Animaux
Les cocoricos du coq épatent les poules… mais énervent les voisins

Si on s’accommode de son chant matinal, le coq peut jouer un rôle important dans un poulailler. Chef de la basse-cour, il protège en effet ses poules contre tout intrus. Mais reste à convaincre le voisinage...

Les cocoricos du coq épatent les poules… mais énervent les voisins

On ne compte plus les conflits de voisinage liés à la présence de coqs dans des poulaillers. Certaines de ces querelles finissent parfois même devant les tribunaux. Avec l’intérêt grandissant pour la garde de poules, la problématique risque de s’accroître. Car avec son plumage flamboyant, ce fier volatile a de quoi séduire tous les amateurs de volailles. «Les poules n’ont cependant pas besoin de ses services pour se mettre à pondre, relève Patrick Lüthi, président de la Société vaudoise d’aviculture de Nyon et environs. Les particuliers qui possèdent quelques gallinacés pour le plaisir peuvent donc s’en passer. Cependant, si ces personnes veulent pouvoir acquérir une poule, les éleveurs doivent obligatoirement détenir des coqs, afin de féconder les œufs et renouveler ainsi le cheptel.»

Protecteur de ses belles

Contrairement aux idées reçues, le chant puissant du coq n’est pas destiné à annoncer le lever du soleil et réveiller la basse-cour – ainsi que les voisins –, mais est un moyen de communication. «Le coq affirme ainsi sa présence, marquant son territoire vis-à-vis des éventuels rivaux dans le voisinage, explique Patrick Lüthi. Il n’est pas rare que ceux-ci se répondent alors pour chacun exprimer sa supériorité.» Il est d’ailleurs loin d’être le seul à pousser la chansonnette le matin venu, beaucoup d’oiseaux proposent un concert aux aurores. Tout comme eux, le coq continue à lancer des cocoricos toute la journée, offrant un fond sonore typique des fermes d’autrefois.

«Lorsque je fais des animations avec ma ferme pédagogique Un air de campagne dans les EMS, les personnes âgées sont souvent émues lorsqu’elles entendent chanter mon coq, qui leur rappelle leur enfance à la campagne», se réjouit Florian Gobet, de Villaz-Saint-Pierre (FR). Quand on parle de «poulailler», le coq a cependant un rôle non négligeable à jouer dans cette société féminine. Si aucune étude n’a pu démontrer qu’il réduisait le stress des poules, en les rassurant par sa présence bienveillante, celles-ci sont sans aucun doute mieux protégées en sa compagnie. Les coqs, courageux, n’hésitent en effet pas à défendre leur basse-cour contre l’attaque d’un intrus. Certains, particulièrement agressifs, s’en prennent même aux êtres humains, ce qui n’est pas sans poser problème.

Ces fiers volatiles n’aimant pas la concurrence – les combats de coqs, prohibés en Suisse, reposant sur ce caractère vindicatif –, on évitera soigneusement de détenir plus d’un individu. On s’abstiendra également de laisser une poule seule avec un mâle, les ardeurs insatiables de monsieur risquant de l’épuiser rapidement. «Un groupe social stable ne nécessite pas forcément la présence d’un mâle, mais à l’état naturel, il se compose souvent d’environ cinq poules et d’un coq, explique Stefan Kunfermann, porte-­parole de l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires. La présence d’un coq augmente le répertoire comportemental: parade nuptiale, accouplement, échanges sociaux.»

De l’espace et des cachettes

Pour que la cohabitation se passe bien entre le coq et ses poulettes, quelques règles sont à respecter. Le picage agressif entre eux est révélateur d’un problème de détention ou d’un manque de stabilité du groupe social, dû à l’introduction de nouveaux individus. «Il faut veiller à avoir suffisamment d’espace et de possibilités de retraite, avec des perchoirs à différentes hauteurs et des buissons», recommande Stefan Kunfermann. Avant d’accueillir un mâle, il est conseillé de se renseigner, chaque commune ayant sa propre législation, en fonction des diverses zones d’habitation.

«Il vaut la peine de discuter au préalable avec ses voisins, afin d’éviter de futurs litiges liés aux nuisances sonores nocturnes, conseille Patrick Lüthi. À la campagne, les habitants sont souvent plus tolérants.» Un coq silencieux, cela n’existe en effet pas. Mais certaines races s’égosillent de manière plus ou moins mélodieuse. Le chant est d’ailleurs révélateur de la bonne santé du volatile: s’il devient muet, il est certainement malade. «Je me suis habitué au chant de mon coq et n’y prête désormais pas plus attention qu’au clocher du village, note Florian Gobet, qui loue des poules par le biais de son entreprise Loca’poules. Je n’en propose par contre pas à mes clients, afin d’éviter les problèmes dans les zones urbaines.»

Texte(s): Véronique Curchod
Photo(s): DR

En chiffres

Un coq, c’est:

  • 4 heures du matin, le moment où il commence à chanter en été.
  • 50 à 60 décibels la puissance de son chant.
  • 20 secondes la durée maximale de son cri.
  • 4 à 5 mois, l’âge où il lance son premier cocorico, lorsqu’il atteint la maturité sexuelle.
  • 1 syrinx, cet organe vibre lorsqu’il expulse l’air de ses poumons.
  • 0 corde vocale
  • 3 noms pour son cri: chanter, coqueliner ou coqueriquer.
  • 4 à 5 poules minimum pour un mâle.

Un atout dans le poulailler

«J’ai eu plusieurs coqs, mais j’y ai désormais renoncé, explique Régine Favre, de Buchillon (VD). J’habite dans un quartier villa où leurs cocoricos ne sont en effet plus les bienvenus, provoquant des conflits avec le voisinage. Mes onze poules vivent aujourd’hui seules. Cependant, si je vivais en pleine campagne, j’en adopterais à nouveau un, car j’aime leur beauté et leur caractère. L’un d’eux, Pepito, m’a particulièrement marquée par sa confiance envers toute la famille. Un jour, je l’ai retrouvé perché sur le bras de mon petit-fils, alors que celui-ci mangeait sa glace. J’ai pu en outre observer que le coq apporte un certain équilibre au poulailler, surveillant et prenant soin de ses protégées, les nourrissant même parfois. J’ai assisté une fois à un spectacle incroyable, alors qu’un autour avait attrapé l’une des poules: le coq s’était battu de toutes ses forces, avec son bec et ses griffes, au péril de sa vie, pour empêcher le rapace de s’envoler avec elle!»