Chaque mois, nous partons à la découverte de logements exemplaires sur le plan énergétique. À Ferlens (VD), le toit de l’école est fait de tuiles en terre cuite et d’autres photovoltaïques.

Au centre du village de Ferlens (VD), l’emblématique collège a retrouvé sa splendeur d’antan, bien que l’édifice érigé en 1823 n’accueille plus les écoliers aujourd’hui. En effet, il a été transformé en local commercial au rez, servant d’atelier pour des cours de poterie. L’étage, quant à lui, a été divisé en deux appartements et ses combles ont été aménagés en salle communale.
Ce bâtiment emblématique, cher au cœur des habitants, l’est également à celui du Service du patrimoine vaudois. Ce dernier a ainsi classé l’une des façades, ornée de la date de construction et de l’horloge toujours en fonction; une décision qui implique de fait sa préservation. Alors, quand la commune de Jorat-Mézières, à laquelle la localité de Ferlens appartient, a souhaité rénover les lieux, il a fallu prendre des mesures de manière à ne pas dénaturer ce vestige de l’histoire locale.
Illusion parfaite
«Pour améliorer l’efficience énergétique de cette bâtisse du XIXe siècle, on a changé les fenêtres et isolé la toiture et les pignons depuis l’intérieur, afin de conserver l’âme de l’école. Le faire sur les murs en molasse n’aurait pas eu de sens. Le vrai changement se trouve sur le toit. On a choisi d’y poser des tuiles solaires à la place de panneaux classiques», explique Patrick Emery, syndic de Jorat-Mézières. «La toiture était le point faible du collège, confirme Florent Lançon du bureau FL Partenaires, spécialiste en conseils pour les maîtres d’ouvrage. Cette solution a permis de conserver l’esthétique de l’ensemble.»
Depuis le sol, difficile de remarquer une différence entre les deux pans, tant l’illusion est parfaite. «Les tuiles vaudoises sont petites et rondes alors que les cellules photovoltaïques sont rectangulaires. Pour donner un résultat conforme aux besoins de ces bâtiments historiques, on a choisi de les faire pivoter de 45 degrés. Leur forme se modifie ainsi en pointe, ce qui donne un bel effet quand les tuiles se chevauchent», détaille Benoit Emery de Freesuns, la société qui a conçu ces éléments.
Énergie injectée dans le réseau
L’entreprise a longuement planché sur la couleur des pièces afin que la toiture finale ressemble un maximum à la petite tuile vaudoise, typique de la région. Les nuances de l’argile, plus ou moins foncées, ont même été reproduites. «Si elles sont trop colorées, elles renverraient les rayons du soleil, ce qui nuit à la production d’énergie, poursuit Benoit Emery. Celles choisies fournissent l’équivalent de 100 watts par mètre carré.»
Le faîte a été légèrement rehaussé afin que les panneaux puissent être correctement ventilés. Le charpentier chargé de les poser en deux rangées de dix unités a apporté un soin particulier de manière à ce que les teintes se panachent le plus naturellement possible. «L’intégration d’une installation solaire grâce à ce système est incomparable par rapport aux autres solutions, se réjouit Patrick Emery. Toutefois, elles ont un coût, c’est pourquoi on n’en a mis que sur le pan le mieux exposé.» Leur poids équivaut à celui des tuiles vaudoises traditionnelles, à savoir 45 kilos au mètre carré. Leur production peut être suivie en direct grâce à une application mobile.
Dans le collège, l’électricité générée est en partie autoconsommée. Les locataires étant peu présents lorsque la production atteint son maximum, l’essentiel de l’énergie est réinjecté dans le réseau. Deux onduleurs ont été installés dans les locaux communs au rez, dont un qui pourra charger une batterie à l’avenir, dans le but de tirer le meilleur parti possible des rayons du soleil.
+ d’infos freesuns.com
En chiffres
- 73 centimètres de largeur, la taille de chaque tuile solaire.
- 59 rangées de 25 tuiles ont été installées sur un pan du toit.
- 6 mois, la durée des travaux qui ont commencé en juillet 2022.
- 810’000 francs ont été nécessaires à la rénovation du collège.
- Plus de 18’000 kWh par an, la production d’électricité estimée pour cette installation.
Porteurs de projet
Le bureau FL Partenaires, basé à Lausanne et Carouge (GE), a suivi ce projet, en identifiant au préalable les besoins de la Commune afin de rendre ce bâtiment plus efficient, dans le respect des budgets accordés. Ses codirecteurs, Florent Lançon et Frédéric Guillot gèrent une équipe de quatorze collaborateurs, assurant le suivi des chantiers et l’assistance des maîtres d’ouvrage.
+ d’infos www.flpartenaires.ch