Reportage
Le bikejöring, de la sueur et du fun avec son chien

Équilibre, technique et endurance comptent parmi les ingrédients nécessaires pour briller dans ce sport canin en plein essor. Mais tout cycliste amateur peut s’initier à la discipline, moyennant un chien bien éduqué.

Le bikejöring, de la sueur et du fun avec son chien

Euphoriques, Diabolo et Spike n’attendaient plus que ce moment. Une fois leur harnais enfilé, les deux chiens s’élancent joyeusement dans la plaine qui borde Delémont (JU), tractant leur maître respectif juché sur son vélo. Concentrés, ceux-ci participent à l’effort en pédalant intensément. Une longe élastique permet d’absorber les chocs. Ce jour-là, Thierry Charmillot et Séverine Boillat entraînent leurs chiens en vue de la prochaine manche du Championnat suisse de bikejöring. Sportifs accomplis, ils ont chacun un solide palmarès à leur actif, avec de multiples titres de champions suisses et des classements aux championnats d’Europe et du monde.

À plus de 45 km/h
En cet après-midi printanier, les séries d’accélérations sont au programme, afin de travailler plus spécifiquement la vitesse des deux athlètes canins. Sur quelques centaines de mètres, les chiens foncent à vive allure, reprennent ensuite leur souffle pendant quelques minutes, puis répètent l’exercice. Les compétitions, qui se déroulent sur un parcours de quatre kilomètres en moyenne, récompensent en effet les couples les plus rapides. Tractés avec des pointes à plus de 45 km/h, Thierry et Séverine n’ont pas froid aux yeux! Mais, quel que soit le niveau du tandem, en bikejöring, l’animal doit courir en avant du cycliste, imprimant le rythme, sous peine de pénalité en course. «Le respect du chien doit toujours prendre le dessus sur nos ambitions sportives, souligne Séverine Boillat, de Châtillon (JU). Il est strictement interdit de le tirer.»

Physique et technique
Les dépassements sont ensuite travaillés plus spécifiquement, afin d’apprendre aux deux athlètes à quatre pattes à rester indifférents aux autres canidés qu’ils pourraient croiser. «Selon les séances, nous mettons l’accent plutôt sur l’amélioration de l’endurance, la vitesse ou la résistance, en fonction des courses en vue», explique Thierry Charmillot, de Moutier (BE). Les chiens ne sont cependant pas les seuls athlètes à fournir un effort. Pour suivre le rythme de l’animal, surtout dans les montées, le cycliste doit être particulièrement affûté physiquement, d’autant plus s’il veut figurer parmi les meilleurs à l’arrivée. Les deux spécialistes maîtrisent avec aisance les changements de direction dans un terrain inégal. Le cycliste n’a en effet pas le droit à l’erreur: vu les vitesses atteintes, tout manque de fluidité dans la trajectoire assure une chute mémorable. «Le bikejöring nécessite de la technique, un bon sens de l’équilibre et de la coordination, note la sportive. Lorsqu’on roule sur un chemin de terre rendu glissant par la pluie, qui slalome entre les arbres, il faut savoir tenir son guidon! Tout au long du parcours, je reste donc concentrée, anticipant les courbes ou les accélérations.»

La voix comme seul contrôle
Un grand travail de préparation est toutefois nécessaire avant de se lancer sans risque sur les chemins comme ces deux athlètes. Seule la voix permet en effet au cycliste de communiquer avec son chien. Ce dernier doit donc réagir instantanément aux ordres de direction et de modification de rythme donnés par son maître. Il faut en outre qu’il soit parfaitement éduqué, afin de ne pas courser un écureuil ou tout autre animal qui croiserait son chemin. «La beauté de notre sport tient sans doute dans la complicité qui se développe avec son chien au fil des sorties, s’enthousiasme Thierry Charmillot. La confiance en lui doit être totale, lorsqu’on roule à grande vitesse sur un sentier tortueux. Ressentir la puissance de son compagnon qui court avec gaieté devant soi est indescriptible.»
La discipline a énormément évolué ces dernières années, la victoire se jouant désormais à la seconde, voire au centième. Chaque détail compte donc, afin de gagner un temps précieux ici ou là. Choix du vélo, précision dans les changements de direction, capacités physiques du maître et du chien: rien n’est laissé au hasard. «Malgré l’envie de réaliser les meilleures performances possible, le plaisir de partager cette activité avec son chien reste le plus important à mes yeux», souligne Séverine Boillat.

Texte(s): Véronique Curchod
Photo(s): Nicolas de Neve

Toutes les races sont admises

Les amateurs qui veulent partager une nouvelle aventure avec leur chien peuvent découvrir la discipline quelle que soit la race de celui-ci. En toute logique, on évitera cependant d’atteler un animal de trop petite taille, comme le chihuahua ou le yorkshire, à son vélo. Les compétiteurs avertis sélectionnent des chiens qui allient une grande force de traction à la vitesse.
Le greytser, issu d’un croisement entre le braque allemand et le lévrier greyhound, ainsi que l’european sled dog, appelé également hound, sont les deux races les plus performantes à haut niveau. Elles se distinguent en effet par leurs capacités sportives exceptionnelles. À noter que les chiens doivent être âgés de 18 mois minimum pour participer à une compétition.

À pied, À vélo ou À trottinette

Outre le bikejöring, il existe deux autres disciplines similaires: le canicross et le canitrottinette. Tout tandem commence en général la compétition par le canicross: le propriétaire court alors derrière son chien, auquel il est relié par une longe. Cette activité est moins exigeante techniquement et permet d’habituer progressivement le canidé aux ordres de direction. Dans les trois cas, les concurrents s’élancent séparément les uns après les autres, pour éviter que les chiens ne s’excitent mutuellement. En Suisse, deux fédérations gèrent les compétitions sportives, qui réunissent plusieurs centaines d’adeptes.
+ D’infos www.canicross.ch et www.swiss-canicross.ch