Coup de pouce
L’apiculteur élève et sélectionne ses butineuses

Deux fois par mois, nous partons à la découverte d’une exploitation agricole ou viticole de Suisse romande proposant ses produits en vente directe et présente sur notre plateforme de bonnes adresses.

L’apiculteur élève et sélectionne ses butineuses

Quand il était petit, son grand-père avait déjà des abeilles. À la belle saison, l’odeur du miel parfumait le jardin. «J’en ai de magnifiques souvenirs. J’admirais la manière donc il apprivoisait ces insectes, que je connaissais plutôt pour leurs piqûres», se rappelle Alexandre Gumy. Au décès de son aïeul, ce natif de Belfaux (FR) s’attelle à prendre soin du rucher familial, accompagné de sa mère. «On peut dire que j’ai véritablement attrapé le virus de l’apiculture à l’âge de 24 ans, sourit-il. Cela ne m’a plus quitté!»

Malgré son attachement pour ses petites protégées, il exerce d’abord le métier de géomètre, puis de topographe pour la Confédération durant onze ans, avant de devenir collaborateur au service de l’environnement du canton de Fribourg, section lacs et cours d’eau. «En parallèle, j’avais de plus de en plus de ruches. Au bout d’un moment, j’ai commencé à manquer de temps. Il a fallu faire un choix.» Depuis cinq ans, le quadragénaire se dédie uniquement à son activité apicole. «J’ai appris sur le tas, mais aussi grâce aux notes de mon grand-père, qu’il écrivait dans son cahier d’observations. Ce sont de précieuses informations.»

 

Fleurs, forêt et montagne

Aujourd’hui, le Fribourgeois possède 300 colonies situées dans neuf emplacements à différentes altitudes. Chaque année, deux ou trois récoltes lui permettent de produire du miel de fleurs, de forêt et de montagne. «Les abeilles butinent le pissenlit, le colza et les arbres fruitiers jusqu’à la fin du mois de mai. Puis, dès le mois de juin, c’est au tour des fleurs de tilleuls, acacias, mûriers et framboisiers. Enfin, elles récoltent le miellat  – un liquide produit par les pucerons – sur les aiguilles des sapins durant l’été.»

Malheureusement, 2021 a été la pire saison que l’apiculteur ait connue. «J’ai produit environ 90% moins de miel que les années précédentes. Comme le mois de mai était froid, les abeilles sont peu sorties. De plus, la grêle a abîmé les champs et la pluie a lavé les pucerons présents sur les arbres», regrette l’artisan. Seules une dizaine de ruches installées au bord du lac de Neuchâtel ont donné environ 200 kilos de nectar sucré. Une récolte qu’Alexandre Gumy a déjà mise en pot et livrée.

 

Été comme hiver

Labellisé Terroir Fribourg, le miel de Chenaleyres est disponible dans des boulangeries, boucheries et pharmacies de la région, ainsi qu’en vente directe. «Il y a une forte demande, surtout à l’automne!» En plus de cette activité, ce père de deux enfants se passionne pour l’élevage de reines et officie en tant que responsable cantonal des moniteurs-éleveurs (voir ci-dessous). Il commercialise également des petites colonies via le site www.nuclei.ch. Si l’été est la période la plus intense, la saison froide sera loin d’être tout repos. «Je vais fabriquer de nouveaux cadres et nettoyer les ruchettes de fécondation, détaille-t-il. Il faudra être sur les starting-blocks pour la prochaine saison, dès le mois de février.»

+ d’infos Route de Chésopelloz 25, 1782 Belfaux. www.rucher.ch

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Texte(s): Lila Erard
Photo(s): Jean-Paul Guinnard

Multiplication des reines en altitude

Moniteur-éleveur au sein de la Société romande d’apiculture depuis 2008, Alexandre Gumy gère la station de fécondation du Petit-Mont, située à 1400 mètres d’altitude, au-dessus de Charmey (FR). Le but: multiplier les meilleures reines et garantir la pureté de la race Carnica, particulièrement adaptée au climat de la région, résistantes aux maladies, non agressives et au bon rendement de miel. Durant tout l’été, les apiculteurs peuvent y amener leurs ruchettes contenant une reine vierge âgée de quelques jours, qui seront installées non loin des ruches de mâles Carnica. Lors des vols d’accouplement, les reines seront ainsi fécondées et leur descendance pourra être commercialisée. «Il est très gratifiant de pouvoir sélectionner une lignée. Nous faisons aussi des simulations de fécondation sur ordinateur, afin de s’assurer qu’il n’y ait pas de consanguinité. C’est un monde fascinant!»