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VIDEO: Les blaireautins gambadent, jouent et roulent à l’entrée de leur terrier

Dès aujourd’hui, visionnez sur notre chaîne YouTube le nouvel épisode du «Marronnier». Imaginée par le journaliste genevois Witold Langlois, cette série décrypte chaque mois le comportement des animaux de chez nous. Un bon gros géant

VIDEO: Les blaireautins gambadent, jouent et roulent à l’entrée de leur terrier

Sa silhouette massive et ses griffes non rétractiles donnent au blaireau l’air d’un petit ours trapu. Mesurant 80 cm en moyenne, on lui décerne la palme du plus grand mustélidé de nos contrées. Charismatique avec son masque noir et son air canaille, il est apprécié et jouit d’un capital sympathie élevé chez les humains. «Le blaireau a besoin de beaucoup de place, explique Manuel Ruedi, conservateur au Muséum d’histoire naturelle de Genève. Il creuse donc un large terrier en forêt pour sa progéniture. Les plus anciens sont si étendus qu’ils possèdent jusqu’à 40 entrées! Dans ces cas, la surface intérieure habitée peut atteindre jusqu’à 2500 m2!»

Comme à l’hôtel
Nocturne, le blaireau sort de son terrier au crépuscule dès le mois de mai, et cela jusqu’à fin août. Quand vient l’automne, il peut passer jusqu’à dix heures par jour dehors pour se nourrir. En revanche, lorsque le froid s’installe, son activité diminue drastiquement. Il se replie alors au fond de son terrier, au chaud. Mais attention, il n’hiberne pas! Il dort bien plus que le reste de l’année, ne comptant que sur ses réserves de graisse pour survivre. Territorial, le blaireau vit en clans. Chaque individu se nourrit seul, mais la toilette se fait en groupe. «Il arrive que dans un même terrier, deux voire trois blaireaux partagent une chambre, en changeant régulièrement, tout comme de colocataire.» Détail cocasse: l’animal ceinture l’entrée de son terrier en déféquant dans des trous peu profonds qu’on appelle «latrines».

Sacré glouton
Omnivore, le blaireau mange absolument de tout! Carnivore au printemps, il est plus végétarien en automne. Au menu: des petits mammifères (musaraignes, campagnols, taupes), des batraciens (essentiellement des grenouilles) et beaucoup d’insectes. Mais son péché mignon reste les lombrics. Côté végétaux, il se délecte toute l’année de racines et autres tubercules, de quelques variétés de champignons, de baies sauvages et de fruits des bois. Lourdaud et peu doué pour la course, le blaireau ne poursuit jamais de proie.

Nouvelle génération
Les blaireaux se reproduisent principalement l’hiver, parfois jusqu’au début du printemps. Une femelle peut sans problème s’accoupler avec plusieurs mâles d’un même clan! Les blaireautins naissent à la fin des grands froids et ne s’aventurent hors du terrier que vers l’âge de 2 mois. «On peut les voir le soir, quand ils se mettent en quête de nourriture, ou qu’ils sortent faire leurs besoins. Le blaireau aime s’asseoir sur son arrière-train et se gratter le ventre et les flancs avec les dents et les griffes. Ces scènes qui prêtent à sourire sont connues des naturalistes, car elles sont facilement observables. À condition de connaître l’emplacement d’un terrier, bien sûr, et d’être à l’affût face au vent.

A l’assaut des villes
Malgré son naturel farouche, le blaireau n’hésite plus à coloniser les villes. En Suisse, on parle même d’invasion! À cause de la dégradation de son habitat naturel et de l’urbanisation, il est contraint de s’adapter comme nombre d’espèces animales. Fouisseur, il pourrait causer d’importants dégâts si ses effectifs en ville continuaient de progresser rapidement.

Texte(s): Witold Langlois
Photo(s): Robin Recordon

Notre expert

Manuel Ruedi, conservateur et zoologue au Muséum d’histoire naturelle de Genève, est spécialiste en mammifères. Il connaît très bien la faune de nos contrées, qu’il observe et étudie depuis des dizaines d’années.