaque année, note Loïc Bardet. La diversification de l’encépagement va croissant et donc, par là même, la diversité des plants de vigne.» Le chasselas n’en demeure pas moins intéressant, et les vignerons pépiniéristes ont le sentiment qu’il a tendance à retrouver sa cote.
Si la part des importations de plants de vigne étrangers n’est pas connue, les viticulteurs pépiniéristes se disent confiants. Leurs plants de vigne sont certes une fois et demie plus chers qu’en France. Mais en misant sur la qualité et la pérennité de variétés exprimant le terroir suisse, ces champions de la biodiversité conservent la confiance de leur clientèle.

Texte(s): Nicolas Verdan
Photo(s): DR

Commercialisation: les trois grands pépiniéristes suisses

Philippe Borioli, Bevaix (NE)
Surface 6,5 hectares de pépinières.
Volume 750 000 greffes boutures (2015).
Cépages 25 cépages-clones issus du conservatoire d’Agroscope.
Spécificité Précurseur et spécialiste pour les plants haute tige (65 à 90 cm).

Andreas Meier, Würenlingen (AG)
Surface Près de 4,5 hectares.
Volume 700 000 plants de vigne.
Cépages Tous les cépages suisses ainsi que ceux plantés en France et en Allemagne.
Spécificité Ses propres clones spécifiés de pinot noir, gewurztraminer, pinot gris, etc.

Christian Dutruy, Founex (GE)
Surface 3,5 hectares en irrigation goutte à goutte et 3 de ses propres bois à greffer.
Volume 450 000 greffes.
Cépages Chasselas, gamay, pinot noir et gamaret.
Spécificité Près de 40% de matériel certifié.