Du côté alémanique
Le roi suisse de la production bio de plantes aromatiques est bernois

Daniela et Lukas Studer font partie des rares agriculteurs bios à avoir fait le pari de se consacrer uniquement à la culture de plantes aromatiques. Ils doivent notamment leur renommée à leur propre marque, SwissTea.

Le roi suisse de la production bio de plantes aromatiques est bernois

Lorsqu’on arrive au domaine agricole de Daniela et Lukas Studer, à Attiswil (BE), on est frappé par la beauté des lieux. Les champs, qui épousent les vallonnements, présentent une belle mosaïque de couleurs. Le violet des lavandes contraste avec le vert tendre du fenouil et l’orange vif des soucis. Des senteurs diverses parfument l’air. Ici sont cultivées des plantes aromatiques selon les normes de Bio Bourgeon. «Mon père a été un précurseur, raconte Lukas Studer. À la fin des années 1970, il a fait partie des trois premiers agriculteurs suisses à se lancer dans cette production.»
Idéalement située sur les contreforts du Jura, en exposition plein sud et à un endroit bien ventilé, l’exploitation se prête en effet particulièrement bien à ce type de culture. Mais les débuts, où seules quelques plantes étaient commercialisées pour Ricola, sont déjà bien loin. Sous l’impulsion de Lukas, le domaine est devenu l’un des plus grands producteurs de plantes aromatiques de Suisse. Une trentaine d’espèces différentes y sont produites. Si la majorité de la récolte est destinée à confectionner des tisanes, on retrouve les plantes cultivées par les Studer également dans des sirops, des bonbons et des mélanges de sel aux herbes. «Pour rester compétitifs, nous devons toujours avoir un pas d’avance en proposant des produits exclusifs et innovants, explique le Bernois. Si Ricola et Swiss Alpine Herbs font partie de nos clients principaux, nous développons continuellement de nouveaux marchés.» Les producteurs bernois ont ainsi été les premiers à commercialiser en Suisse de la coriandre et des graines de fenouil, notamment.

Travail manuel considérable
Ce qu’on constate d’entrée le visiteur, c’est le nombre de personnes travaillant dans les champs. «Même si nous cherchons à mécaniser au maximum la production, une partie du travail doit se faire manuellement. Un sarclage régulier entre les plants est indispensable, afin de lutter contre la mauvaise herbe.» De mars à octobre, pas moins d’une douzaine d’employés, originaires majoritairement de Roumanie, s’activent pour répondre aux besoins de l’exploitation. Pour limiter le travail manuel, Lukas Studer fait cependant preuve de beaucoup de créativité: «Je ne trouve dans le commerce aucune machine spécifiquement développée pour les herbes aromatiques. Je transforme et adapte donc ce qui est disponible.» Si les techniques de culture sont plus ou moins identiques, la récolte varie considérablement d’une plante à l’autre. Ainsi, thym, graines de fenouil ou fleurs de souci ne peuvent être ramassés avec une seule et même machine. S’ils cultivent également des annuelles, comme la monarde, les Studer privilégient cependant les plantes vivaces, par exemple la menthe. Ces dernières restent en place en moyenne quatre ans et sont récoltées deux à quatre fois dans la saison.

Leur propre marque de tisane
La plus grande fierté du couple Studer est certainement d’avoir développé leur propre marque, SwissTea, qui a été la première tisane certifiée Bio Bourgeon de Suisse. Celle-ci, vendue dans les commerces spécialisés, comprend six spécialités différentes, qui portent toutes le nom d’un sommet suisse. En forte croissance, elle est désormais également disponible chez Coop. «La commercialisation de nos tisanes nous permet d’entrer directement en contact avec la clientèle, explique Daniela. Nous avons des retours émouvants de gens qui nous racontent les bienfaits de nos préparations sur leur santé.» Le succès des Bernois tient certainement à leur perfectionnisme. La qualité est en effet au centre de leurs préoccupations. Choix des variétés de plantes, jour de récolte, durée et température de séchage, conditionnement: toutes les étapes de la production sont minutieusement étudiées et optimalisées, afin d’avoir au final un produit de très grande valeur. «Comme il n’existe pas de formation spécifique, j’ai été obligé de faire mes propres expériences, souligne Lukas Studer. Parfois cela a fonctionné, d’autres fois non. Je n’ai pas non plus hésité à aller voir ce qui se fait à l’étranger. La culture de plantes aromatiques à grande échelle nécessite des compétences variées!» Malgré le succès de l’entreprise, les Studer aspirent désormais à simplifier l’ensemble des diverses étapes de production. Un ingénieur agronome a été engagé pour les aider dans cette démarche. L’esprit d’entreprise continue de souffler dans les champs de plantes aromatiques d’Attiswil.

Texte(s): Véronique Curchod
Photo(s): Véronique Curchod

Le domaine Studer, c’est:

1834: l’achat des terres par un ancêtre. Aujourd’hui, Lukas fait partie de la septième génération à les exploiter.
22 hectares, dont 16 consacrés aux plantes aromatiques.
Une trentaine de variétés différentes, dont la mauve, le thym, la sauge, la monarde, la coriandre, l’edelweiss, la verveine.
650 à 850 mètres: l’altitude des plantations.
40 tonnes: la production annuelle d’herbes aromatiques.
6 tisanes différentes composent leur propre marque, SwissTea, fondée en 2003.
+ D’infos www.swisstea.ch

Le bonbon qui met à l’honneur les herbes suisses

Qui ne connaît pas les fameux bonbons Ricola? Peu de gens savent en revanche que la marque suisse a contribué à la promotion de la culture biologique des herbes dans notre pays. Si la recette – à base de 13 plantes différentes – a été inventée en 1940, le développement de l’entreprise s’est intensifié dans les années 1980. Ricola a alors commencé à passer des contrats d’achat à long terme avec des cultivateurs de montagne. Désormais, une centaine d’exploitations agricoles indépendantes nichées au cœur du Valais, du Jura, de l’Emmental, du Val Poschiavo et de la Suisse centrale livrent leur production à la marque. Quelque 1400 tonnes d’herbes sont transformées chaque année sur le site de production de Laufon (BL). Pimprenelle, primevère, sureau, véronique, alchémille, plantain entrent notamment dans la composition des spécialités aux herbes Ricola.